mercredi 15 mai 2024

Toute la pluie tombe sur moi...


Alors on était plutôt content, voire un peu fiers, d’être presque passé entre les gouttes… mais là c’est une autre histoire ou plutôt une autre saison. Et comme on ne fait pas les choses à moitié c’est cette année que le Kenya connait une saison des pluies exceptionnelle, une qui par malheur a déjà fait presque 300 morts dans des inondations, des glissements de terrain, des barrages emportés par les crues et des véhicules balayés par le courant d’une rivière qui déborde. La côte a même été placée en état d’alerte cyclonique pendant 3 jours. Heureusement le Cyclone Hidaya s’est désagrégé après avoir frappé les côtes tanzaniennes sans trop faire de dégâts. Enfin quand les habitations en bord de côte sont faites de terres, de bâches plastiques et de tôle ondulée, il est difficile de résister à un cyclone même largement affaibli. Il y a un mois, nous avons quitté l’Océan Indien direction le Mont Kenya (5199m d’altitude, c’est haut mais on n’avait pas l’intention d’y grimper) et son parc national mais comme d’habitude entre ce que l’on imagine et la réalité, il peut y avoir un décalage. Dans le cas présent le lion après avoir testé les garages pour la Citrouille a décidé de faire un test comparatif des dentistes autour du monde : Namibie, Malawi et maintenant Kenya. Bref retour à Nairobi avec 2 cabinets dentaires recommandés, tenus par des dubaïtotes. Je doute que l’ensemble de la population ait accès à ces cabinets mais ce que l‘on peut dire c’est qu’ils sont au top de la techno et que le service est bien présent. Rendez-vous dans la journée, évaluation des soins à effectuer, écoute du client et planning clairement présenté. Bref on en sera pour 3 rendez-vous étalés sur une semaine. Entre temps on reste dans un camping dans la banlieue « chic » de Nairobi. Chic sans doute mais inondable quand même. L’occasion de rencontrer Luke un overlandiste américain en moto qui est en train d’organiser son passage en Ethiopie. L’occasion aussi d’essuyer les premières « heavy rains » qui vont emporter une partie de la banlieue nord de la ville, transformer les routes en rivières et notre camping en piscine. Chaque fois que tu descends l’escalier tu mets les tongs parce que de toutes les manières même pour jeter la poubelle tu patauges. Notre ligne de mire reste le Parc Naturel du Mont Kenya mais le destin en a décidé autrement. 
Un bon jour pour quitter la mer...

Ferry pour rejoindre Monbasa...même les kenyans ont sorti le parapluie

Non ce n'est pas la neige mais une mer de liserons qui recouvre tout

Un arbre à papayes

Quand on vous dit que la route Monbasa Nairobi est une route à camions...

Meme pas il a remarqué que je prenais la photo...

Et là cela ne faisait pas une heure qu'il pleuvait...


entre 2 orages... on repare le  parechoc de la Citrouille : avant /après



  
Le jour du départ on apprend que la route que l’on doit emprunter est inondée, et 
que c’est tellement les embouteillages et la panique que la police intervient sur place à grand coup de gaz lacrymogène. Pour le coup on aime bien là où ça bouge mais à condition que ce soit dans la bonne humeur ce qui ne semble pas le cas. Rebelotage de l’itinéraire et sur les conseils d’un contact qui vit à Nairobi on part faire un tour du côté du Lac Naivasha à 40km de Nairobi. A priori ce lac présente un environnement magnifique mais il est surpeuplé à la belle saison. Compte tenu de la météo on ne devrait pas être gêné pour trouver de la place. Par contre, le premier spot que l’on envisageait est totalement inondé. Un superbe torrent d’eau et de boue a remplacé le chemin d’accès au camping du bord du lac. Pas de bol…on continue la route et la 2ème option est la bonne le camping Fisherman’s camp est parfait, un peu humide certes mais parfait. De grands arbres, des douches et de l’électricité car les panneaux solaires quand il pleut H24 ça ne recharge pas beaucoup les batteries, et en prime plein d’hippopotames qui barbotent gentiment. Le soleil nous fera l’honneur de sa présence au moins quelques heures tous les jours (ou presque), de quoi partir en balade en bateau, prendre l’air et se balader un peu pour observer les oiseaux : martin pécheurs, ibis, cormorans, ouettes d’Egypte et j’en passe. On observe aussi des kilomètres carrés de serres. Renseignements pris il s’agit d’horticulture et principalement de roses. La prochaine fois que vous achèterez des roses en Europe vous saurez qu’il y a de fortes chances qu’elles proviennent du Lac Naivasha au Kenya. Bref après la ville ce retour au calme même sous la pluie nous convient. 


Beau lac mais pas possible de se baigner, que de la mangove.


Quand tu prends l'hélice dans un filet de pêche..


Un gros hippo à la tombée du jour broutait dans le camping.






Au 1er plan le filet et derrière les pécheurs qui rabattent le poisson

Salut les copines !

Zèbre de bord de  route...tout poussiéreux

Je crois qu'il y a du monde pour la balade dominicale

Sympa le babouin non?


L’étape suivante sera Nahururu et les cascades de Thomson. La balade pour descendre en bas de la chute d’eau est mémorable : quelques centaines de marches d’escalier tantôt bétonnées tantôt taillées dans la roche. Et quand, sur le retour, tu en vois la fin, rouge comme un gratte cul et en train de cracher tes poumons tu croises 2 jeunes locaux en train de faire leur 3ème aller-retour au petit trot. Je les hais ! Bon pour tout dire, on n’était pas parti pour y rester 10 jours mais comme la météo est à nouveau diluvienne inutile de se presser pour rejoindre le nord qui est parait-il est inondé à son tour…même le désert de Chalby est une immense flaque d’eau. C’est l’occasion pour moi de me lancer dans l’apprentissage du kiswahili. Je ne désespère pas de comprendre un peu et surtout d’arriver à me faire comprendre pour les choses basiques comme : Nina taka kula sasa kufu na wewe. Ce qui donne en français : je veux manger dans le coin avec toi maintenant. Côté grammaire c'est pas très compliqué mais question vocabulaire et sonorité je suis encore loin du compte. Sinon on s’occupe en allant faire le marché (rien de tel pour trouver fruits et légumes frais et pas chers : 7 cents l’avocat), en bouquinant, en jouant, en bricolant et surtout on réfléchit à nos options en attendant le retour de la saison sèche : louer un airbnb ou… mais oui mais c’est bien sûr faire un workaway comme nous avions fait en Finlande mais en moins long bien sûr. C’est l’occasion de se poser, de découvrir la vie locale et de rencontrer des kényans. 

Notre ami le caméléon




Encore pas trop boueux le marché...


Un spécialité locale très répandue : l'hotel boucherie ou l'inverse...

le vendeur de chapati (une sorte de naan), bref un crépier

Quand je dis que c'est inondé

Xtian a le don de se faire des copains, il ne voulait plus le lacher

Encore un peu d'eau ?

Quand il n'y a rien à faire... le Lion fait la pizza !

Encoe le marché

On n'était pas encore morts de fatigue

On va rapidement trouver une ferme prête à nous accueillir avec la Citrouille. Objectif : planter des arbres. Alors voilà on est maintenant à Naro Moru chez Eric et sa maman Becky. Ils ont acheté ce terrain et commencé les travaux en 2018. Il y a environ 4ha de champs sur lesquels ont été construits 3 « maisons » et un grand abri sous lequel Eric a installé un bar, un bbq, un emplacement pour feu de camp, des toilettes et même une douche. Sur le terrain ils cultivent du foin qu’ils rasent et revendent pour le bétail et Becky a mis en place un grand potager en permaculture. C’est-à-dire un espace « bio » ou tu oublies l’idée de rangées bien ordonnées de légumes identifiables. Ici tout se côtoie dans un joyeux bordel. Les haricots font copain-copain avec les oignons, les citrouilles sympathisent avec les poivrons et les concombres font rougir les tomates cerises. Quand aux pois ils se répandent aux côté des feuilles de chou kalé. Bref l’idée derrière ces carrés c’est qu’il y a des plantes compagnes qui cohabitent à merveille car elles ne consomment pas la même chose dans le sol. Tout ça se développe et murit gentillement sans un gramme de pesticide, seul le purin d’ortie et la décoction de mauvaises herbes ( pas n’importe lesquelles mais là j’atteins les limites de ma compréhension) ont droit de cité. Quand à nous on campe dans la citrouille mais avec accès à l’électricité, à l’eau, à la salle de bain et aux toilettes. En échange on travaille 4 à 5 heures par jours. On a commencé par planter plus de 250 arbrisseaux pour faire des haies, puis, comme la pluie est bien tombée samedi nous n’avons pas eu à les arroser mais du coup cette semaine c’est la semaine « mulshing » qui signifie « paillage » en anglais dans le texte (je reconnais que ça ne va pas être facile de le replacer dans la conversation). Chez nous on paille les arbres pour les protéger du gel à l’automne, ici on paille le pieds des arbres à la fin de la saison des pluies (bonne nouvelle) pour limiter l’évaporation de l’eau en prévision de la saison sèche et chaude. Pas d’horaire imposé ni de supervision, David qui s’occupe des champs et jardins nous indique que faire et nous prépare le terrain. Lui, travaille tous les jours au son de la musique de son téléphone. Il a une force de titan et une énergie débordante. On commence notre journée vers 9h30 et on s’arrête vers 16h fourbus et ankylosés. Planter ou pailler chaque micro arbres à 4 pattes dans la boue sous le soleil nous épuise mais finalement nous fait du bien. On redécouvre des muscles insoupçonnés, on a des crampes partout et le soir on tombe comme des mouches. On prend quand même le temps de boire un verre, manger et faire notre pain pour qu’il lève toute la nuit. Parce que au bout de 10 mois de pain de mie on a craqué, on fait notre pain tous les 3 jours environ. Quand à notre hôte Eric, il est très sympa même si on le voit pas des masses. Il travaille dans les IT depuis sa maison et même si c’est lui le proprio visiblement c’est pas du tout un pro du jardinage. Il sait ce qu’il veut et David et Becky sont à la technique. Vendredi dernier était un jour férié au Kenya le « Tree planting Day » (le jour pour planter les arbres) Eric avait organisé une soirée bbq et curry avec ses amis… une très chouette soirée où Xtian a pu regarder de près la préparation d’un curry de poulet (j’attends de tester le retour d’expérience) où l’on a enchainé les verres jusque vers 4 h du mat. Heureusement que c’était grasse mat le lendemain. On a prévu de rester par là encore une semaine ou deux. Le temps de laisser le soleil s’imposer et le temps aussi de recevoir notre nouveau carnet de passage en douane. Document sésame indispensable pour passer les frontières que nous devions renouveler au bout d’un an qui nous est envoyé de l’Automobile Club de France par DHL à Nanyuki, la ville la plus proche de la Kijani Kibichi Farm où nous sommes basés. Voilà vous savez tout, même s’il ne se passe rien d’extraordinaire. C’est aussi ça vivre autour du monde, un quotidien paisible bien qu’un peu mouillé en ce moment où tout se concentre sur la vie locale au quotidien et l’apprentissage de la sylviculture. 

1ere brouette d'arbrisseaux


Fin de journée ca commence à tirer... on s'assoit

C'est parti pour le curry !


La ferme est à 8 km de l'Equateur et on le traverse pour faire les courses !

Tentative de pêche du tilapia dans le bassin de la ferme

Lucy, un des chats de la ferme dans le camion

Lucy nous a adopté, elle vit et dort avec nous...

A bientôt pour la suite, et le départ vers le nord… Bisous à tous !