jeudi 30 mai 2019

Moldavie, du vin, du soleil...on dirait le Sud !


Notre modeste expérience de voyageurs nous a montré que chaque pays, chaque peuple a sa personnalité. D’aucun sont distants, réservés, d’autres indifférents voir pour certains parfois envahissants, je dirais que les Moldaves sont avant tout curieux et bienveillants.
Pour être honnête, il n’y a pas si longtemps on m’aurait demandé où était la Moldavie j’aurai sans doute été incapable de répondre autre chose que « euh… en Europe l’Est ». J’en vois qui rigolent mais vont aussi sec sur google pour ne pas mourir idiots. Alors oui la Moldavie est une ancienne province roumaine avec une histoire si compliquée que je vous épargnerai ça. Mains on y parle le roumain qui est une langue aux racines latines et ça c’est déjà le bonheur ! Plus besoin de jongler entre les alphabets (ça réduit de 80% le temps de faire les courses et ça évite de passer 2 heures au resto juste pour décoder le menu). Avec un peu de pratique on arrive même à deviner ce qui est écrit sur les panneaux !  Et comble de bonheur pour nous qui venons de passer 10 mois dans des pays à bière et à vodka, en Moldavie : ils font du vin !!!! Ce pays a décidément un petit air de Sud carrément séduisant.


Mouai la criculation c'est un peu bordelique !


Les routes sont bordées de saules et d’acacias, il y a plein puits pour se rafraichir (et malheureusement aussi parce que dans les campagnes l’eau courante n’est pas présente dans tous les villages), des vergers partout (cerises, pêches, abricots…) de vastes étendues céréalières, et d’immenses champs de haricots verts.  En ce moment c’est la période où les moldaves prennent en main leur jardins et potagers. Sur les marchés on vend autant de fruits et légumes que de plaçons de tomate, haricot ou des boutures de rosier et de gros pots de géranium et pétunias. 




La chaleur est maintenant bien présente (entre 25 et 30°) mais les orages de l’après midi font que la terre est encore meuble. Tout le monde est dehors, qui avec sa débroussailleuse, qui avec la tondeuse, la binette ou encore la faux pour ramasser l’herbe pour les lapins. Poules et coqs occupent les bas-côtés des routes sans vraiment se soucier de la circulation. Après tout ils sont chez eux et à nous de faire attention. Quand aux vaches et chèvres, elles sont le plus souvent attachées à des piquets et le paysan vient les déplacer 2 fois dans la journée avant de les rentrer le soir. Bref vous l’aurez deviné la Moldavie est avant tout un pays agricole et plutôt luxuriant. Faire le marché est un plaisir.
Comme vous le saviez la dernière soirée en Ukraine fut un peu rude et nous avions donc décidé de nous arrêter à Briceni juste après un passage de frontière « finger in the nose » ! Environ 30mn … record homologué ! On se pose sur un grand parking au milieu du bourg et j’ouvre la porte vue la chaleur… en moins de 10 mn le défilé commence, les gens s’arrêtent, tapent à la porte, veulent visiter nous interrogent sur la Citrouille, une ambulance vient nous demander si nous sommes un véhicule sanitaire (euh…non pourquoi ?). Bon côté conversation c’est un peu léger car ils ne parlent quasiment pas anglais, nous pas plus le roumain mais certains (pas les plus jeunes on s’en doute) ont quelques réminiscences de français : bonjour, merci… En tous les cas si ce n’est pas la 1ère fois que nous éveillons la curiosité c’est la première fois depuis longtemps que les passants viennent spontanément au contact. Et la suite du voyage va nous montrer que e n’’est pas la dernière non plus !

Un peuple qui fait la sieste... ca sent le Sud !
Le lion à la source

Meme les vaches sont curieuses !
Les surprises continuent quand tranquillement posés à côté d’une source dans un village au bout du chemin c’est le défilé des locaux pour venir remplir leur bidons ou leur bouteille d’eau. Arrive alors un vieux monsieur qui demande au Lion d’où nous sommes en France. Quand il lui répond Marseille, l’autre affiche un sourire Ultrabright et nous explique qu’il connait bien la Provence et la Côte d’Azur, Nice, Cannes…mais aussi l’Espagne Barcelone, Madrid et que son fils habite Montreux en Suisse 😉 Trop gentil il offre à Xtian un gros bidon d’eau de source et nous explique que toutes les terres autours sont à lui et que nous pouvons y rester autant que nous voulons. Parfait, d’autant qu’il nous faut remettre en route la douchette extérieure, c’est-à-dire remonter le robinet qui avait cédé en Estonie. Et que comme d’hab rien ne se passe facilement. Il faut sortir toutes les caisses à outils et démonter la soute. Bon malgré tout on finit par y arriver.

Le bricolage quand ca commence... on sait pas où on va!

C'est quoi cette odeur dans mon champ ?
Même type de rencontre au sud du pays dans une station-service ou le vieux Monsieur derrière nous vient tailler une bavette dans un français approximatif mais tout à fait honorable pour me parler du Carnaval de Nice, de Cannes et d’Antibes. A croire que les Moldaves apprécient particulièrement la Côte d’Azur et sont tous allé à la Fête des Citrons de Menton. Ou alors la légende se transmet de bouche à oreilles…
En fait peut être qu’une partie de l’explication vient du fait que malgré ses 3 millions officiels d’habitants plus de la moitié vivent en fait à l’étranger… et ce chiffre là nous le tenons d’une autre rencontre encore plus déroutante. Un après midi le Lion nous déniche un bivouac tel que nous les affectionnons, loin de tout (du moins c’est ce que l’on croyait), au milieu de la verdure avec chevaux et vaches pour compagnie. Le soleil est au rendez vous et on installe les chaises dans la perspective d’un apéro dehors et d’une soirée en pente douce. C’est sans compter sur une voiture qui déboule juste à côté de nous avec au volant un local qui nous explique dans un anglais parfait qu’il dirige la mission Evangéliste Baptiste juste à côté (Blurps !), qu’il comprend que nous sommes français et que c’est avec plaisir qu’il nous invite à déménager dans sa mission… euh… comment dire non ! On résiste, on explique que le camping sauvage nous va très bien mais on ne peut pas résister bien longtemps à l’invitation pour partager son repas, à 19h précise. Il est 18h30, le temps de tout ranger et d’avaler un cht’i apéro parce qu’on se doute bien que ça va être frugal. Il nous restait encore, une rangée de calisson envoyés par maman, on finit par se résoudre à les prendre avec nous la mort dans l’âme :  un cadeau de France, c’est tout ce que l’on a et on ne sait pas trop à quoi s’attendre.
En fait la mission est une sorte de pensionnat avec une 40aine d’élèves filles et garçons. Tous sont formés soit à la mécanique soit à la couture et au design de mode. Bonjour les clichés ! En été il accueille des camps de vacances pour près de 200 gamins. C’est grand il y a un étang, des bâtiments dortoirs, des terrains de sport et un immense réfectoire… et c’est là que nous attend notre hôte qui dirige le lieu. 19h sonnerie et hop tout le monde à table, la prière et après quelques échanges sur la situation actuelle du pays, notre missionnaire entre dans le vif du sujet nous expliquant comment il a découvert Dieux, quitté sa vie de militaire d’avant pour accomplir sa mission. Il continue en nous racontant comment Dieu est Amour, comment Dieux vit en lui et le rend heureux. Je vous laisse juste imaginer notre tête. Euh… Le Lion finit par dire que pour lui c’est trop tard et moi sans doute plus diplomate je le relance en tentant d’évoquer tous les problèmes que les religions génèrent en notre monde. Remarques balayées d’un revers de main, c’est parce qu’ils ne vivent pas réellement avec Dieux en eux. Dieu est Amour mais il faut l’accueillir en soi ! Retour à la case départ ! Heureusement le repas est frugal : assiette de blé concassé avec une sauce blanche, du thé et une brioche à la cannelle. Xtian a espéré se resservir mais non, trop tard… ¾ d’heure plus tard, notre hôte a compris qu’il ne ferait pas 2 nouvelles recrues, mais nous en avons quand même profité pour demander à faire le plein des réservoirs d’eau. On se quitte à la sortie du réfectoire et nous regagnons notre Citrouille en vue d’un grignotage complémentaire. Ouf, il n’a pas sauvé notre âme mais nous on a sauvé notre soirée et c’est pas si mal !

Pas mal le bivouac, non ?
Monastère de Curchi

Monastère de Curchi
Visiter la Moldavie c’est top mais il ne faut pas s’attendre à un trip culture ou architecture, de ce côté-là tout repose sur la visite des Monastères, par ailleurs superbes mais bon… Par contre on n’est jamais au bout de ses surprises. En cherchant un peu nous sommes arrivés à Soroca capitale du peuple Rom de Moldavie, installé là depuis le XIV siècle, la « colline des Tsiganes » est un quartier qui regroupe tout un tas de maisons on devrait dire palais tous plus démesurés, grandiloquents et à coup sur du plus mauvais goût. Aucun n’est vraiment terminé, sans doute en attente de fonds en provenance de l’étranger mais derrière les portails les plus ostentatoires, le linge sèche sur d’interminables fils et les vieux fond la conversation sur le devant de leur porte. C’est la que réside Artur Cerari le « baro Rom » chef de la communauté.
C’est en repartant du Monastère de Orhei Vechi que nous avons décidé d’emprunter les pistes, et c’est en rejoignant la route principale que nous nous sommes fait arrêter par la police des frontières. Il a bien fallu une demi-heure pour comprendre ce qui arrivait et pourquoi ils nous demandaient de repasser par l’immigration et la Douane. Ben parce que on a débouché dans le no man’s land entre la Transnistrie et la Moldavie… Pour ceux qui l’ignorent il existe une province séparatiste (en tous les cas c’est ainsi que les moldaves la qualifie) à l’Est de la Moldavie, il s’agit de la République de Transnistrie dont la capitale est Tiraspol. En fait cette République dirigée par un Soviet Suprême n’est reconnue que par la Russie et le Venezuela ni l’ONU ni aucun autre pays n’y fait référence, elle vit encore à l’heure du communisme mais sert surtout de base avancée pour l’armée de Poutine et la mafia russe. Impossible d’y rentrer avec un véhicule étranger et les Moldaves n’aiment pas beaucoup que les étrangers s’y rendent. D’où leur méfiance jusqu’à ce qu’ils comprennent que nous ne venions pas de Transnistrie mais des chemins de traverses… Ouf ! Va falloir faire attention car les « border zones » sont particulièrement surveillées.

Monastère Orhei Vechi

Chez les Tsiganes, tout est dans la démesure


Souvent inachevé la nature reprend ses droits derrières les portails


Soroca, une copie de la Maison Blanche, rien que ça !
Dans la cours d'un palais une collection d'épaves de luxe russes
 


L'Arc de Triomphe
Notre passage dans la capitale fut plus que rapide, en fait il n’y a pas grand-chose à faire ou à voir dans Chicisnau et tout se concentre le long de l’immense boulevard Stefan Cel Mare( 4 km de long). Quand je dis tout : c’est le Théatre, le palais présidentiel, l’Arc de Triomphe, le parlement, la Cathédrale… bref tout ce que la ville compte de monuments. A part ça des parcs et de la verdure et un immense marché qui recouvre plusieurs patés de maisons et où on trouve de tout : un vrai bazar. On peut même y déjeuner pour 7€ à deux, 2 pintes de bières comprises !
La Cathédrale
7€ pour 2... 
Le palais présidentiel


Cathédrale Sf. Teodor Tiron

Un peu de Street art... on ne se refait pas !



Ancien Hotel National, le fleuron de l'hotellerie soviétique... maintenant en ruine

Il n'y a pas que du beau sur les Champs Elysées Moldave... encore a renover!

Mais comme évoqué au début du post, la Moldavie est un pays de vin. La cave la plus connue, mais pas la meilleure, est sans aucun doute Cricova, un domaine de 1000ha et une ville sous-terraine de plus de 120km qui abrite non seulement les chaix mais aussi une unité de fabrication de vin pétillant méthode traditionnelle champenoise. C’est à ce moment que la guide explique en te fusillant du regard que c’est du Champagne mais que bon seuls les Français ont le droit d’utiliser cette appellation. Grrr… qu’on se le dise ! Mais la cave est aussi renommée pour abriter une collection de vins anciens dont certains ont appartenus aux membres zélés du IIIème Reich, à De Gaulle ou à d’autre célébrités. La dégustation est à l’image de la cave : démesurée. 4 vins, un par couleur plus du « vin pétillant » que l’on nous ressert à volonté avec des noix, des crackers et autre « snacks ». Heureusement notre spot de biv n’est pas loin car après une telle « dégustation » tu n’es plus vraiment en état. Côté prix on reste à la mesure du pays les rouges sont entre 2,5€ et 5€ quand à leur champagne, le plus cher est à 18€ la bouteille (migraine incluse).

Inspection qualité du "Champagne", 

Le stockage des vins de collection

Les salons de degustation sont assez kitch

Ici Poutine a feté son anniversaire !

Heureusement, d’autres domaines se visitent et nous avons aussi pu nous arrêter au domaine Et Cetera, à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne. Un lieu qui ne ferait pas tache dans le bordelais, restaurant, chambre d’hôtes, 15 et bientôt 25ha de vigne mais aussi des lavandes pour les huiles essentielles, des ruches et des vergers. Un havre de paix très glamour avec piscine où en prime vous pourrez déguster la meilleure Placintas du pays. Une tourte de pomme terre dans une sorte de pate filo aussi fine que transparente faite main par la mama : A tomber ! On en témoigne !

Ici vignes et céréales se cotoient


Bon ben c’est pas tout ça mais même si on a la vie devant nous il nous faut reprendre la route vers le pays de la vodka car Odessa, perle de la Mer Noire nous attend et surtout notre bateau le 31 pour la Géorgie !


Bisous bisous à tous !

vendredi 24 mai 2019

Ukraine : Bienvenue sur les routes de l’enfer ! Tome I



Après plus d’un an à sillonner l’Europe ou plutôt les pays de la communauté européenne, il était temps pour nous d’aller voir un peu plus loin. C’est donc plein d’enthousiasme que nous avons quitté la Pologne pour passer la frontière avec l’Ukraine. Bon, dans le doute nous sommes quand même passé par la case supermarché avant le départ histoire de faire provision de trucs qui nous tiennent le palais en joie comme les yogourts Jogobella ou les yaourts à la grecque, de la bonne huile d’olive… bref l’Ukraine même si elle a élu un comique à la tête de son gouvernement n’a quand même pas l’image de l’opulence.
Quand à notre dernier « vrai » passage en douane, il remontait au dernier tour du monde… autant dire une éternité mais nous n’avons rien oublié des quelques règles de bases : garder le sourire, ne jamais s’énerver et savoir faire l’imbécile à bon escient quand on n’a pas envie de répondre positivement à une demande (hein ? quoi ? Euh… comprend pas !).
Arrivés à un kilomètre de la frontière on a quand même un pincement au cœur en voyant la file des camions et celles des camionnettes. Si on doit suivre cette queue c’est sûr on va y passer la journée et la nuit. Heureusement les ukrainiens nous font signe de remonter la file et nous arrivons rapidement en vue du poste frontière. 1ère étape la sortie de Pologne où le flic inspecte la Citrouille à grand coup de lampe torche un peu comme un sabre laser. Pas de souci… étape suivante la frontière ukrainienne. Curieux : dans les 2 cas les douaniers sont des douanières et les policiers des policières sans doute un moyen de désamorcer les potentielles montées de testostérones des camionneurs.
Là nous voyons surgir 5 « officiels » de leur estancot qui se jettent sur nos passeports et les papiers du camion. Nous lisons dans leur regard que quelque chose les tracasse et rapidement on comprend que la vraie question est de savoir s’ils ont à faire à un camion ou à un camping-car. Quelle case doivent-ils cocher dans leur système informatique ? Le débat fait rage car les indications en français sur une carte grise française ne semblent pas les convaincre. Ouf au bout de 10mn ils se mettent daccord sur le fait que la citrouille est un « passenger car » ! On avance d’un cran, ils se relaient maintenant pour faire une visite de courtoisies plus que pour fouiller quoi que ce soit. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux finisse par me demander si j’ai des médicaments. Euh… difficile de dire non et je sors alors ma boîte à pharmacie de base, celle pleine d’aspirine, antibiotiques et autres pastilles anti chiasse. Satisfait de son inspection de chaque plaquette à laquelle il ne comprend rien (normal on a enlevé les boîtes…) je peux tout ranger. Ouf ! suis assez contente de ranger les stylos d’insulines ailleurs, moi…
Bilan de l’opération environ 90 mn, et nous voilà sur les routes Ukrainiennes ! Chouette ! Enfin presque parce que nous découvrons aussi l’état du réseau routier ukrainien. Le calvaire ne fait que commencer !  Ce ne sont plus des nids de poules mais des nids d’autruche, en fait le goudron est parti par plaque et la circulation incessante des gros camions a créé des ornières d’une profondeur incongrue. J’ai l’impression que le camion va se disloquer de même que mon squelette. Mais à ce moment là je suis encore optimiste et je me dis que c’est parce que nous sommes sur une route « très » secondaire.
Arrivés à Leopol (Lviv) en fin d’après midi c’est la bonne surprise. Le parking Park4night et juste parfait : une enclave en plein centre-ville, avec un accueil fort sympathique du gardien qui montre très fièrement à Christian les caméras et ses écrans de contrôle. Le tout dans une cahute en bois qui tient debout parce que c’est la mode. Bon je pense que ses écrans lui servent plus à regarder les matchs de foot mais ça rassure le client, surtout le camping-cariste (autrement surnommé beurkbeurk) qui aime dormir sous les réverbères parce qu’au moins c’est plus sûr.  D’ailleurs nous ne sommes pas seuls, 2 vans de hollandais et un PL allemand sont aussi nicher là.  Jusqu’à ce jour j’ignorais jusqu’à l’existence de cette ville à 70km de la frontière polonaise et pourtant… c’est là qu’est nait le pote au Marquis de Sade, Leopold Von Sacher-Masoch père du masochisme. Une référence quand même, non ? Il y a sa statue dans une rue et un bar lui est dédié… mais on vous le dit tout de suite, on n’a pas testé ! C’est aussi là que vécu le fils de Mozart et c’est dans la Cathédrale Saint Georges que le père joua son Requiem. Cette ville, fondée par un prince ruthène (Ukraine) Daniel de Galicie, a été tour à tour ukrainienne, polonaise, austro-hongroise, polonaise sous occupation nazie puis ukrainienne soviétique, pour enfin être tout simplement ukrainienne à nouveau. Mais au fil du temps et particulièrement sous l’empire austro-hongrois la ville s’est enrichie de belles demeures, d’un opéra, d’un tramway, d’une université. Café, musée et théâtres font la joie des habitants de Lemberg (ancien nom de Lviv) et c’est là que fut publié le 1er journal au monde en Yiddish. Miraculeusement épargnée par les guerres, Lviv est parfois comparée à Florence mais bon même si le centre historique est splendide, mêlant les styles baroque, gothique et même rococo point trop n’en faut ! En tout cas, au-delà d’être le berceau de l’identité ukrainienne c’est une ville pleine de vie où bars et restos sont légions et à un tarif défiant toute concurrence. Alors après une vraie journée de marche dans la ville entre château, cathédrale, et même cimetière… le réconfort s’impose. Au bout de tant de mois en Europe du nord, on se demande comment il est possible de manger à 2 dans un vrai resto avec bière, plat de viande et accompagnement pour 20€ à 2… alors on ne se prive pas surtout que l’on a découvert un endroit bien sympa ou ils servent la spécialité ukrainienne : le brandy ! Si si, ils ne servent que ça et un monde fou vient se presser au bar pour passer commande et déguster son verre sur la place principale debout autours de tables hautes que l’on partage. Ce qui donne forcement l’occasion d’échanger avec ses voisins. Et puis pour les amateurs, Lviv est aussi connu pour ses cafés et ses pâtisseries. 



Cathédrale Saint Georges... dehors et toutes le dorures dedans ! Il y a pleins de petits chiffons car les orthodoxes embrassent toutes les icônes et essuient ensuites les traces... bizarre !



Pas mal comme architecture

Resto de ribs... découvert par hasard parce qu'il y avait la queue dehors et un mec qui criait des noms dans un haut parleur ! Celui des clients !

Ils ont de l'humour...
et de l'appétit !



Si si on fait la Une ! 

Quand le Lion tente de socialisé avec la locale !
Je vous dis, on y serait presque resté mais bon on ne se refait pas et l’attrait de la route nous fait prendre la direction des Carpates ukrainiennes. Le lion a identifié le « Courchevel » ukrainien (Bokevel) et n’a de cesse que de m’y conduire. Comme on a bien aimé les Carpates polonaises, c’est par la montagne que nous irons.
Mais c’est sans compter sur la météo « printanière » qui alterne des matinées ensoleillées avec des trombes d’eau dans l’après-midi. Nous avons droit à des orages de malades et même à la grêle. Moment d’angoisse pour les panneaux solaires. Les routes étaient déjà catastrophiques mais là c’est le pompon car les trous sont remplis d’eau et de boue de sorte que l’on ne peut même plus juger de leur profondeur. On rebondit de cahot en cahot avec une vitesse de croisière qui ne dépasse pas les 25km/h. Faire plus de 100km dans une journée est une gageure : le Lion a les bras qui se détachent et le dos en miettes. Record à battre 5 heures pour 100km !

Par contre j’ai le temps de profiter des paysages (pas le lion qui ne peut détacher son regard de la route) même si je reste cramponner à la poignée de porte. Il y a une impressionnante collection d’oratoires sur le bord de route et dans tous les jardins fleurissent des sortes de micro mausolées au toit doré. Sachant que les ukrainiens se signent 3 fois quand ils croisent la Vierge cela donne à voir de sympathiques scènes où les passant enchainent les signes de croix sur des distances improbables. Le monde rural est loin de respirer la richesse et si les plaines sont couvertes d’immenses champs de céréales, ici chaque carré de terre est cultivé à la main par les paysans dont les tracteurs, s’il ne s’agit pas de charrette à cheval, remonte à l’époque soviétique. Les femmes, tête couverte de leur fameux fichu, et grosse père de chaussette dans des croc en plastique binent la terre aussi bien que les hommes et les enfants, s’ils ne sont pas à l’école (apparemment le matin) et s’ils ne débaroulent pas sur la route chevauchant des vélos antédiluviens, sont aussi occupés à garder la vache ou la paire de chèvre.

Après la grêle... superbe lumière !

Dans ces cas là on s'arrête... et on attend !



Superbe exemple d'architecture soviétique... dans son jus !

Monastère de... ben en cyrillique c'est compliqué ;)


A chacun son oratoire dans le jardin face à la rue...
Dans chaque village il y au moins une « vrai » épicerie, de celle qui vend de TOUT et où tu fais la queue pour que l’on te serve. Un vrai bonheur, que nous évitons autant que possible car passer commande quand tu ne parles pas un mot, que tu sais à peine ce que tu veux et que tu as 10 mamas qui attendent derrière toi… ça met la pression. Même si depuis que nous avons découvert comment zapper du clavier cyrillique au clavier romain sur le téléphone notre vie est largement plus facile : on peut enfin traduire le menu des « restaurants ».


Trouver des coins pour se poser n’est pas non plus de tout repos car tous les chemins de traverse, au-delà d’être en piteux état, ressemblent à des bains de boue dans lesquels nous redoutons de rester tanquer. Si on peut éviter d’avoir à se faire tirer par le tracteur soviétique… c’est pas plus mal. Ainsi nous passerons des nuits face à l’épicerie du village (vu que le pont qui mène au point de biv du Monastère est limité à 2t5, c’est ballot non ?) ou à côté de la gare, dernier train 22 :44 ! Le lion regrette encore de ne pas avoir tenter le passage à gué de la rivière mais les seuls véhicules que nous avons vu traverser sont d’énormes camions forestiers chargés à bloc. Entre eux et nous… ben on sait pas si ça passe ! 

Mais il y a aussi de belle surprise quand nous arrivons pour visiter la Forteresse de Kamaniets-Poodilskyiraion ( si si ça se prononce) et que la vieille ville est en fête. Manèges, barbapapa, orchestre et un monde fou… le tout plongée dans une épaisse fumée parfum saucisse. Village touristique ? Certes mais 100% local. Le temps est magnifique, la forteresse aussi surtout quand elle s’illumine le soir et tout le monde profite de la fête. Nous avons trouvé à nous garer sur le parking de la place en bordure du parc… juste à côté des containers de poubelles ! On s’est dit c’est dimanche, fin du week-end les gens vont repartir tôt et on se déplacera un peu plus tard en rentrant ! Quand aux poubelles, on n'a compris qu'il n'y avait pas de ramassage organisé dans le pays et les orudres s'entassent de manière sauvage à la sortie des villages, ou dans les cours d'eau. Mais là, Ha Ha Ha… nous sommes naïfs, l’Ukrainien profite de la fête et de l’alcool jusqu’au bout, même s’il bosse le lendemain. Résultat en rentrant vers 23h on arrive juste à se déplacer de quelques mètres. Bien nous en a pris car dès que les derniers fêtards quittent la place (nous dirons joyeusement), les équipes de nettoyage rentrent en piste et les camions se relaient pour vider les tombereaux de poubelles, démonter stands et autres chalets de souvenir, virer la scène de la fanfare et tout remettre en parfait état. J’ai bien cru que nous étions au centre de l’arène. Quand un camion part un autre prend le relais, puis une bande de joyeux drille décident de s’extasier devant le camion, et enfin les ouvriers du chantier voisin attaquent leur début de semaine. Il est 6:30, on a l’impression d’avoir fait une nuit blanche… et on a prévu de passer la frontière avec la Moldavie dans la journée. Je sens que la journée va être longue !

Forteresse de Kamaniets





Bisous à vous tous ! On vous aime !

Allez rendez vous en Moldavie avant la 2ème partie de l'étape Ukrainienne ! Bateau réservé à Odessa le 31 mai pour Batoumi !