mardi 19 octobre 2021

Hongrie : Tout le pouvoir est au peuple!


Ce qu’il y a de bien quand tu vis en nomade c’est que tu n’es jamais au bout de tes surprises et que lorsque tu crois que la routine prend le pas et bien non, un petit emmerdement du quotidien vient pimenter ta journée. Je vous avais quittés avec un feu de la gazinière en panne et le Lion en train de comprendre comment réparer un thermo couple. Mon appel au secours n’a pas vraiment été entendu (donc personne n’entre dans notre Panthéon tant pis pour vous) mais l’homme a fini par dégoter la pièce incriminée, une bobine de thermo couple, sur une boutique en ligne hongroise. 24h et deux mails plus tard, Annett nous réserve 2 bobines (ben oui on est prudent si une a lâché il est fort probable que sa copine ne tardera pas) et comme sa boutique est à 30km de Pecs, nous promettons de passer les chercher dans quelques jours. En attendant on cuisine sur un seul feu ce qui n’est pas un problème pour les experts du « onepotpasta » que nous sommes. Bon ça, c’est résolu…

même sur 1 feu le lion sait faire le couscous !

la bobine incriminée !

Autre inattendu quand nous arrivons à Prague, avec une réservation en bon et due forme dans une guesthouse qui m’a confirmée qu’elle avait un parking pour la Citrouille. On est en plein centre-ville et il pleut… (ben oui sinon c’est pas drôle) malgré les mails le parking privé est trop petit pour notre maison sur roue, on nous indique alors un grand parking derrière la gare à seulement 10mn a pieds, sur un terrain vague donc no problem. Sauf que le parking il a limité la hauteur à 2m50 et tout autour il n’y a que des emplacements à parcmètres. Ce n’est pas tant le prix mais si pendant 3 jours il faut revenir mettre des pièces toutes les 4 heures ça va pas le faire, c’est sûr. Donc on refait plusieurs fois le tour du quartier sans succès, juste le temps de laisser monter la pression et de se dire back à la guesthouse. Soit ils trouvent une solution soir on se casse. Bon la solution de repli c’est le camping et autant dire que l’on est moyen motivés d’autant qu’il n’est pas vraiment à côté. Devant ma colère Mahjid (c’est le nom du gars à la guesthouse) passe quelques coups de fils et nous trouve un parking qui va bien et comme le-dit parking est de l’autres coté du Danube (à Buda) il nous accompagne et nous ramènera dans sa voiture. Sur place tout semble ok, mais le gardien dans sa caravane est un peu surpris par la Citrouille il nous annonce alors un prix improbable. C’est sans compter sur le Lion qui vitupère, ni sur Mahjid, syrien, et son copain jordanien qui voient leur réservation leur passer sous le nez. Ils négocient et tout va bien jusqu’au paiement… on doit partir samedi mais le gars nous facture jusqu’à dimanche… !? Mais oui, le parking est fermé le week-end donc on est normalement bloqué jusqu’à lundi ! Moi je vous le dis quand un truc commence à merder c’est la loi de Murphy. Mais impossible ne fait pas parti de notre vocabulaire, donc renégociation pour finalement obtenir le numéro de téléphone magique qui nous permet d’ouvrir et fermer le portail. Ouf ! On va enfin pouvoir profiter de Budapest, et on ne s’en prive pas. 

les Halles de Budapest, un immense marché 

le Parlement vu de dos !


C’est une ville musée avec des bâtiments baroques et Art Nouveau à tous les coins de rue, des châteaux, des musées et un réseau de tram que nous maitrisons en moins de 2. Un jour à Pest, un jour à Buda, quelques heures dans le quartier juif qui regroupe tout ce qui se fait de mieux en matière de restos hipsters, de Street Art et de Ruinbars. Alors les ruinbars sont en fait des squats artistiques transformés en bars ou salles de concerts. Ils sont apparus quand la municipalité du 7ème arrondissement a décidé de stopper les destructions massives des anciens immeubles livrés aux mains des promoteurs immobiliers, peu scrupuleux de la richesse architecturale de l'ancien ghetto juif. Si bien que des bâtiments classiques somptueux laissés à l'abandon ont abrité des bars éphémères où des artistes et musiciens ont pu exposer et se produire le temps que l'immeuble trouvent les moyens de se réhabiliter en appartements d'habitation. Ça c'était à l'origine! Depuis que la municipalité a décidé que le quartier de la fête se concentrerait uniquement dans le 7ème district (Erzsébetváros) c'est désormais là que les derniers Ruin Pubs encore en activité sont presque tous regroupés. Ce qui donne un côté totalement surfait et artificiel, faussement récup ou le style brocante est en fait savamment travaillé. Je ne serais pas surprise d’apprendre que ce sont ces mêmes promoteurs qui se cachent derrière les fameux Ruinbars. Il en est un peu de même des fresques murales de street art qui ont totalement perdu leur coté subversif pour devenir des véritables œuvres officielles au service de la mémoire collective ou de la promotion de la ville. Il est même devenu inutile de partir en chasse le nez en l’air puisqu’il existe une carte officielle des œuvres. Décevant ! A part ça on se ferait bien une sortie dans un des thermes de Budapest. Il en existe 7 et après mure réflexion nous choisissons les Thermes de Gellert qui sont censés être les plus somptueux réputés pour leurs décors Art Nouveau. Sauf que l’on va se tromper d’arrêt de tram et finalement passer la matinée aux Thermes de Rudas… rien à voir même si se baigner dans un jacuzzi à 33° avec vue sur la ville depuis le toit terrasse n’est pas désagréable non plus… Et comme la loi de Murphy s’applique à tout quand tu décides d’aller manger au resto le soir, tu n’imagines même pas que c’est vendredi et que tout est super bondé ! Tu avais prévu un resto oriental ( quelques mezzé pour changer du goulash) mais au bout de 4 restos complets tu es ravi de manger dans la plus pure tradition hongroise du jarret de porc sur une nappe a carreaux. Tout va bien !

Vue de Pest depuis la colline de Buda


Le Bastion des pêcheurs à Buda

Vous le reconnaissez : le Parlement !







Allez un peu de street art !

Le Rubik's cube a été inventé par un hongrois



Le Szimpla kert : le plus ancien Ruin bar de Budapest




Après cette immersion urbaine, direction le Lac Balaton, le plus grand lac d’eau douce d’Europe d’une superficie de 600km². Les locaux l’appellent la Mer Hongroise et c’est la région la plus touristique du pays.  Sauf que quand tu y es hors saison… c’est mort et même plus que mort, déprimant ! Il reste encore 2 ou 3 estanquos d’ouverts sur la péninsule de Tihany, l’endroit le plus pittoresque du Lac qui tentent de vendre leurs produits à la lavande ou au paprika. Ici, tout est à base de lavande, le miel et les savons mais aussi le vin ou la bière. Bon sincèrement on n’a pas cherché à gouter… la lavande on connait et l’idée d’un vin à la lavande ne nous a pas séduit du tout. On laisse ça aux touristes locaux et on se dirige vers Pecs ou nous allons récupérer de quoi réparer la cuisinière.

Le Lac de Velence, plus sauvage et plus sympa

Lac Balaton!

Bière à la lavande !

Vin à la lavande !

Et même Gin à la lavande !
Il ont même empaqueté la Basilique pour l'hiver !

On a quand meme trouvé un spot de nuit sympa

Encore un petit stop en route au bord d’une charmante rivière et un début de matinée sur les chapeaux de roue. Il pleut depuis le milieu de la nuit et comme la piste était déjà bien boueuse, on pressent que cela ne va pas s’arranger. Dans ces cas-là le mieux est de se mettre en route le plus tôt possible : toilette et petit déjeuner plus tard. Mouai, se mettre en route est un bien grand mot. On patine on s’embourbe, ça part de travers et la matinée s’annonce laborieuse surtout avant le café. Heureusement, on trouve des planches à mettre sous les roues et le lion n’a pas dit son dernier mot. Il persiste : bloc avant, bloc arrière, il met les intermédiaires puis les courtes et enfin 20 minutes plus tard on peut enlever les 2 kilos de boues sous nos chaussures, ranger les affaires et enfin déguster notre petit déjeuner… bien mérité. Ouf !!!!

Electroboys, notre sauveur !
En route pour Pecs avec un stop pour récupérer la fameuse bobine du thermo couple dans la boutique des Electroboys. Si si c’est bien leur nom et ça ne s’invente pas. Pecs est une ville étudiante très vivante et surtout la ville qui a connue une longue occupation ottomane. La Mosquée-Eglise du Sultan Pasha en témoigne. En fait l’Eglise trône sur la place principale et occupe une ancienne Mosquée du XVI Siècle. L’Eglise est plutôt moderne et ne présente pas grand intérêt mais la cohabitation des styles propres aux 2 cultes est intéressante comme l’autel face au Mirhab. Nous passerons une sympathique journée mais c’était sans compter le méchant bruit qu’a fait le camion dans un virage… on soupçonne un bruit de roulement. Le problème c’est qu’il est impossible de déclencher volontairement le bruit et donc de mieux l’identifier. Nous voilà donc en train de repérer les garages Iveco sur notre route au cas où…grrr !



Il n'y a pas que sur le Pont Neuf... ils aiment les cadenas


Chercher l'erreur : la place de la femme dans la l'Eglise !

Pecs vu du clocher et de ses 133 marches !


Copain !! Enfin réveil matin car il embauche à 6h30 !

On reprend la route donc vers Baja puis Szeged vers la frontière roumaine. Sauf que le bruit se reproduit à Baja et nous conduit à faire un détour vers Kecskemet où se trouve un grand garage Iveco. Evidemment sur les 100 kilomètres qui nous séparent du garage : silence et arrivés au garage on a beau faire des ronds dans un sens et dans l’autre silence encore et toujours. Le gars nous propose de faire un diagnostic qui se révèle être totalement inutile puisque sans démonter il ne peut pas savoir. Au bout de 30mn sans info le Lion commence à s’impatienter, vu qu’il n’est pas autorisé à rester dans le garage…à 45mn il récupère les clés et nous partons. On verra bien, le prochain Iveco est en Roumanie à Arad. Comme le petit poucet, nous on sème des cailloux entre les Iveco.


Baja et les bords du Danube !






Par contre ce qui n’était pas prévu c’est une fuite d’eau sous les toilettes chimiques que nous n’utilisons jamais ! Un comble quand même… Heureusement l’eau tombe dans le compartiment extérieur de la caisse des wc, donc pas de dégâts mais quand même… Xtian ressort ses outils (ça devient une habitude ces derniers temps) et s’attaque au démontage sur une aire d’autoroute. Et comme d’hab tout se révèle plus compliqué que prévu. On finit par remplir un jerrican d’eau parce que pour réparer il faut couper l’eau et on repart, sans savoir quand on va pouvoir la remettre. Après quelques heures d’efforts supplémentaires au bivouac de Szeged on tourne et retourne le bouzin dans tous les sens et Xtian finit de travailler à la Petzl. Malheureusement il faut en convenir, ce ne sera pas réparé le soir même, vu qu’on a fait une erreur et qu’il faut redémonter la bête. Re-grrrrr !!! Mais on ne lâche rien : le réveil sonne à 7h et à 8h30 le Lion est à l’attaque, à 10h30 tout est remonté. Ouf, il est venu, il a vu, il a vaincu. Reste plus qu’à trouver 4 vis pour remplacer celles qui ont foirées au démontage et dont le quincailler de Szeged nous fera cadeau. Sympa !


Les 4 vis manquantes ! Yesss!!!!

Vous voyez, pas de quoi s’ennuyer ! Alors après l'effort le réconfort d'une balade dans Szeged !







En résumé, la Hongrie est une très jolie surprise, les gens sont très sympas et viennent au contact. Il y en a même un qui s’est proposé ce matin de nous aider à réparer les WC. Ils parlent plus ou moins anglais et plus surement allemand et c’est tant mieux parce qu’on ne va pas se mentir le hongrois est quand même une langue super bizarre. C’est la seule langue que je connaisse ou le mot « police » ne ressemble en rien de prés ou de loin a cette sonorité, ça se dit : Rendörseg! Quand au nom officiel de la Hongrie c'est le Magyar Köztarsasag . Et même avec google trad on n’est pas au bout de ses surprises. Vu la tête qu’a fait le garagiste quand je lui ai montré la traduction de ma requête sur mon téléphone je suppose que ça n’était pas clair du tout. Au bout d'un mois je sais (enfin) dire : Bonjour, Udvözlöm (mais Hello ca marche aussi), Merci : Köszönöm et au revoir : viszlat. Un gros effort ! Pour votre culture le ö se prononce "eu" comme dans heure et sz correspond a "ss". Dans tous les cas ça fait sourire les hongrois quand ils voient nos efforts pour baragouiner 3 mots.

Au moins c'est dit ! Hot !
Côté gastronomique, rien à dire sur les vins mais pour la bouffe on fait pas dans le léger…toujours les gnocchis et je vous avais parlé du Langos ( le beignet au fromage) dans mon précédant post. Je peux y rajouter le jarret de porc, le goulash de bœuf et même la soupe de poisson à la carpe avec des spaetzle dedans, grande spécialité de Baja. Mais on a aussi découvert que les hongrois apprécient les abats. Pour les amateurs au restaurant vous pouvez manger du goulash de tripes, du ragout de tripes et cervelle, de la blanquette de moue de veau voir de l'escalope de porc facie à la cervelle et panée. Bon appétit! Le tout, toujours bien relevé au paprika à côté duquel la Harissa ressemble à du ketchup. Foi de Xtian grand amateur de sauce relevée le paprika c’est du sérieux et on en a fait l’expérience à 2 reprises avec ce que nous avons acheté pour des poivrons : un wok limite mangeable et un couscous auquel il a été totalement inutile de rajouter de la Harissa.

Vous avez dit charcuterie ?

Jarret pour 2 !

Soupe de carpe !



Bon demain on arrive en Roumanie vers Timisoara, changement de langue (le roumain est une langue romane), d’influence culturelle et de taille de pays. La Roumanie est un grand pays et la préparation du parcours demande donc plus de réflexion, d’autant que le pays est bien montagneux et que nous sommes tard dans la saison… les ours commencent même à hiberner dans les Carpates ...

Mais on vous racontera ça en temps et en heure !


Big bisous a tous !