Ce qu’il y a de bien quand tu vis en nomade c’est que tu
n’es jamais au bout de tes surprises et que lorsque tu crois que la routine
prend le pas et bien non, un petit emmerdement du quotidien vient pimenter ta
journée. Je vous avais quittés avec un feu de la gazinière en panne et le Lion
en train de comprendre comment réparer un thermo couple. Mon appel au secours
n’a pas vraiment été entendu (donc personne n’entre dans notre Panthéon tant pis
pour vous) mais l’homme a fini par dégoter la pièce incriminée, une bobine de
thermo couple, sur une boutique en ligne hongroise. 24h et deux mails plus
tard, Annett nous réserve 2 bobines (ben oui on est prudent si une a lâché il
est fort probable que sa copine ne tardera pas) et comme sa boutique est à 30km
de Pecs, nous promettons de passer les chercher dans quelques jours. En
attendant on cuisine sur un seul feu ce qui n’est pas un problème pour les
experts du « onepotpasta » que nous sommes. Bon ça, c’est résolu… |
même sur 1 feu le lion sait faire le couscous ! |
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la bobine incriminée ! |
Autre inattendu quand nous arrivons à Prague, avec une
réservation en bon et due forme dans une guesthouse qui m’a confirmée qu’elle
avait un parking pour la Citrouille. On est en plein centre-ville et il pleut… (ben
oui sinon c’est pas drôle) malgré les mails le parking privé est trop petit
pour notre maison sur roue, on nous indique alors un grand parking derrière la
gare à seulement 10mn a pieds, sur un terrain vague donc no problem. Sauf que le
parking il a limité la hauteur à 2m50 et tout autour il n’y a que des
emplacements à parcmètres. Ce n’est pas tant le prix mais si pendant 3 jours il
faut revenir mettre des pièces toutes les 4 heures ça va pas le faire, c’est
sûr. Donc on refait plusieurs fois le tour du quartier sans succès, juste le
temps de laisser monter la pression et de se dire back à la guesthouse. Soit
ils trouvent une solution soir on se casse. Bon la solution de repli c’est le
camping et autant dire que l’on est moyen motivés d’autant qu’il n’est pas
vraiment à côté. Devant ma colère Mahjid (c’est le nom du gars à la guesthouse)
passe quelques coups de fils et nous trouve un parking qui va bien et comme le-dit
parking est de l’autres coté du Danube (à Buda) il nous accompagne et nous ramènera
dans sa voiture. Sur place tout semble ok, mais le gardien dans sa caravane est
un peu surpris par la Citrouille il nous annonce alors un prix improbable.
C’est sans compter sur le Lion qui vitupère, ni sur Mahjid, syrien, et son
copain jordanien qui voient leur réservation leur passer sous le nez. Ils
négocient et tout va bien jusqu’au paiement… on doit partir samedi mais le gars
nous facture jusqu’à dimanche… !? Mais oui, le parking est fermé le week-end
donc on est normalement bloqué jusqu’à lundi ! Moi je vous le dis quand un
truc commence à merder c’est la loi de Murphy. Mais impossible ne fait pas
parti de notre vocabulaire, donc renégociation pour finalement obtenir le
numéro de téléphone magique qui nous permet d’ouvrir et fermer le portail.
Ouf ! On va enfin pouvoir profiter de Budapest, et on ne s’en prive pas.
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les Halles de Budapest, un immense marché |
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le Parlement vu de dos ! |
C’est une ville musée avec des bâtiments baroques et Art Nouveau à tous les
coins de rue, des châteaux, des musées et un réseau de tram que nous maitrisons
en moins de 2. Un jour à Pest, un jour à Buda, quelques heures dans le quartier
juif qui regroupe tout ce qui se fait de mieux en matière de restos hipsters,
de Street Art et de Ruinbars. Alors les ruinbars sont en fait des squats
artistiques transformés en bars ou salles de concerts. Ils sont apparus quand
la municipalité du 7ème arrondissement a décidé de stopper les destructions
massives des anciens immeubles livrés aux mains des promoteurs immobiliers, peu
scrupuleux de la richesse architecturale de l'ancien ghetto juif. Si bien que
des bâtiments classiques somptueux laissés à l'abandon ont abrité des bars
éphémères où des artistes et musiciens ont pu exposer et se produire le temps
que l'immeuble trouvent les moyens de se réhabiliter en appartements
d'habitation. Ça c'était à l'origine! Depuis que la municipalité a décidé que
le quartier de la fête se concentrerait uniquement dans le 7ème district (Erzsébetváros)
c'est désormais là que les derniers Ruin Pubs encore en activité sont presque
tous regroupés. Ce qui donne un côté totalement surfait et artificiel,
faussement récup ou le style brocante est en fait savamment travaillé. Je ne
serais pas surprise d’apprendre que ce sont ces mêmes promoteurs qui se cachent
derrière les fameux Ruinbars. Il en est un peu de même des fresques murales de
street art qui ont totalement perdu leur coté subversif pour devenir des
véritables œuvres officielles au service de la mémoire collective ou de la
promotion de la ville. Il est même devenu inutile de partir en chasse le nez en
l’air puisqu’il existe une carte officielle des œuvres.
Décevant ! A part ça on se ferait bien une sortie dans un des thermes de
Budapest. Il en existe 7 et après mure réflexion nous choisissons les Thermes
de Gellert qui sont censés être les plus somptueux réputés pour leurs décors
Art Nouveau. Sauf que l’on va se tromper d’arrêt de tram et finalement passer
la matinée aux Thermes de Rudas… rien à voir même si se baigner dans un jacuzzi
à 33° avec vue sur la ville depuis le toit terrasse n’est pas désagréable non
plus… Et comme la loi de Murphy s’applique à tout quand tu décides d’aller
manger au resto le soir, tu n’imagines même pas que c’est vendredi et que tout
est super bondé ! Tu avais prévu un resto oriental ( quelques mezzé pour
changer du goulash) mais au bout de 4 restos complets tu es ravi de manger dans
la plus pure tradition hongroise du jarret de porc sur une nappe a carreaux.
Tout va bien ! |
Vue de Pest depuis la colline de Buda |
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Le Bastion des pêcheurs à Buda |
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Vous le reconnaissez : le Parlement ! |
Allez un peu de street art !
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Le Rubik's cube a été inventé par un hongrois |
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Le Szimpla kert : le plus ancien Ruin bar de Budapest |
Après cette immersion urbaine, direction le Lac Balaton, le
plus grand lac d’eau douce d’Europe d’une superficie de 600km². Les locaux
l’appellent la Mer Hongroise et c’est la région la plus touristique du pays. Sauf que quand tu y es hors saison… c’est mort
et même plus que mort, déprimant ! Il reste encore 2 ou 3 estanquos
d’ouverts sur la péninsule de Tihany, l’endroit le plus pittoresque du Lac qui
tentent de vendre leurs produits à la lavande ou au paprika. Ici, tout est à
base de lavande, le miel et les savons mais aussi le vin ou la bière. Bon
sincèrement on n’a pas cherché à gouter… la lavande on connait et l’idée d’un
vin à la lavande ne nous a pas séduit du tout. On laisse ça aux touristes
locaux et on se dirige vers Pecs ou nous allons récupérer de quoi réparer la
cuisinière.
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Le Lac de Velence, plus sauvage et plus sympa |
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Lac Balaton! |
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Bière à la lavande ! |
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Vin à la lavande ! |
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Et même Gin à la lavande ! |
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Il ont même empaqueté la Basilique pour l'hiver ! |
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On a quand meme trouvé un spot de nuit sympa |
Encore un petit stop en route au bord d’une charmante
rivière et un début de matinée sur les chapeaux de roue. Il pleut depuis le
milieu de la nuit et comme la piste était déjà bien boueuse, on pressent que
cela ne va pas s’arranger. Dans ces cas-là le mieux est de se mettre en route
le plus tôt possible : toilette et petit déjeuner plus tard. Mouai, se
mettre en route est un bien grand mot. On patine on s’embourbe, ça part de travers et la matinée s’annonce laborieuse surtout avant le café. Heureusement,
on trouve des planches à mettre sous les roues et le lion n’a pas dit son
dernier mot. Il persiste : bloc avant, bloc arrière, il met les intermédiaires
puis les courtes et enfin 20 minutes plus tard on peut enlever les 2 kilos de
boues sous nos chaussures, ranger les affaires et enfin déguster notre petit
déjeuner… bien mérité. Ouf !!!!
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Electroboys, notre sauveur ! |
En route pour Pecs avec un stop pour récupérer la fameuse bobine
du thermo couple dans la boutique des Electroboys. Si si c’est bien leur nom et
ça ne s’invente pas. Pecs est une ville étudiante très vivante et surtout la
ville qui a connue une longue occupation ottomane. La Mosquée-Eglise du Sultan Pasha
en témoigne. En fait l’Eglise trône sur la place principale et occupe une
ancienne Mosquée du XVI Siècle. L’Eglise est plutôt moderne et ne présente pas
grand intérêt mais la cohabitation des styles propres aux 2 cultes est intéressante
comme l’autel face au Mirhab. Nous passerons une sympathique journée mais c’était
sans compter le méchant bruit qu’a fait le camion dans un virage… on soupçonne
un bruit de roulement. Le problème c’est qu’il est impossible de déclencher volontairement
le bruit et donc de mieux l’identifier. Nous voilà donc en train de repérer les
garages Iveco sur notre route au cas où…grrr ! |
Il n'y a pas que sur le Pont Neuf... ils aiment les cadenas |
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Chercher l'erreur : la place de la femme dans la l'Eglise ! |
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Pecs vu du clocher et de ses 133 marches ! |
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Copain !! Enfin réveil matin car il embauche à 6h30 ! |
On reprend la route donc vers Baja puis Szeged vers la frontière
roumaine. Sauf que le bruit se reproduit à Baja et nous conduit à faire un
détour vers Kecskemet où se trouve un grand garage Iveco. Evidemment sur les
100 kilomètres qui nous séparent du garage : silence et arrivés au garage
on a beau faire des ronds dans un sens et dans l’autre silence encore et
toujours. Le gars nous propose de faire un diagnostic qui se révèle être
totalement inutile puisque sans démonter il ne peut pas savoir. Au bout de
30mn sans info le Lion commence à s’impatienter, vu qu’il n’est pas autorisé à
rester dans le garage…à 45mn il récupère les clés et nous partons. On verra
bien, le prochain Iveco est en Roumanie à Arad. Comme le petit poucet, nous on sème
des cailloux entre les Iveco.
Baja et les bords du Danube !
Par contre ce qui n’était pas prévu c’est une fuite d’eau
sous les toilettes chimiques que nous n’utilisons jamais ! Un comble quand
même… Heureusement l’eau tombe dans le compartiment extérieur de la caisse des wc,
donc pas de dégâts mais quand même… Xtian ressort ses outils (ça devient une habitude ces derniers temps) et s’attaque au
démontage sur une aire d’autoroute. Et comme d’hab tout se révèle plus compliqué
que prévu. On finit par remplir un jerrican d’eau parce que pour réparer il
faut couper l’eau et on repart, sans savoir quand on va pouvoir la remettre. Après
quelques heures d’efforts supplémentaires au bivouac de Szeged on tourne et retourne
le bouzin dans tous les sens et Xtian finit de travailler à la Petzl. Malheureusement
il faut en convenir, ce ne sera pas réparé le soir même, vu qu’on a fait une
erreur et qu’il faut redémonter la bête. Re-grrrrr !!! Mais on ne lâche
rien : le réveil sonne à 7h et à 8h30 le Lion est à l’attaque, à 10h30
tout est remonté. Ouf, il est venu, il a vu, il a vaincu. Reste plus qu’à
trouver 4 vis pour remplacer celles qui ont foirées au démontage et dont le
quincailler de Szeged nous fera cadeau. Sympa !
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Les 4 vis manquantes ! Yesss!!!! |
Vous voyez, pas de quoi s’ennuyer ! Alors après l'effort le réconfort d'une balade dans Szeged !
En résumé, la Hongrie est une très jolie surprise, les gens
sont très sympas et viennent au contact. Il y en a même un qui s’est proposé ce
matin de nous aider à réparer les WC. Ils parlent plus ou moins anglais et plus
surement allemand et c’est tant mieux parce qu’on ne va pas se mentir le
hongrois est quand même une langue super bizarre. C’est la seule langue que je
connaisse ou le mot « police » ne ressemble en rien de prés ou de
loin a cette sonorité, ça se dit : Rendörseg! Quand au nom officiel de la Hongrie c'est le Magyar Köztarsasag . Et même avec google trad on n’est
pas au bout de ses surprises. Vu la tête qu’a fait le garagiste quand je lui ai
montré la traduction de ma requête sur mon téléphone je suppose que ça n’était
pas clair du tout. Au bout d'un mois je sais (enfin) dire : Bonjour, Udvözlöm (mais Hello ca marche aussi), Merci : Köszönöm et au revoir : viszlat. Un gros effort ! Pour votre culture le ö se prononce "eu" comme dans heure et sz correspond a "ss". Dans tous les cas ça fait sourire les hongrois quand ils voient nos efforts pour baragouiner 3 mots.
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Au moins c'est dit ! Hot ! |
Côté gastronomique, rien à dire sur les vins mais pour la
bouffe on fait pas dans le léger…toujours les gnocchis et je vous avais parlé
du Langos ( le beignet au fromage) dans mon précédant post. Je peux y rajouter
le jarret de porc, le goulash de bœuf et même la soupe de poisson à la carpe avec des spaetzle dedans, grande spécialité de Baja. Mais on a aussi découvert que les hongrois apprécient les abats. Pour les amateurs au restaurant vous pouvez manger du goulash de tripes, du ragout de tripes et cervelle, de la blanquette de moue de veau voir de l'escalope de porc facie à la cervelle et panée. Bon appétit! Le tout, toujours bien relevé au paprika à côté
duquel la Harissa ressemble à du ketchup. Foi de Xtian grand amateur de sauce
relevée le paprika c’est du sérieux et on en a fait l’expérience à 2 reprises avec
ce que nous avons acheté pour des poivrons : un wok limite mangeable et un couscous
auquel il a été totalement inutile de rajouter de la Harissa. |
Vous avez dit charcuterie ? |
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Jarret pour 2 ! |
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Soupe de carpe ! |
Bon demain on arrive en Roumanie vers Timisoara, changement
de langue (le roumain est une langue romane), d’influence culturelle et de
taille de pays. La Roumanie est un grand pays et la préparation du parcours
demande donc plus de réflexion, d’autant que le pays est bien montagneux et que
nous sommes tard dans la saison… les ours commencent même à hiberner dans les Carpates ...
Mais on vous racontera ça en temps et en heure !
Big bisous a tous !