mercredi 30 août 2023

 

C'est la route !

Après un séjour à Durban franchement stressant nous avons enfin pu reprendre possession du 3ème membre d’équipage et se mettre en route pour Cape Town. Direction le sud donc, ce qui ici signifie non pas plus de soleil mais plus de fraîcheur. Et oui il faut penser à l’envers, on a la tête en bas (ou presque). Notre plan c’est de suivre la côte de l’Océan Indien et notamment la fameuse Garden Route entre Port Elizabeth et Cape Town. Tout semble simple mais il faut se faire à l’idée que même si la plupart des routes sont en état correct, les distances sont redoutables (1600km en ligne directe de Durban à Cape Town) et les temps de parcours ne se comparent pas avec ce que vous connaissez car la circulation est dense (surtout vu le nombre de piétons sur les routes) et les super poids lourds nombreux. 

Quand je dis que c'est un peu encombré...Lusikisiki

Mais en 1er lieu nous devons reprendre en main la Citrouille après 1 mois de navigation et un mois sur le port. Premier challenge la galerie qui supporte notre pneu de secours et qui se met à faire un bruit de malade sur la 1ère piste un peu chaotique. Pas bon du tout ! Impossible de réparer comme ça d’autant que le Lion a déjà fait plusieurs réparations au cours de nos voyages ( en Bulgarie, en Grèce…) Il faut trouver un atelier qui fait de la soudure. Direction le quartier de mécano de Port Shelton où à force de bouche à oreille et de recommandations nous trouvons un « panel builter », un carrossier en français, qui démonte la galerie, fait la soudure et remonte le tout en 2 heures et 25€. On repart soulagés mais c’est sans compter que …ça ne tient pas et au bout de 5 km on reprend la route du carrossier qui refait le boulot à l’envers puis rajoute une plaque sous l’œil scrutateur du lion et remonte le tout. Ca y est ça marche ! 

Fraser Falls

Notre voisin le bufflon
2eme challenge : la pompe du réservoir d’eau potable ne fonctionne pas…ben oui trop facile, il nous faut donc commencer par acheter des bidons d’eau minérale en attendant de trouver un endroit cool pour se poser et (tenter de) réparer. C’est ce que le Lion fait quand nous sommes posés au bord des Fraser Falls, dans un champ rempli de bufflones qui se demandent un peu ce que l’on fait là. Démontage de la pompe, tests en tout genre, nettoyage de la membrane, des pré filtres… tout semble marcher (bizarre d’où ça vient alors ?), le lion en est réduit à démonter le vase d’expansion. Arggh ! Démonter (mis à part le nombre incroyable de vis) n’est pas un problème, nettoyer non plus mais le remontage relève du défi. Les pas de vis en plastique ont tendance à foirer et ne font plus l’étanchéité. Re-démontage, et re-re-montage en rajoutant une bonne dose de la miraculeuse colle Sika noire. Celle dont nous avons 4 cartouches dans le bac à légumes et qui a une fâcheuse tendance à s’étaler de partout en plus de là où tu la mets : mains, visage, Tee-shirt, tissus, meubles… C’est pas tout mais la pompe refuse toujours de nous remonter l’eau… jusqu’à ce que le Lion sorte du coffre  dans lequel il est plongé depuis 2 heures pour aller voir du coté des filtres à charbons dans la soute. Miracle ça remarche ! En fait pour changer les filtres avant le départ il avait verrouillé le circuit et comme la Citrouille partait sur le bateau… c’était resté verrouillé. Oh qu’il est doux le bruit de la pompe à eau et même qu’après plusieurs vérifications il n’y a plus de fuite au vase d’expansion. Ca c’est fait ! Le lion en profitera pour consolider un autre point d’ancrage de la galerie en prévention de…

L'orage arrive !


Le 3ème challenge c’est le gaz…. On a une bouteille de GPL de 13kg que l’on remplit en France (et plus généralement en Europe avec un bon kit d’adaptateurs) dans n’importe quelle station-service. Ici il y a des stations de remplissage de bouteille de gaz c’est même un business très répandu mais, et oui il y a un MAIS, leurs bouteilles ne ressemblent en aucun cas aux nôtres tant sur le volume que sur le pas de vis pour les remplir. Rien à voir et aucun de nos adaptateurs ne fait l’affaire : pas le même diamètre (nous en mm eux en inches), ni le même sens de filetage (nous right hand eux left hand) ni… enfin bref on a fait plusieurs stations sans pour autant trouver la solution. A chaque fois le Lion démonte la bouteille, la sort de la soute (et autant dire que c’est pas une mince affaire) à chaque fois le gars nous regarde avec un air dubitatif et à chaque fois… on rempart sans rien. Bon il nous reste encore un quart du réservoir et on envisage d’acheter un bouteille CADAC (un standard australien assez répandu en Afrique ) avec un brûleur qui viendra directement se visser dessus. Moyennant un autre tuyau et détendeur on devrait aussi pourvoir la brancher sur le BBQ. C’est là où nous en sommes à East London après avoir visiter 2 stations de remplissage incompatibles. En fait c’est un problème assez courant avec les voyageurs étrangers et la solution est à chaque fois d’acheter un système local. C’est pas mortel mais ca signifie que cuisiner ne se fait plus que sur un gros camping gaz, plus de four… Mais c’est sans compter les bons plans échangés entre « overlandistes » sur l’appli « ioverlander » qui nous donne l’adresse quasi unique en Afrique du sud d’une station à East London où le gars a déjà réussi à dépanner des allemands et un français. Effectivement c’est une petite station privé où le proprio travaille en famille : « 3 générations » dans le même local. Il nous rassure tout de suite en disant qu’il reçoit chaque année la visite de plein de voyageurs étrangers et qu’à chaque fois il y a une solution. Effectivement il prend l’un de nos adaptateurs qui se fixe à notre bouteille lui rajoute un embout, enfile un petit tuyau met un collier et gueule à son père d’ouvrir le robinet. Alleluhia! Notre bouteille de GPL se remplit et il nous laisse même l’embout qu’il a fabriqué pour que ça marche. Ouf ! On est maintenant paré pour presque 8 mois.  On peut commencer à se détendre…

Quand tu en es à mesurer l'adaptateur au pied à coulisse...


un p'tit pakos, rapide, pas cher et super bon

La route qui suit la côte est très vallonnée et il y a des habitants partout. Pas vraiment de villes mis à part quelques bourgades mais des maisons partout sur chaque colline dans chaque vallon. Un habitat diffus avec des gens qui marchent le long de la nationale ou des routes annexes et des minibus taxi (Toyota) qui ne cessent de klaxonner pour racoler le client potentiel. A chaque carrefour des vendeurs de fruits ou de bouteilles de ce qui me semble être du lait. Les sudafs « blancs » sont de grands adeptes du camping et tous vont dans les caravan parc, et il y en a partout. On nous a dit d’être prudents mais franchement il y a des spots au bord de l’eau juste magiques et loin des villes, donc on a décidé de ne pas devenir parano et on profite à fond du camping sauvage. Aux Fraser Falls c’est le proprio des bufflones qui est venu nous voir dans son gros pick up rouge. Un black avec son berger qui nous a dit que l’on serait tranquille là et qui nous a dit de rester aussi longtemps qu’on voulait.

Mesdames, votre salon de beauté à Port St Johns

Le camion magique qui guérit de tout... ou pas

C'est la saison des choux

Maison traditionnelle

Des trous !
Sur la « wild coast » (la Côte Sauvage) c’est un peu plus difficile de se poser car il n’y a que des falaises et peu d’accès, on décide d’aller voir Coffee Bay et son fameux «  Hole in the wall » un trou dans la roche qui fait une arche. La route est un vrai calvaire… une succession ininterrompue de trous et de crevasses sur 20 bornes. Et pour finir le pont qui permet d’arriver à Coffee Bay est effondré, on doit prendre la déviation soit une piste de terre tellement étroite qu’on espère ne rencontrer personne et tellement pentue que le Lion doit mettre les courtes. Les Taxis ne passent pas et attendent le client en haut par contre comme vous vous en doutez le local passe en pickup Isuzu sans ciller. A l’arrivée l’on se demande comment autant de gens habitent dans un coin aussi paumé mais le paysage est juste très beau et encore sauvage. En hiver, l’endroit est assez désert mais en été c’est le repère rasta bohème avec ses backpakers houses, ses coffee shops au couleur du drapeau rasta. Sitôt posé un local arrive pour nous proposer ses services de guide pour aller à l’Arche. Alors le trou est en face de nous, le sentier sous nos yeux et la balade, référencée dans maps.me et mappy.cz, fait au moins 500m. Si c’est comme ça qu’il compte attirer le touriste c’est mal barré. Il repart en maugréant mais dés le lendemain matin il revient avec 2 femmes qui s’assoient devant nos fenêtres et déballent leurs bracelets de perles dans une grands étoffe. J’aime les perles et je suis tombée amoureuse des pièces créées par les zoulous mais là j’ai un peu l’impression de trucs montés à l’arrache pour vendre aux vacanciers. Non je ne veux pas un bracelet avec mon prénom en perles roses. L’idée de refaire la route en sens inverse ne nous réjouit par mais Coffee Bay est un cul de sac donc pas le choix. Heureusement on trouvera un magnifique spot au milieu des prairies pour se poser avant de retrouver la grande route. 

The Hole in the wall



Un super spot pour la nuit !

J'aime les bivouacs
Jusque là toute la Côte que nous avons suivie est peuplée de noirs. Pas très compliqué vue que les blancs représentent seulement 10% de la population et principalement dans la région de Johannesburg et Prétoria. Mais en arrivant à Kidds Bay on découvre qu’il y a des villages/communautés blanches un peu comme des enclaves. Kidds Bay nous a particulièrement séduit, d’abord parce que le spot pour passer la nuit est magnifique, juste au bord de l’eau (enfin avec plein de rocher, des marées et des grosses vagues, donc on oublie la baignade) mais ensuite parce que toutes les jolies maisons sont posées sur des pelouses vert fluo et surtout, surtout sans clôture. Pas de hauts portails, pas de barbelés, pas de murs. Les gens marchent le long de l’eau, promènent leur chien, n’hésitent pas à venir discuter avec nous. Ca change, car il n’est pas rare dès lors que l’on se trouve dans une zone résidentielle de voir fleurir les clôtures électrifiées et les panneaux « attendez que le portail se soit refermé derrière vous avant de partir ». Je comprends qu’il y a un fort taux de criminalité mais ni le Lion ni moi n’avons envie de rester dans un bunker ou un condominium pour blancs. Enfin quand je dis blanc je ne parle pas de ceux qui travaillent dans les restos, ceux qui tondent la pelouse, ceux qui entretiennent les B&B, ceux qui tiennent l’épicerie. Tous ceux-là sont noirs évidemment.



Puis vient Port Alfred et sa super marina ghetto où il faut passer le poste de garde et montrer patte blanche. Nous nous posons dans un camping, car il est temps de faire les plein d’eau et de faire la lessive… C’est un cas de force majeure mais je reconnais que ce camping est très joli avec un étang, plein d’oiseaux et Millie et Lilly 2 boxers qui sont ravis d’accueillir les arrivants en fanfare. Comme souvent, dans les caravan park il y a des résidents à long terme qui sont ravis de venir dire bonjour et poser des questions. Les français ne sont pas nombreux ce qui leur parait d’autant plus exotique. L’un d’entre eux nous recommande d’aller manger un fish & chips sur un bateau à l’embouchure de la rivière. C’est parait-il sympa et il n’y est que le vendredi. En arrivant on se rend compte que c’est une sorte de rencard hebdomadaire des têtes blanches locales (et je peux vous dire que ça ne manque pas). On y arrive en famille ou entre amis, de toute manière tout le monde se connait et s’il n’y a plus de table, qu’a cela ne tienne, on boit un gin tonic ou un verre de vin (voire 2…ou plus) en attendant qu’une table se libère. Pas de menu, pas d’entrée ou de dessert pas de café juste du fish & chips. On passe là un délicieux moment à discuter avec 2 dames (agées) pleines d’humour qui déjeunent à la table à côté. Ici tout le monde parle anglais car c’est la langue officielle au même titre que l’Africaneer. Bizarre quand on sait qu’ils représentent moins de 10% de la population…

Notre petit étang

Le repère des têtes blanches et du Fish&Chips


La plage est belle mais interdit de se baigner à cause des courants

Lamb & Mint pie, à l'anglaise
C’est là que l’on décide finalement de changer nos plans, on va arrêter de suivre la Côte pour se diriger vers la région du Grand Karoo, une région aux paysages semi désertiques connue pour ses élevages de moutons mérinos. Au passage on va, sur les conseils de notre « copain de camping », s’arrêter à la Nanaga Farm Stall déguster leur légendaire « Mint and Lamb Pie » une tourte d’agneau à la menthe tout ce qu’il y a de plus british. En se posant dans ce qui nous paraissait être le milieu de nulle part (fini l’habitat diffus, ici s’il y a une maison tous les 10 km c’est un grand max) on a la visite du propriétaire de lieux, un grand barbu roux très costaud, éleveur de moutons mérinos. On en profite pour discuter avec lui puisqu’on est sur ses terres : 10 000 hectares sur lesquels il élève 8000 moutons mérinos. Les 1ers ont été importés de France par son arrière grand-père. Il faut 3 hectares pour 1 mouton mérinos. Avant il y avait aussi transhumance entre ferme d’hiver et ferme d’été mais à ce jour ce n’est plus nécessaire. Une 20aines de Xhosas (ethnie locale) travaillent sur l’élevage. En fait il était ingénieur chez WW en Allemagne mais finalement il est revenu sur les terres familiales. La laine est exportée en Chine et en Italie alors que la viande part en Arabie Saoudite. Il nous explique aussi pourquoi il y a un tel trafic de camions sur cette route. Ce sont des camions de manganèse qui viennent depuis les mines au nord à presque 1000km ) jusqu’à Port Elisabeth.


Le légendaire arbre à cure dent... attention aux pneus

Encore un super spot pour la nuit


Puis vient enfin notre 1ère réserve africaine le Mountain Zebra National Park. Pas de lions ou éléphants ici mais des zèbres de montagnes (à poils longs), des buffles du Cap et toutes sortes d’antilopes ( Stembocks, Springbock, Gemsbock) entre lesquelles j’ai bien du mal à m’y reconnaitre. On est quasiment seuls et les paysages sont grandioses… une belle entrée en matière avant le Karoo National Park où là nous pourrons traquer ze Lion.



Le fameux zèbre des montagnes

bisous, bisous

Un Vervet monkey

Un Kudu

Un Steenbock

Un hipopo mais il était à Saint Lucia, lui

un animal sauvage...en balade





Anne ma soeur Anne... rien sur 200km
Notre périple vers l’Ouest s’étire dans cette région désolée ou les routes sont bordées de centaines de kilomètres de clôtures derrière lesquels se trouvent le bétail. Nous venons d’arriver à Graaf Reinet une petite ville au look très afrikaneer avec ses maisons blanches et leur préau. C’est le siège du syndicat national des éleveurs de mérinos. Un peu avant nous avons visité une curiosité locale dans un bled encore plus paumé que vous l’imaginez mais qui semble attirer une population fan de New Age en saison. The Owl House : Ici tout est l’œuvre d’une artiste locale : Helen Martins, une institutrice née à la fin du 19eme siècle et qui finit par se suicider en 1976. Elle est sans aucun doute une digne représentante de l’Art Brut et a passé une grande partie de sa vie à transformer sa maison et son jardin en une sorte d’univers visionnaire largement inspiré par la Bible et l’orientalisme de Omar Khayam. Tous les murs ont été recouvert de manière obsessionnelle par du verre coloré pilé qu’elle conservait dans des bocaux, le jardin baptisé « Camel Yard » accueille une sorte de procession de plus 300 sculptures de béton et verre représentant des chouettes, des chameaux, des paons tous tournés vers on ne sait quel Dieux en adoration. Très impressionnant et assez émouvant comme univers.




maison à l'architecture typique de Graaf Reinet


Voilà, voilà demain on fera étape vers le Karoo National Park où nous en profiterons pour observer la seule Full Blue Moon de l’année en Afrique du sud. On ne devrait pas trop subir de pollution de lumières de la ville…

Allez BISOUS et à bientôt à tous (le lion déteint je me mets à faire des grimaces), et que les Franchouillards gagnent les Blacks ... ici on se fait trop chambrer !

dimanche 20 août 2023

Saga Africa...

 


Voilà déjà 1 mois que nous sommes arrivés à Durban et à tous ceux qui nous imaginent dans la savane à la recherche des big 5 le récit de nos aventures va vous décevoir… ou pas. Mais ce qui est sûr c’est que nous on s’en souviendra.

Arrivés le 19 juillet, la Citrouille nous a rejoint le 24. Entre temps nous sommes partis faire un tour à Santa Lucia parce que c’est une zone humide avec des hippopotames, des singes, des phacochères et autres zèbres. Un bon début pour se dépayser et se mettre dans l’ambiance. On n’est pas déçus les singes sont partout et surtout prêts à rentrer dans les chambres pour tout piquer même la salière et la poivrière sur la table du restau. Puis petit tours à Petermarietzburg, la capitale administrative du Kwazulu Natal la région zoulou de l’Afrique du Sud. Que dire… que les centre villes sont très pauvres, laissés à l’abandon par l’Etat et que les petites communautés blanches vivent dans des zones périphériques derrière des clôtures électrifiées et ne sortent que pour se rendre dans des super malls où l’on trouve des restaurants et des magasins et surtout un gardien black assermenté par allée de parking. On était conscient que le taux de criminalité de l’Afrique du Sud est l’un des plus élevé du monde mais là, si on se réfère aux conseils de locaux c’est le flip total. Ne pas se balader à pied des que la nuit tombe (elle tombe à 17h donc c’est tôt), ne pas acheter de fruits et légumes dans la rue, trouver un hôtel dans une zone en périphérie de préférence zone touristique… bref. En même temps les clôtures électrifiés sont assez drôles car nous découvrons ce qu’est la grande spécialité sud-africaine : le load shedding (délestage) ! Et oui comme l’Afrique du sud vend toutes ses ressources, à la Chine entre autre, elle fait face depuis de nombreuses années à des difficultés, elle a donc mis en place des cycles de coupure de courant par région pour des périodes de 2 à 3 heures consécutives. En juillet nous étions au stade 6 (il y en a 8) et on avait donc 2 x 2heures de coupures dans la journée. Durant ces périodes rien ne marche : ni ascenseur, ni cuisine, ni clôture, rien… à moins d’avoir un générateur. Au stade 8 c’est 12 heures de coupures dans la journée. A l’hôtel une affichette nous donne les horaires pour les 24 h à venir. Après faut juste s’organiser.

Le poisson local c'est le Hake...


Espiègle le singe !




Et on ne coupe pas au selfie avec les cuistots
*



Business is business !

Retour le 23 à Durban dans notre petit hôtel de centre-ville où nous sommes sans aucun doute les seuls touristes et les seuls blancs. Mais le personnel est juste top, les chambres très confortables, il y a un bar/resto et un parking, la plage n’est pas loin et si le quartier n’a pas bonne réputation on ne s’y sent pas en danger. Bon en même temps on ne sort pas la nuit à pied non plus.

Durban Promenade...

Eau à 22°, en plein hiver pas mal !


 Le lundi 24, dès potron minet nous voilà en train d’appeler Transnet qui est supposé être l’agent qui nous aide à dédouaner la Citrouille. J’avais déjà tenté de les joindre en fin de semaine quand j’ai eu confirmation que la Citrouille était au port. Re-tentative, pour finalement avoir la personne en ligne qui me dit ne pas être un agent de dédouanement et ne discuter qu’avec les compagnies maritimes en l’occurrence, la notre c’est Maersk. Un moment de panique puis, comme la situation nous était déjà arrivé à Valparaiso on prend les choses en main et on va au centre de paiement des douanes. Résultat il faut prendre rendez-vous par mail pour une inspection et donner la localisation exacte du camion. Appel à notre transitaire en Hollande, Robert Worldwide Shipping, pour faire un point et lui demander de débloquer la situation. On ne s’affole pas encore… lui commence à envoyer des mails à tout va à tous ses contacts de Maersk sans aucune réponse. Il prend aussi contact avec un autre agent local qui ne semble pas non plus pressé de lui répondre.  1 jour, 2 jours :  la tension monte car nous venons de recevoir un mail de Maersk Afrique du sud qui nous annonce que le délai « gratuit » pour récupérer le fret arrive à son terme. Je vous passe les échanges de mail et téléphone avec le transitaire qui nous avait annoncé que l’on disposait de 2 semaines. On décide de trouver un agent nous même sur place. Le vendredi matin nous voilà dans le bureau de Logan Logistic avec Marc a qui nous donnons nos documents. Là le verdict tombe : notre Bill of Lading, document clé du dédouanement émis pas la compagnie maritime, n’est pas définitif car sur le site de Maersk il apparait que le transitaire n’a pas payé. Le choc, on n’y croit pas… car nous avons payé 100% de la facture. Après un Xième mail et un appel un peu musclé avec Robert WWS, il nous envoie une copie de son bordereau de paiement à Maersk pour nous prouver sa bonne foi et lance une procédure pour demander à Maersk de ne pas nous pénaliser car personne ne lui a répondu depuis le début de semaine qu’il lance des alertes. Je vous passe le détail des échanges mais on finit par réaliser que l’on est victime d’une énorme arnaque par Robert WWS. Et comme dans ce cas là, une énergie folle fait suite à l’abattement total on pousse les investigations plus loin pour découvrir que oui, c’est un transitaire véreux qui sévit toujours de la même manière selon 2 scénarios : le client paye toute sa facture et soit quand il arrive au port pour déposer son véhicule il découvre qu’il n’y a jamais eu de réservation faite pour lui, soit son véhicule arrive à bon port et au moment de le récupérer la compagnie maritime le met sous séquestre en attendant que la facture soit payée. Ce 2ème scenario est le pire car viennent alors s’ajouter des frais de pénalité pour immobilisation du container, des frais de stockage sur le port et des frais de déplacement du container dans le dépôt. A ce petit jeu les milliers d’euros s’accumulent à la vitesse de la lumière pour atteindre des sommes vertigineuses. Parce que pour tout dire les tarifs de Maersk ne sont pas faits pour des particuliers mais pour du business et on ne joue pas dans la même cour : en moyenne 350$/jour pour les pénalités et de même pour le stockage.  Il nos faut encore 48h pour réaliser que Robert n’a jamais payé, qu’il nous dit avoir fait une erreur mais nous envoie un nouveau bordereau pour « prouver » qu’il a corrigé et fait un 2ème  transfert bancaire. Le Lion lui demande alors une POP de sa banque (proof of payment d’un transfert SEPA) qui ne viendra jamais. Ce que nous découvrons aussi après coup, c’est qu’il n’a pas pris l’assurance maritime que nous avions contracté : 400€ dans sa poche et le camion a voyagé sans assurance maritime.

C’est ainsi que nous payons à nouveau la facture à Maersk pour arrêter l’escalade des coûts. Mais ce qui est juste ahurissant c’est que l’arnaque de RobertWWS est bien rodée, il ne fuit en rien, répond du tac au tac à chacun de nos mails, à chacun de nos appels trouve des milliers d’excuses et dit que tout vient de Maersk, qu’il va nous rembourser et a même le culot de nous envoyer une lettre de crédit à notre nom pour le montant du transport que nous avons repayé à sa place.

A fuir, a dénoncer ! Ne vous gênez pas !

Au bout de 3 semaines on a fini par récupérer notre citrouille qui, chance, n’a pas été vandalisée. Ca ne parait rien mais pour qui sait comment fonctionne un port immense comme celui de Durban, les risques de dégradation et de vandalisme sont énormes et nous ont aussi tenus éveillés quelques nuits.

Le jour des retrouvailles devant les bureaux notre agent local

Avec Marc qui nous a aidé dans toutes les procédures, avec le sourire !

A ce jour nous sommes presque une dizaine de voyageurs à avoir été victimes de ce transitaire. Il y a un groupe FB privé de ses victimes et on tente de s’organiser pour qu’il cesse son activité, soit puni que nous soyons remboursés de TOUS les frais engendrés par ses malversations Mais rien n’est simple car les victimes sont en Allemagne, en Hollande, en UK et en France. Certains comme nous sont loin. Quant à la société Robert World Wide Shipping, elle est enregistrée en UK avec un siège social en Hollande. Nous allons bien évidemment porter plainte auprès des service de fraude anglais et hollandais mais il nous faut être 10 pour que les flics anglais commencent à bouger au niveau européen et ceux qui n’ont eu qu’à repayer un billet ont fait une croix dessus et ne sont pas motivés pour mouiller la chemise. En ce qui nous concerne le coût est tellement faramineux : plus de 5 fois le cout initial, qu’on ne veut pas lâcher l’affaire. Et puis on a passé tellement de nuits blanches à le maudire avec un niveau de stress tellement haut qu’on ne va rien lâcher. On a tellement perdu que l’on a plus rien à perdre.

Alors voilà depuis une semaine on essaie de retourner à un rythme de vie normal et on a mis cap au sud vers Cape Town en suivant la côte. L’hiver sud-africain n’est pas comparable à ce que nous connaissons en Europe, à Durban il faisait 24° et le long de la mer quand il y a du vent et des nuages on descend à 15 mais ça ne dure jamais très longtemps. Les gens que nous avons croisés jusqu’ici ont été adorables. D’abord le personnel de l’hôtel avec le manager qui apprenant nos mésaventures nous a mis en contact avec un importateur de voitures qui connait les douanes, lequel a passé des coups de tel pour nous quand nous en étions encore à essayer de comprendre où ça bloquait.  Et puis on a fini par prendre quelques habitudes en 3 semaines à Durban, balade quotidienne sur la Promenade pour essayer de respirer, déjeuner au Surf Rider un charmant café face à la mer, quelques courses au supermarché local. On a même découvert les restaurants halal. Dans ces restaurant les cocktails sont remplacés par des mockctails (leur version sans alcool) et le bacon devient du macon sur la pizza (ca vient de la volaille). En fait il y a une grosse communauté d’origine indienne (ou pakistanaise) musulmane très pratiquante (femmes entièrement voilées) et cette communauté, comme les blancs, ne se mélange pas aux zoulous. Les uns disant que comme les blacks sont aidés par le gouvernement ils ne sont pas enclins à se bouger les fesses. Tiens, il me semble avoir déjà entendu ça quelque part…


Smoothie Fraise arrosée de vodka pour l'anniversaire du Lion !

Durban n’est pas touristique mais nos sorties en ville ( faut bien tenter de se changer les idées avant de devenir dingues) nous font découvrir un hyper centre plein de vie avec des étals de marché sur tous les trottoirs, des galeries marchandes pleines de boutiques de fringues et chaussures en plastique en tous genres, des estancots de coiffure pour lesquels des gamines font le rabattage sur le trottoir avec un panonceau affichant leurs spécialités, et les « nails bars » alignés sous les parasols des jardins publics. Pour manger vous avez le choix entre la King of Shawerma, le Hungry Lion, la Débonnair pizza ou le Chicken delight. Tous proposent de s’assoir collé serré sur les banquettes ou à emporter dans de somptueuses barquette en plastiques qui finiront à coup sûr sur le trottoir avec la fourchette qui l’accompagne. Mais quoi qu’il en soit tout se mange et notre estomac résiste encore (enfin pas toujours !)

Le Town Hall

La grande Mosquée : Grey street Juma Musjid

Emmanuel Cathedral

Victoria Street Meat and fish Market : que pour les odeurs...

Avec ça on guéri de tout...ou pas !




King of shawerma...


Très chic le nail bar dans la rue...

C'est pas Le Corbusier mais presque...

Voilà j’espère que je ferai bientôt un post un peu plus léger mais, comme quoi il faut être prêt à tout et la mésaventure peut surprendre à tout moment.

Allez, on vous laisse car la nuit tombe sur « The Hole in the Wall » quelque part sur la Wild Coast.

Bisous les loustics et à bientôt !