vendredi 18 septembre 2020

L’Allemagne du Nord au Süd ! et retour...



Pour ne rien vous cacher si l’on m’avait dit un jour que je passerai du temps à vadrouiller en Allemagne, il y a de forte chance que j’aurais ri. Mais c’est peut-être ça la différence entre voyager pour ses vacances et vivre autour du monde, tout pays a finalement un intérêt et tout mérite d’être expérimenté. Nous avions imaginé la Côte Baltique comme relativement sauvage avec des réserves naturelles et des parcs nationaux…pas faux mais pas que ! Nous avons certes trouvé des coins reculés au milieu des polders pour observer les oies sauvages qui se rassemblent pour préparer leur grand départ vers le Sud à la mi-septembre. Ce sont des milliers d’oiseaux qui se regroupent sur les étangs et les méandres de la mer à l’intérieur des terres. D’abord les « anciens » qui sont rejoints début septembre par les couples avec leurs jeunes. Des formations de plusieurs centaines d’oiseaux prennent leur envol dans un vacarme impressionnant suivant tous la même route invisible. On a l’impression qu’ils apprennent à voler ensemble, à se coordonner. Une dernière mise au point avant la migration ! Mais la côte baltique c’est aussi les touristes ! Et oui en ces temps de COVID, les allemands sont restés à l’intérieur de leurs frontières et de même que les français ont envahis les bords de mer (il parait qu’Etretat était en surpopulation) du nord au sud, les allemands se sont précipités sur la Oostsee et la Mer du Nord. A tel point qu’à certain endroit il fallait prouver d’un hébergement ou d’une location pour y accéder. Ceci, notamment, afin de limiter le trafic des habitants de Hambourg. 


En route pour Rügen



Arrivés sur l’île de Rügen, nous sommes pris dans les embouteillages version route de St Tropez un samedi de juillet en fin de journée. Un vrai bonheur… les routes sont étroites et bordées d’arbres. En temps normal cela doit être fort agréable mais quand il faut se serrer en permanence pour se croiser ça devient vite fatigant. Nous avions prévu de faire un stop à Binz, dans ce qui est censé être un charmant petit port de pêche : Oublie, le port de pêche. Un trafic monstre, des gens partout et pas la moindre place de parking en vue. Tant pis on continue et on croise les doigts pour trouver un coin paisible pour la nuit. Bon finalement on y arrive, sur un grand parking sablonneux juste derrière la plage et les dunes de Prora. Et comme il y a parfois des hasards heureux nous découvrons les ruines de Prora. Prora était un projet délirant d’Hitler qui avait décidé de construire là une immense cité balnéaire de 20 000 logements pour que toutes les bonnes familles aryennes puissent passer des vacances à la mer. Ce devait être une immense barre d’immeuble de 5km de long, chaque logement étant constitué d’une chambre de 2,5mx5m avec vue sur la mer, 2 placards et un lavabo. Les salles de bain et toilettes sont communes ainsi que les « réfectoires » pouvant accueillir 10 000 résidents. L’ensemble devait être complété par 2 piscines prévues pour 5000 personnes chaque. On retrouve la toute la mégalomanie du personnage mais la 2nde guerre mondiale a mis fin à ce projet dont seule la première tranche a été inaugurée. Le Führer lui-même n’y a jamais mis les pieds. Avec le temps les bâtiments opérationnels ont été utilisés par le Régime Communiste en tant que lieu de vacances mais rien n’a évolué. Résultat aujourd’hui, ce sont des kilomètres de bâtiments en ruine entourés de grillages pour éviter les accidents. Il a longtemps été en projet de transformer Prora en appartements de luxe mais les habitants de l’île s’y sont opposé et tentent toujours d’en faire un lieu de mémoire. A ce jour une partie a été transformé en une immense auberge de jeunesse de plus de 400 chambres, avec les « cantines » afférentes. Impressionnant et cela nous rappelle sans détour que nous sommes ici sur ce qui fut longtemps l’Allemagne de l’Est. 

Les ruines de Prora

La nouvelle auberge de jeunesse !

Selon ma ligne de conduite faisons contre mauvaise fortune, bon cœur… et malgré le monde on décide de ne pas passer à côté de l’île, en route donc pour le Cap Arkona, le point le plus septentrional de l’île qui fait face à Malmö en Suède. Bon pas de surprise, d’immenses parkings ont été ouverts au village le plus proche et pour accéder au phare c’est soit balade à pied (2,5km) soit petit train… Il y a même un parking spécial camping-car où nous pouvons nous poser alignés tout contre nos amis les camping-caristes. Que du bonheur, on se sent en sécurité… Bon trêve de plaisanterie à 2 balles c’est bien agréable de marcher sur une petite route sans voiture et finalement le flux de touristes s’étire et ne se sent pas trop. Pause au village de pêcheurs de Vitt pour déguster bière et barquette saucisse-frites au soleil face à la mer (on est en Allemagne pays de la wurst et il ne faut pas déroger à la tradition). Les paysages sont superbes et il ne nous reste plus qu’à trouver un coin pour passer la nuit parce que même si l’on a payé de parking à camping-car pour 24h, l’idée de rester là au milieu des beurk-beurk (= camping-cariste) pour dormir… ben ça va pas être possible. Notre sociabilité a ses limites et pour fuir le monde on s’enfonce au milieu des terres loin de la côte (autant que possible sur une île). Après pas mal de tours et détours sur les petits chemins agricoles en espérant ne pas se trouver face à un gros tracteur, on trouvera un bout de champ au milieu des maïs. Personnes à droite, personne à gauche, tout va mieux, ouf ! 








on se sent pas seul...


Prochaine étape Rostock, avec en route un stop que nous avions prévu de faire dans un surf camp réputé pour son ambiance sympa. Alors comment dire… il pleut, le surf camp s’avère être un vulgaire parking coincé entre la dune et la route, il y a certainement un bar avec possiblement une bonne ambiance mais pour le moment il faut savoir nager pour y accéder vu que c’est inondé et sur le parking pas âme qui vive. Demi-tour ! On repart dans le Parc Naturel pour trouver une place pour la nuit. Le bon côté de la pluie c’est qu’on ne s’est pas fait déloger par les flics qui ont sans doute autre chose à faire. 

Faire la queue pour se faire prendre en photo et accessoirement de faire rincer !


A Rostock et Wardemunde nous retrouvons nos congénères mais l’endroit est plutôt sympa et nous découvrons la spécialité culinaire locale : les « brötchen » (sandwich) au hareng ou au filet de poisson frit vendu dans les food-boat (équivalent local du food truck) le long du canal. Par contre la nuit sur le parking de Rostock va se révéler épique. Bien situé, le long du port, à 2 pas du centre-ville et officiellement autorisé, tout s’annonce parfait sauf que c’est aussi le lieu de rassemblement des Régis qui viennent comparer la puissance de leur méga sono et enchainer les drifts au rupteur dans les flaques d’eau. Quand tu n’entends plus rien et que tu crois que c’est fini…erreur ils sont sans doute partis faire le plein pour mieux revenir une demi-heure plus tard. Epuisant ! 



Le food-boat





A partir de là, on attaque la descente vers Stuttgart pour rejoindre des amis allemands avec qui nous avions passé 6 mois en Laponie. Descente par les petites routes bien sûr et nous découvrons que fin Aout c’est la meilleure période en Allemagne pour refaire les routes ou les trottoirs dans les villages. On enchaine les tours, détours et déviations improbables. D’autant qu’ils ne font pas dans le détail, l’accès aux villages en chantier est tout simplement bloqué de part en part et « dérmeden sie sich » pour trouver par où passer. A nous les chemins agricoles, les croisements de tracteurs et les kilomètres à 2 à l’heure au milieu des betteraves. 








Bon, tout ça pour de belles retrouvailles à Strümpfelbach, surtout que 2 petites jumelles de 4,5 mois sont venues égailler leur vie (et leurs nuits surtout). Mais grâce à eux nous découvrons les spécialité culinaires schwabis… d’abord les Maultaschen. Ce sont de grosses ravioles facies à la viande et aux épinards cuites dans un bouillon et servies avec pommes de terre vapeurs en rondelles. En fait ce plat signifie littéralement « sac à bouche » et trouve son origine chez les moines cisterciens qui voulaient cacher la viande consommée durant le carême. On n’arrête pas l’ingéniosité du clergé… Autre découverte le Röstbraten, soit un rôti de bœuf cuit dans une sauce au vin rouge servi couvert d’une fondue d’oignons et accompagné de spätzle au fromage. Léger, léger…Quand tu as mangé ça tu es super content des 20 mn de marche qui te séparent du camion et du petit verre de vodka glacée pour aider à la digestion. Et puis il y a de nombreux vignobles autour du village et c’est l’occasion de découvrir un vieux cépage local, le Lemberger qui donne un vin rouge particulièrement fruité…. 








Strumpfelbach !

Mais au-delà des spécialités culinaires, faire un stop à Stuttgart c’est faire un stop dans la Mecque de l’industrie automobile, une autre spécialité. On enchaine donc visite du musée Mercedes et du musée Porsche. Chez Mercedes la scénarisation des véhicules est à couper le souffle et on est plongé dans une atmosphère unique, chez Porsche la mise en scène est plus classique mais la présence des « vrais » véhicules ayant courus et gagné tant de courses mythiques comme le Dakar ou les 24h du Mans valent vraiment le détour… rien que pour l’émotion. Enfin l’émotion des passionnés de 4 roues + un moteur bien sûr, si votre truc c’est le vélo mieux vaut aller à Saint Etienne pour rêver sur la Manufacture Manufrance. 


Pas mal la dépaneuse, non ?


Le mythe du nomade: 26 ans non stop autour du monde avec un couple allemand

Quand ton principal sponsor est vendeur de charcuterie...




Reprise de la route et petit stop à Ulm, pour découvrir le plus haut clocher d’Eglise du monde ! Si si c’est ce qui se dit mais on n’a pas encore compris s’il s’agissait de toutes églises confondues ou seulement des églises baroques ou encore des églises protestantes. Bref l’Eglise de Ulm elle est champion du monde de son quartier. Mais pas grave car la ville est très agréable et puis on a vu le Danube, et on a mangé des glaces alors… rien non, on ne regrette rien. 




Et oui derrière nous c'est le Danube !




La suite de notre périple nous mène encore plus au sud, à la frontière autrichienne, parce que tant qu’à être dans le coin autant en profiter pour faire du « vrai » tourisme et visiter les châteaux de Louis II de Bavière, du moins 2 d’entre eux : Hohenschwangau et Neuschwanstein. Ce dernier est mondialement connu car il a inspiré Walt Disney pour tous ses comptes de fées dont La Belle au bois dormant. En temps normal il attire plus d’un million de visiteurs par an dont la majorité sont des chinois et japonais, alors on se dit que l’on est chanceux car on trouve que même sans eux c’est déjà blindé. Impossible de trouver une place dans un camping le jour de notre arrivée. Il nous faudra revenir plus tôt le lendemain. Alors je précise le camping c’est 750 places quand même. On est loin du camping familial à la ferme… là on peut aller prendre sa douche en vélo, observer son voisin régler son antenne télé, faire sa lessive avec des jetons… que du rêve non ? En attendant on bivouaquera sur un parking de départ de rando mais ici le bivouac est interdit et les locaux pas super bienveillants donc…on ne se fait pas jeter mais on nous fait remarquer que c’est interdit. Welcome ! Pour ce qui est de la visite des châteaux j’ai été très agréablement surprise quand j’ai acheté les billets en ligne, on était le 4 septembre et j’ai pu avoir des billets pour le 5…mais j’ai mal regardé et les billets sont pour le 5… octobre bon 2020 quand même (si l’un d’entre vous est intéressé faites-moi signe je vous les envoie par mail) ! Et oui même en ces temps COVID, impossible d’avoir un billet à moins d’un mois de délai. Sauf à aller faire la queue au guichet le matin à 8h pour espérer en choper un du contingent du jour, et encore. Heureusement il est toujours possible d’aller les voir de l’extérieur et la balade est belle même si exténuante pour les pieds car ça monte grave (va savoir pourquoi ils sont tous perchés dans des endroits pas possible ces châteaux) et pour les nerfs car après une heure de montée il reste encore une heure de file d’attente pour accéder au Marienbrücke qui permet d’avoir une vue plongeante sur le château. Le tout avec le masque, car les allemands sont extrêmement sensibilisés aux mesures de protection : masque dans tous les magasins, les espaces publics, les musées, les toilettes d’autoroute et à chaque fois on nous a demandé de remplir un formulaire avec nos noms et coordonnées pour nous joindre si un cas était signalé à proximité. Par contre la France commence à être regardé bizarrement, et à l’entrée du Musée Mercedes ils possédaient la liste des départements français classés « rouge ». Je ne sais pas si nous aurions pu entrer si nous avions inscrit une adresse sur Paris ou la région PACA. 




Le chateau de Hohenschwangau

Ca c'est la queue pour avoir la vue sur...

...Le chateau de la Belle au Bois Dormant !



L’automne arrive et la pluie nous a rattrapé pour notre escapade à Garmisch Parten Kirschen. Va savoir pourquoi ce nom mythique nous a attiré… petit détour par le Tyrol autrichien mais avec une météo digne de la Haute Savoie après le 15 Aout, même les montagnes sont invisibles tellement le ciel est bas. Et puis je ne sais pas pourquoi mais une envie de grand air nous a saisi et on a décidé de faire une balade en montagne. Oui je sais, pour ceux qui nous connaissent, ils se demandent ce qui a pu nous traverser la tête. Et bien pour tout dire il y a un téléphérique à côté du camping qui permet de monter en haut du Mont Tegelberg à 1730m et d’avoir une vue panoramique sur la région et les châteaux. Alors on s’est dit que c’est super on monte en téléphérique et on redescend à pied par un chemin repéré : 3h de descente et 900m de dénivelé. C’est là qu’on reconnait les néophytes pour qui descente = facile. La descente commence par des escaliers à brut et le sentier qui suit n’a rien à lui envier en termes de pente. Au bout de 3 heures sur les freins, on n’en peut plus, on est en roue libre et 72h après monter dans le camion nous arrache encore des gémissements de douleurs. Heureusement c’était beau et sous un soleil magnifique on y a pris beaucoup de plaisir. 

Vue d'en haut du Tegelberg, c'est beau !

Sur la fin et en roue libre...



Pour la suite on a un peu tout faux… parce que je ne voulais pas passer à côté du Lac de Constance qui dans ma tête devait ressembler à des tableaux de peintres du XIXeme. En fait ça ressemble plutôt à des photos de Martin Parr, même en cette période c’est noir de monde, la route qui longe le lac n’est qu’un immense embouteillage et imaginer se poser pour un bivouac c’est même pas en rêve. Le comble c’est lorsque nous souhaitions laisser le camion à Meersburg pour prendre le ferry est passer la journée à Constance. Après 3 demi tours pour interdiction de circuler, des embouteillages de malade et des parkings à camping-car surpeuplés et situés à plusieurs kilomètres du ferry on a abandonné. Au secours, le Lac d’Annecy en juillet c’est rien à côté. Courage fuyons ! 



En même temps on fait la pause pour visiter une basilique qui surplombe le lac, ils choisissent toujours de supers endroits les curés pour batir leurs églises. Et là quand tu fais du tourisme avec le Lion t'es jamais à l'abri de rien, comme de se faire remarquer quand il confond le vaporisateur d'eau bénite avec le gel hydroalcoolique et qu'il appuit 3 fois dessus pour se désinfecter les mains, surpris que ça ne sente rien. 




Quand le Lion s'en lave les mains...


Alors le soir c’est bivouac sur un parking de départ de balade avec vue panoramique sur les volcans de Hegau. L’endroit est beau, calme même si pas des plus sauvages… en même temps si on ne vient pas nous déloger c’est tant mieux ! 

Et voilà, fin de notre périple germano-polonais... on rebascule en France avec un peu d'amerture. 2 mois c'est franchement trop court et surtout les quelques news que nous captons ne nous incitent pas à nous réjouir. C'est pas demain que les frontières d'Afrique autrale vont s'ouvrir et il va falloir patienter encore dans une ambiance covidienne pas rejouissante. Heureusement, nous avons encore un stop en Alsace pour passer une chouette soirée avec nos amis Claude, Stephanie et leur enfants. L'occasion pour le lion et moi d'apprendre à jouer au UNO  et de se faire battre à plate couture par Marie. Promis je vais m'entrainer ! 

Un dernière ballade dans les ballons d'Alsace mais là encore le monde est juste affolant, des centaines de motos sillonent les routes sous le soleil et des dizaines de camping car occupent le moindre parking. On va se sauver de là aussi trop c'est trop et pourtant nous ne sommes pas au bout de nos surprises quad nous découvrons que bien plus aus sud et proche de chez nous le Lac du Salagou est encore envahi par les camping car à la mi-septembre. Decidement... il va falloir serieusement réfléchir à la destination de nos prochaines escapades en attendant le grand depart tant attendu.


Pause gourmande à Munster !


On trouve quand même des coins de bivouac tranquille en Alsace

Et avec les copines du matin !

Quand la vue sur le lac n'est pas possible tu changes d'orientation

Le lac du Salagou

Bisous à vous les amis et merci de nous suivre,  on vous tient au courant de nos prochaines destinations, parce que nomade entre les murs c'est pas le top et qu'on a du mal à rester en place !

Ca c'etait après la balade...