mercredi 15 juin 2022

Dovidenja Bosnia, hvala na dobrodoslici !


Et bien tout arrive nous venons de passer la frontière avec la Croatie le cœur gros. Un mois en Bosnie Herzegovine dans ce pays tout doux qui nous laissera un goût de paix et de tranquillité.

Deux semaines depuis notre départ de Sarajevo, deux semaines pour parcourir quelques 250 kilomètres, cela vous donne une idée de notre allure… Mais impossible de résister à l’attrait des berges des rivières, aux jolies cascades ou aux paisibles paysages de campagnes vallonées où chaque visage rencontré affiche un superbe sourire et nous salue simplement.

Nous commençons par tirer plein ouest avec un premier objectif Jacje, mais c’est sans compter un arrêt au bord d’une rivière au sud de Zenica. Et c’est aussi sans compter sur l’orage et la pluie qui nous surprennent alors que nous sommes au creux de la rivière avec un petit bout de piste de 50m bien étroit et bien en dévers pour rejoindre le chemin forestier. Il est 3h55 lorsque la même idée nous traverse l’esprit au Lion et à moi : si ça continue de pleuvoir ainsi… il va falloir aller chercher le tracteur pour nous sortir de là, et il est loin le tracteur et sous la pluie c’est pas drôle. Bon, dans ces cas-là inutile de chercher à se rendormir : on s’habille et on décolle pour remonter sur le chemin forestier et se poser dans un endroit plus safe. Et oui c’est aussi ça les joies du bivouac en pleine nature. Toujours prêts même si on n’a pas les 2 yeux en face des trous. On passe sous le regard interrogateur du gardien du Parc qui nous ouvre la barrière sans poser de question. Heureusement une vaste aire de pique-nique nous permet de finir notre nuit tranquillement un kilomètre plus loin.

C'était pourtant sympa la veille au soir, jusqu'à 3h du mat.

Arrivés à Jacje le lendemain nous découvrons une jolie bourgade avec sa forteresse qui domine la cité, ses chutes d’eau, sa petite Eglise souterraine pompeusement baptisée catacombe et sa place principale animée de plein de cafés. Il fait un temps magnifique, idéal pour se balader et boire un verre en terrasse. Alors ne pas oublier que c’est encore la saison des sorties scolaires et que Jajce est un concentré de sites historiques donc il y a des enfants et ados partout jusqu’à 14h, après les accompagnateurs tentent de retrouver leur cheptel et de le rapatrier dans le bus. Ouf !!!! En attendant on mange notre burger local (c’est-à-dire un steak haché ultra cuit dans un pain à kebab) dans un maxi brouhaha alors que les instits dégustent leur café un peu plus loin. Le soir venu dans notre joli coin de bivouac tout vert qui fait face à la ville nous retrouvons un couple de jeunes français en camion que nous avions croiser sur les hauts plateaux monténégrins. Une chouette occasion de boire un apéro prolongé pour échanger sur nos parcours. Eux ont décidé de ne pas passer par la Croatie mais de remonter sur la Serbie puis Hongrie. L’idée est bonne mais nous n’avons pas vraiment envie de retourner en Hongrie ni de traverser l’Autriche. Donc on reste sur notre idée de la Croatie.

Les chutes d'eau de Jajce

Un banc avec des prises USB intégrées pour charger ton smartphone au solaire.


Les catacombes...


Quand le Lion se la joue martyre revival !



The Love Bridge ( si si) aménagé sur la rivière Vrbas


Les anciens Moulins, sur la rivière à l'entrée du Lac de Plivsko



Plivsko Jezero



Cap à l’Ouest mais avec un petit détour par Banja Luka la capitale de l’Orthodoxie et de la République Serbe de Bosnie. En fait nous avons déjà franchi à plusieurs reprises la « frontière » entre les deux états de la Fédération et la différence réside principalement dans ce que les restaurants proposent : mouton ou cochon à la broche, dans le nombre de femmes voilées, et dans les cœurs de villes. Coté musulman bosniaque, il y a encore de nombreux bâtiments de l’époque ottomane, côté serbe une architecture brutaliste (c’est-à-dire du béton de l’ère communiste) beaucoup plus récente sans grand charme, je dois le dire. Quant aux femmes voilées quand je dis voilées je ne parle pas du hijab mais du niqab qui ne laisse apparaître que les yeux et encore avec les lunettes de soleil même pas. Alors que Monsieur, lui, affiche un look de footballeur avec sneakers dernier cri, casquette de base ball et Tshirt à la mode mais avec la barbe. Côté serbe la mode est toujours à la coupe de cheveux rasé avec une pelouse bien peignée sur le dessus et le survêtement noir indémodable quelques soient les circonstances : la journée en balade, le soir pour boire un verre, ou n’importe quand pour jouer les cacous. Coté femme les jeunes filles orthodoxes n’hésitent pas à porter le croc top et le décolleté plongeant. Le plus dôle étant de croiser des groupes de copines ou se côtoient les deux versions sans que ça ne semble poser problème à l’une ou à l’autre.

La cathédrale orthodoxe
Juste avant d’arriver à Banja Luka on fait un arrêt pour faire le plein d’eau à une fontaine et c’est aussi juste le temps pour Bogar (pour être honnête je ne suis pas sure du tout de l’orthographe) de foncer sur Xtian pour faire connaissance. Le bonhomme est serbe (enfin de République serbe de Bosnie) mais aussi et surtout yougoslave et suisse. Il a été producteur de film et nous a raconté ses folles soirées au Festival de Canne, mais aussi et surtout il a été IT architecte (le meilleur selon lui-même) et a travaillé pour le Ministère de la Défense Suisse. Marié plusieurs fois tous ses enfants sont suisses mais il garde dans son cœur la nostalgie d’un amour de jeunesse parisien : Marie. Ils se retrouvaient à la Gare de Lyon pour de clandestines escapades amoureuses. Bref un poème…Il est rentré en Bosnie à cause du COVID car il refusait d’être confiné comme l’exigeait la Suisse. Sa maison est sur le bord de la route et si nous ne réagissons pas au plus vite on sent que la soirée va s’éterniser à écouter le plus grand blablateur de Bosnie en vidant sa réserve de Rakje. Bref au bout d’une demi-heure, on essaie de partir sans le vexer ce qui n’est pas simple. Mission réussie ! On respire et on se cale dans un parking en ville au bord de la rivière (et oui quand je vous dis qu’il y a des cours d’eau partout), histoire de pouvoir prendre un verre sur le bateau bar et profiter des joies de la ville. Côté ville je confirme c’est vite fait… un place centrale désertique, deux rues piétonnes on se demande encore pourquoi vu qu’il n’y a rien et un centre commercial aux allures soviétique, c’est-à-dire d’une grandeur toute disproportionnée face aux 4 ou 5 boutiques qui l’occupent. Il nous faudra nous rendre dans la banlieue « moderne » pour comprendre que tous les magasins sont dans les malls qui se trouvent en périphérie urbaine et que c’est là que l’on trouve toutes les marques connues : Tommy Hilfiger, Adidas, Benetton, H&M, Intersport et j’en passe. Toujours est il que le Lion profite de la ville pour avoir une bonne connexion internet et regarder le grand prix F1 et la finale de Rolland Garos. On n’aura pas tout perdu ! On aura même découvert une micro brasserie locale qui fait une délicieuse IPA et de succulents ribs. Ça nous change de la bière lager fadasse et du Cevapcici.

Le fameux Bogar :3 fois que le Lion essaye de monter dans le camion

Cérémonie commémorative mais on n'a jamais su de quoi...


Un autre type de niqab !


Super une IPA et une Stout !

La forteresse de Banja Luka

3 jours après on reprend la route toujours à l’Ouest pour gagner le Parc National de l’Una à la frontière avec la Croatie. Petite pause nocturne en bord de rivière à Kljuc, toujours aussi bien aménagée avec de la pelouse et des barbecues. On a prévu au moins 2 stops dans ce grand Parc dont le principal intérêt est ses … cascades ! Et oui encore et toujours ce pays est le paradis de la randonnée et de l’eau vive. Premier arrêt donc à Martin Brod pour voir les « petites » chutes d’eau. L’espace camping aménagé par le Parc National est superbe sauf que ceux qui l’ont conçu n’ont pas dû penser au chemin pour y accéder : une piste très pentue en dévers avec un virage en épingle au milieu.  Autant dire qu’aucun camping-car n’y arrive. Finalement c’est pas mal car c’est la garantie de la tranquillité. Pour la suite ce sera les cascades de Strbacki, de magnifiques paliers de chutes d’eau que nous ne verrons malheureusement que sous la pluie. Les averses se multiplient ce qui augmentent le débit mais n’engage pas à flâner ni à faire les randos qui suivent les berges.

Anita Luka, pas mal comme stop pour la nuit



Arrivée à Martin Brod

Prêts pour l'apéro du soir !



Les cascades de Martin Brod




On est tranquille !


Les Strbacki buk ( soit les cascades de Strbacki)

Après nos 3 jours dans la solitude du parc, nous rallions enfin Bihac notre dernière étape bosniaque. Nous sommes repassés en Fédération de Bosnie… A Bihac ce qui surprend c’est le nombre de migrants. C’est un souci pour cette ville frontière où un camp de réfugié a été établi et où les migrants se massent et cherchent à rentrer en Croatie par tous les moyens car c’est leur point de pénétration en Europe. Les polices bosniaques et croates sont particulièrement vigilantes car les passeurs sévissent et entrainent les migrants par paquets au travers des collines pour franchir la frontière. En attendant leur heure il y a plein de groupes de jeunes qui traînent en ville sur les berges de l’Una. Il semblerait que la cohabitation ne soit pas toujours facile.

Nous ne nous éterniserons pas dans cette bourgade sans grand intérêt sauf celui de faire les courses et d’écouler nos derniers marks convertibles. On ira donc passer nos deux dernières nuits au bord… d’une rivière : la Klokot. Et oui autant finir comme on a commencé, au fil de l’eau entourés de champs et de collines verdoyantes. Les locaux viennent s’y promener, les jeunes viennent boire une bière au bord de l’eau, certain font un pique-nique d’autres encore vont de l’autre coté de la rivière à la ferme aquacole qui propose ses truites à 5€ le kilo. Ces derniers jours sont vraiment à l’image de ce que nous retiendrons de ce pays : des gens souriants, des lacs, des cascades et des rivières (l’eau est froide partout !), tout est calme.




Un petit salon presque privatif... sur la Klokot

Cueillette d'herbes sauvages : lesquelles ? mystère...




Ah et une dernière chose pour les amateurs : la Bosnie c’est aussi le pays de la Golf à travers les âges. Je ne pense pas qu’il soit possible d’en voir autant en circulation ailleurs. Des plus anciennes, version collection millésimée dans leur jus et parfois sans plaque aux plus récentes avec jantes customisée pour Gino local c’est sans aucun doute La voiture du peuple bosniaque.


Et puis pour finir un petit zoom photographique sur les spécialités bosniaques :

Quand tu en a mare du poulet, reste la pizza calzone en forme de poisson : original



Les bosniaques raffolent des saucisses façon germanique... nous pas !

Le hamburger local

Vous voulez qu'on vous ramène de l'huile de tournesol ? Ici ca ne manque pas.

Bon on a maintenant passé la frontière et nous sommes en Croatie dans un camping plein de nos amis teutons et néerlandais. A se demander s’il en reste encore là-bas. Oui nous sommes dans un camping, car en Croatie le camping sauvage est formellement interdit et les amandes sont salées. C’est aussi pour ça qu’on hésitait vraiment sur notre séjour en Croatie (et pour tout dire on hésite encore sur la durée et le parcours), pour nous c’est un peu comme se retrouver enfermés, parqués… on étouffe ! Et comme on ne fait pas les choses à moitié on commence notre périple croate par la visite des lacs de Plitvice, sans aucun doute un des lieux les plus touristiques du pays, alors il a fallu prendre nos billets à l’avance et le camping où nous avons trouvé des places (oui certains étaient déjà complets) peut accueillir 2500 personnes ! Ce soir on dort à l’usine à touristes. Tout va bien, c’est extrêmement exotique.