lundi 22 juillet 2019

Azerbaïdjan : un pied en Orient…


Départ samedi 6 juillet : tout avait bien commencé. Détour par la casse camion ok, on part avec nos goujons de réserve vers un petit poste frontière sur les conseils d’un hollandais rencontré à Tbilissi. Le poste principal sur la route du Sud est surchargé et promet de longues heures d’attentes. Mais…Pas de bol seules les voitures peuvent l’emprunter et avec la Citrouille nous nous faisons refouler. Détour de 80km pour se retrouver au gros passage. C'est le bordel... 4h d’attente et de coude à coude pour franchir 2 guichets côté géorgien (dont 45mn avec un ordinateur en panne qu’il faut redémarrer pour chaque opération) et 4 guichets côté azéri. Quand on voit le moulon de locaux qui se bousculent pour se passer devant, on se dit que ça commence à être « comme là-bas», un doux parfum d’Orient nous monte aux narines et les vieux réflexes pour occuper le terrain et pas se faire marcher dessus reviennent au galop.
Ouf ! Quelques heures plus tard on se pose gentiment en bord de rivière. Seuls les bergers et leurs moutons viennent nous rendre visite.

Quand on voit la frontière... on a dejà fait une heure de queue



Notre ballade en Azerbaïdjan est sous le signe de la prudence avec ce ressort en moins. On va éviter au max les pistes défoncées. Mais on ne résiste pas au bivouac au bord de l’eau, alors quand un lac est au bout d'une piste, on la tente quand même. Belle récompense car au bout c’est douche dans la plus grande salle de bain du monde ( la nature) et calme olympien avec une verre de vin blanc en main.





On manque pas de place au bivouac

 Notre périple nous fait traverser de petits villages à l’écart des grands axes et sont l’occasion de superbes rencontres comme ces femmes qui font le pain dans le four du village sur le bord de la route. La curiosité est réciproque car si nous essayons d’en savoir plus sur ce qu’elles font, elles sont surtout curieuses de visiter notre maison sur roues. Après quelques échanges « mimés » et une longue séance photo (avec échange de compte FB et Instagram on n’est pas des sauvages…), nous repartons avec plusieurs pains et plusieurs kilos de fruits (poires, prunes, pommes, abricots…).




Le Lion est bien entouré mais ...je veille !

Direction lac de Goygöl, qui parait-il vaut le détour… on espère parce que c’est 40km de route défoncée et de piste pour arriver tout près de la frontière avec le Haut Karabagh donc zone militaire. Et bien nous découvrons alors ce qu’est un lieu touristique «local » : Une route bordée d’estancots qui vendent des brochettes, du thé, des fruits confits, du miel mais aussi tout un tas de chinoiseries locales tout à fait dignes de nos mini Tours Eiffel. Quand au Lac Goygöl est en fait un lac à Gogol avec un complexe hôtelier familial, un grand parking jonché d’ordures et une « ballade » bétonnée bordée de jolis bancs pour aller se faire prendre en photo sur les rives. Mais aucun sentier ne permet d’aller se promener ailleurs. Aucun accès à l’eau…Comble de la soirée à 20h on nous chasse du parking car pas le droit de passer la nuit-là. On repart, sans doute un peu énervés, et c’est là que le ressort cassé décide d’aller vivre sa vie sans nous. On récupèrera tous les morceaux. Galère pour la redescente mais on trouve un coin juste avant la nuit. Soirée stressante. Le camion penche fortement à gauche (15cm) ... on décide donc de s'éloigner le moins possible du bitume et de redoubler de prudence pour rejoindre Bakou.

Le Lac Goygöl
Et bien voilà la ballade au Lac .

La bas c'est le Haut Karabagh...encore une République autoproclamée


Petit stop à Naftalan, ville reputée pour ses hôtels de luxe avec spa et centres de soins à base de pétrole. Quoi de meilleur que de faire trempette et se faire masser avec du pétrole brut (crude oil bath). On n'arrête pas le progrès... mais si j’ai adoré les bains de Tbilissi, ceux-là ne me font pas du tout envie.

En route pour Ganja, la 2ème ville du pays, nous commençons à prendre conscience du culte de la personnalité pour Heydar Aliyev. Parcs, mausolées, affiches à l’entrée de chaque ville, statues monumentales… il est partout, à tel point que nous avons cru qu’il s’agissait du Président. Mais non il s’agit en fait du Père du Président actuel Ilham Aliyev. Mort en 2003, il a été 1er Secrétaire du Parti à l’époque soviétique, puis le fondateur de l’Etat Moderne. A Ganja on a droit à une visite « privée » (normal on est les seuls touristes ! Faut pas les rater) du Musée/Mausolée avec force détails sur sa vie et son œuvre. On a du mal à imaginer que le Président actuel disparaisse à ce point derrière l’image du Père. Mais bon je ne vais pas le plaindre non plus. L’effigie du père est omni présente sur les routes et chaque ville dispose de son mausolée, de quoi canoniser ce brave (?) homme !

Monsieur Père et ...le Lion !

L'Azerbaïdjan sur la coupole du Mausolée de Monsieur Père

On traverse ensuite une longue zone agricole et semi désertique qui commence a franchement ressembler à ce que nous avions connu en Ouzbékistan. Sur le bord de la route des dizaines de petits café avec des tables sous les arbres où il semble que tous les hommes du village passent le temps en buvant du thé et en jouant au backgamon, il y a aussi des restaurants immenses mais avec seulement quelques tables et des chaises recouvertes de tissus satiné et de gros nœuds qui proposent des brochettes et sans doute d'autres mets mais le niveau de difficulté se corse car il n'y a pas de menu. Généralement on vient nous montrer les viandes dispos et sur un grand plateau on nous amène une sélection d'accompagnement où l'on choisit. Moyennant 8€ à 2 (quand on ne nous prend pas trop pour des gogols), on mange 2 brochettes avec salade tomate/concombre, sauce, fromage et boisson. On découvre l’Ayran sorte de yaourt dilué à l’eau et salé avec des herbes. Rafraichissant mais roboratif en accompagnement du repas.




Arrivés sur la Mer Caspienne, On s’arrête à la réserve de Gobustan pour voir les Mud Volcanos et les peintures rupestres. De petits volcans régurgitent un boue laiteuse sensée être riche en minéraux et bonne pour la peau et les rhumatismes. L'endroit est désertique, la chaleur pesante et sur les bords de la piste (seulement 5km et pas trop mauvaise) il y a de grandes flaques de pétrole. On dirait des étangs mais sans les canards qui n'aiment sans doute pas nager dans le pétrole brut. On décide de passer la nuit à côté des Volcanos mais cela nous coute 15 manat pour rester sur le parking (7€). Un petit racket organisé par le flic de garde. La prochaine fois on s'en va et on revient après la fermeture...ce sera gratuit. Mais cette arnaque nous trotte dans la tête, surtout quand on voit dès le lendemain que personne ne paye quoique ce soit et le même policier nous évite soigneusement. On décide donc d'aller se plaindre au site touristique officiel du Parc de Gobustan. Évidemment les Volcano ne font pas parti du parc et il n'y a personne de la police mais on rencontre le Deputy Director auquel Xtian raconte notre histoire. Il nous promet de faire remonter l'affaire, s'excuse platement et nous offre la visite du musée et du site des peintures rupestres avec en prime il nous offre un beau livre sur sa réserve. Finalement on ne se sera pas plaint pour rien. 








Bon pour se baigner...c'est pas le lieu !


On est maintenant en vue de Bakou, point le plus oriental de notre long périple européen. Généralement nous prenons un hôtel dans les grandes villes mais là il y a un très beau parking gardé en bord de Corniche avec vue mer... et à 2 pas de la vieille ville. 2€ les 24h… on devrait s’en sortir. Bakou parait totalement irréelle lorsque l’on vient de traverser le pays. On prend alors pleinement conscience de la richesse du pays. Des bâtiments à l’architecture ultra tendance donnent la réplique à des immeubles de style Haussmaniens. Une longue promenade ombragée de plus de 5km avec des vendeurs de glaces et de cafés, souligne le bord de mer. Des canaux bordés de petits restos constituent La Petite Venise. Le soir quand la fraîcheur reprend un peu ses droits, les façades s’illuminent et la ville s’anime. Ici il n’est pas facile de trouver de la bière mais tout le monde boit le thé d’Azerbaïdjan et fume la Shisha. Les rues grouillent de monde et comme à Tbilissi le tourisme des Emirats est très présent avec son lot de Belphégors. Et puis sur le sommet de la colline dominent les 3 flammes, symbole de Bakou. La nuit des jeux d’éclairage sophistiqués s’amusent des façades de ces 3 bâtiments : tantôt les flammes embrasent ces immeubles, tantôt d’immenses porte drapeaux agitent les couleurs de l’Azerbaïdjan. On imagine sans mal que cette ville rivalisera bientôt avec celles des Emirats. Mais pour l’heure ce luxe, bien accessible, reste quand même limité au centre-ville. Nous profiterons de cette capitale pendant 4 jours dont 3 avec un vent qui vient relativiser tout ce que l’on dit sur le Mistral. La Citrouille se fait méchamment secouer et nous décidons de mettre le cric en soutien sous la barre anti-encastrement pour pouvoir dormir tranquille.





The Flame !

Le Musée du tapis... pas mal non ?

Entrée de la vieille ville dans le plus pur style mauresque


Le Palais des Shahs
 

Bakou by night

Des montagnes de sucreries

La Petite Venise

 

Nous repartons un dimanche et en profitons pour tester l’administration d’Azerbaïdjan car nous devons nous enregistrer si l’on veut rester plus de 15 jours, même avec le visa. Ici pas de problème, l’administration est ouverte 7/7, et superbement organisée. On nous oriente, nous donne notre numéro de guichet, la personne qui s’occupe de nous parle anglais et il y a même un café/self service où nous prendrons le temps d’un déjeuner à 2€ par personne. En moins de 30 minutes on est en règle…

4€ à 2 : qui dit mieux ?
En quittant la ville nous espérions nous poser sur la côte pour profiter encore un peu de la Caspienne mais grosse déception : les plages sont grises et la route côtière est une suite ininterrompue de chantiers et de terrains vagues. D’ici quelques temps on se croira dans le sud de l’Espagne avec plus de béton que de sable. Cependant rien ne décourage les jeunes couples de mariés qui se succèdent et viennent poser devant les pontons.


Ca fait pas envie...même s'il fait chaud


Pas aussi impressionant qu'au Turkménistan mais ici  aussi les émanations de gaz font bruler la colline de manière naurelle depuis plus de 50 ans


Bon le luxe de Bakou, n'est pas partout...

Retour à l’intérieur des terres et nous décidons de passer par la route du nord qui longe les contreforts du Haut Caucase. Cette fois hors de question d’aller tenter le diable sur les pistes meurtrières. Nous nous contentons de profiter de quelques jolis mais accessibles villages de montagnes, et des immenses prairies le long des rivières ou broutent moutons et chevaux avec au loin le chant des muezins. Le berger est curieux par nature et comme il s’ennuie, il n’est pas rare de le voir arriver pour tenter la conversation. Bon comme à chaque fois, le problème est que nous ne parlons pas russe. Mais Le Lion a découvert un super jouet : la version « vocale » de Google trad. Tu parles à la machine et elle traduit.  Autant vous dire que les locaux adorent ça aussi et même si tout n’est pas parfait loin de là, cela permet d’échanger et notamment de comprendre quand le bonhomme veut t’inviter chez lui et tuer le mouton pour toi. Reste alors à lui faire comprendre que c’est super sympa qu’on est très honorés mais que non on préfère voir les agneaux vivants. A part ça, quand une zone est touristique c’est facile à repérer, tout d’un coup apparaissent mille et un bouibouis qui proposent de grandes tables de pique-nique du thé et des brochettes. Les locaux raffolent de ces endroits et s’y rassemblent en famille ou entre amis pour passer la journée. Ils sont bien souvent aux abords d’un Monastère ou d’un Palais qui en lui-même présente peu d’intérêt mais devient rapidement un centre d’intérêt.

Dans tous les cimetières, les morts ont leur portrait presque grandeur nature


Tombe d'un mausolée




Les merveilles  qui roulent encore...et passent partout!

Lahidj


Somptueux Caucase azéri

Le berger du jour...

Sheki

Sheki, réputé pour son savoir faire de poterie, tente de remettre cet art au gout du jour

Le Sadj, un plat traditionnel abase de pommes de terres, de mouton, et d'aubergines



C’est donc tout doucement que nous avons regagné la Géorgie souvent au cul de camionnettes surchargées jusqu’à la gueule de pastèques et melons, pour visiter la Kakhétie, la région des vins. Cette fois-ci le passage de frontière a été bouclé en moins de 30mn ce qui nous a laissé le temps de nous poser sur une de ces fameuses zones de pique-nique au pied du Monastère de Nekresi. Le temps de visiter le Monastère, une bande de jeunes a envahi le lieu pour le BBQ du samedi soir. Faute de communiquer en anglais ils nous offrent brochette et melon. La nuit est calme mais nous n’avons pas un œil ouvert qu’un Minibus (les fameuses Marshutka) déverse toute une smala avec force marmites, pastèques, pains et paniers remplis de pains et vaisselles. En moins de 2, ils sont rejoints par d’autres voitures et camionnettes. A priori c’est une sortie familiale au sens large… les hommes sortent le bois, organisent le feu mettent le vin à rafraichir dans la fontaine alors que les femmes préparent les salades et le reste du repas.  Je suis en train de discuter et n’ai pas le temps de réaliser que passe sous mes yeux ébahis le clou du pique-nique un petit cochon tout ficelé et qui passe de vie à trépas en hurlant. Blurps !!! Je ne leur jette pas la pierre mais ça fait bizarre… bon on repart quand même avec une énorme pastèque. Les géorgiens sont très généreux mais un melon de 2kg et une pastèque de plus de 5 kilos à 2… on a le temps de voir venir et de partager avec les colocataires de la pension de Tbilissi que nous regagnons pur récupérer le ressort livré de France et entreprendre la réparation.

Il fait chaud... très chaud !

Monastère d'Alaverdi, réputé pour son vin et ses amphores vieilles de plus de 600ans 


Vue de la Kakhetie


Les fameuses amphores enterrées qui font la renommée du vin géorgien et de sa vinification si unique

Monastère de Nekresi


Bisous a vous !

PS : juste pour vous donner une idée voici quelques prix en Azerbaïdjan 
1l diesel : 30 cts €
1l vodka : 4€ ( mais on peut encore trouver moins cher)
1 ticket bus à Bakou : 15 cts €
1 carouche de colle spécial voiture et son pistolet ( genre silicone) : 4 € 
20 comprimés aspirine : 20 cts €
16 rondelles : 10 cts €
1l thé entre 50 cts dans un café de campagne et 3€ à Bakou