dimanche 31 mars 2024

A la rencontre des Bigs 5 !

 


Ca y est on a quitté avec un pincement au cœur les plages de l’Océan Indien et leurs pêcheurs. Direction plein ouest pour un faire un tour dans les montagnes et les hauts plateaux de Tanzanie au pays des Maasaï.




Premier arrêt dans les monts de l’Ushambaras et chance c’est mardi le jour du marché de Soni. Plein de couleurs et de monde ce qui ne facilite quand même pas la circulation sur cette route étroite où se croisent tant bien que mal voitures (peu) camions et bus (beaucoup). L’endroit n’est pas franchement touristique et on ne passe pas inaperçus mais comme il n’y a pas de marchands de souvenirs on se contente de nous proposer du poisson séché, des légumes, des tongs ou des casseroles. Par contre impossible de trouver un endroit où se restaurer… c’est l’effet Ramadan, les « food trucks » ont disparu du paysage des bords de route. Pas grave on mangera au camion alors que Xtian se « bat » avec un local qui voyant que nous sommes étrangers a décidé de se transformer en parcmètre humain et nous faire payer des droits de stationnement. Trop drôle, car sur le même bas-côté sont arrêtés plusieurs voitures et camions locaux qu’il ignore totalement. Cela nous obligera simplement à manger fenêtre fermée pour ne plus l’entendre.





Vente de poissons séchés...depuis longtemps



Le trio gagnant : bananes, jack fruits, canne a sucre

Les champs de sisal à grande échelle !

On continue notre avancée vers Moshi en traversant des kilomètres de champs de sisal. Au début on confond avec des plans d’ananas (ben on n’est pas super forts en botanique) puis quand on voit d’immenses tiges en lieu et place d’un fruit potentiel on a des doutes. Bon au final cet agave est du sisal et sert à fabriquer de la vannerie, des cordes et des tapis de sols que l’on retrouve chez nous au rayon Mondial Moquette. 

Moshi est la première ville vraiment touristique de la région car c’est le point de départ des treks pour le Kilimanjaro. On voit que le tourisme porte ses fruits, les rues sont grandes et goudronnées (sauf celle qui mène à notre camping évidemment), peu d’ordures sur les bas-côtés consciencieusement nettoyés par des employés municipaux. On se pose finalement sur la pelouse d’un restaurant en passe de devenir un eco lodge quand les chambres seront terminées (Le Mount Kilimanjaro 360° view cottage). Tout est fait sur place en matériaux recyclés, et quand je dis tout, cela signifie non seulement l’infrastructure mais aussi les meubles. C’est Elioth le fils du boss, un charmant bambin black de 5 ans qui nous fait la visite dans un anglais parfait. Il est tellement volubile et impliqué que je visiterai aussi l’arrière cuisine et le chenil des chiens du maasai de sécurité. Oui, j’ai oublié de vous dire qu’en Tanzanie, tous les postes de gardien ou de responsable de sécurité sont tenus par des maasaïs. Leur réputation de valeureux guerriers ne s’est pas éteinte ni leur savoir-faire de gardien de troupeau qui est leur second métier de prédilection. Dans cette région tous les troupeaux sont sous la responsabilité des maasaïs et cela constitue un sacré patrimoine qui fait que, même si cela ne saute pas aux yeux, ils sont sans doute bien plus « riches » que la moyenne. Cela ne les éloigne pas pour autant de leur mode de vie traditionnel au sein de leur boma (village protégé d’une barrière de branches d’acacias noirs) ni de leur tenue vestimentaire. Il s’agit de la shuka, une sorte de toge à motif carrelé noir et rouge le plus souvent, inspiré des tartans des premiers missionnaires écossais. Partout ils portent ce vêtement et vous reconnaitrez aussi les maassaïs à leurs chaussures taillées dans des pneus. Inusables et parfaitement adaptées aux longues marches en terrain rugueux ou boueux.


Il y a un coté "Into the wild" dans ce vieux bus

Le café de Tanzanie, sa réputation n'est plus à faire !

On va donc se poser 2 jours à Moshi le temps de profiter de la superbe vue sur le Kilimanjaro. On a du bol il se montrera à 2 reprises. Je précise qu’on se contentera de le voir d’en bas : 5891 m au point culminant c’est haut, trop haut et trop long pour nous. Mais à en croire le nombre de personnes qui sont là pour l’ascension, on a carrément l’impression que c’est une promenade de santé. Alors certes pas de difficultés techniques selon les pros mais quand même 5 à 7 jours de grimpe sur l’un des 7 itinéraires recensés (le plus connu et le plus facile s’appelle le Coca Cola trail (le plus long aussi) il est principalement fréquenté par des américains… Chaque jour ce sont des dizaines de marcheurs accompagnés des porteurs (3 par marcheur) qui partent à l’assaut du sommet de l’Afrique. Il semblerait qu’il vaille mieux arriver au sommet au milieu de la nuit si on ne veut pas « faire la queue ». Le Mont Blanc n’a qu’à bien se tenir surtout qu’ici c’est minimum 1500$ la bavante…

Il est là !


Et si vous le ratez, il est quand même un peu partout !

sur les sachets de thé

Sur les bières...

Découverte culinaire : les okras ( ou gombos en France)

Bon tout ça c’est bien beau mais on aimerait quand même aller faire un tour dans le parc national de Serengeti. Les plaines de Serengeti c’est 60 000km de savane (Serengeti signifie plaines sans fin en langue maa) à cheval entre Tanzanie et Kenya. C’est le théâtre de migrations de milliers d’animaux et le graal des Parcs Nationaux africains. Un seul bémol, le prix d’accès… comme je vous l’avais déjà dit ici tout est payant la moindre cascade le moindre lac nécessite le paiement d’un droit d’accès et parfois même l’accompagnement d’un guide pour une simple balade. En ce qui nous concerne le compte est vite fait 89$ par personne et par jour + 350$ par jour pour la citrouille + le camping 35$. 560$ par jour : le bilan est franchement trop cher si on veut y passer une nuit… Il nous faut donc nous résoudre à partir avec une agence de safari (Swahili Paradise Tours je donne les coordonnées si quelqu’un les veut) et partager un promène couillons. Vous allez voir au final on ne le regrettera pas. On part donc pour 3 jours : 2 jours dans le Serengeti et une journée dans le Parc du cratère de Ngorongoro. Ce dernier est de toute manière interdit à la circulation des véhicules privés. Le tout pour la « modique somme » de 500$ par tête all included.  Go pour cette grande première : le « shared safari ».

On a donc 2 jours pour rejoindre Arusha (ça c’est pas un problème) mais aussi trouver un endroit où faire le plein de notre bouteille de GPL ( on aimerait bien ne pas avoir à faire du feu pour manger un œuf) et trouver un garage pour la révision de la Citrouille. Le problème du GPL n’est pas de trouver un fournisseur, il y en a partout, mais c’est que chaque pays a sa norme et son connecteur. En Europe il y des kits d’adaptateurs mais ici… c’est la misère. Heureusement on va trouver un Manjis Gaz. En allant directement au dépôt, on arrive à se faire remplir la bouteille directement depuis un camion-citerne. Ca c’est fait !

Remplissage à la source !

Pour ce qui est du garage, Pitu Mechanic a bonne réputation. Comme souvent Pitu est indien est dirige un garage pas forcement spécialisé dans les camions mais très pro et très aidant. Du coup on lui laissera la Citrouille pendant les 3 jours de safari, il aura le temps de faire toutes les vidanges, changer les filtres et même refaire les silent-blocks de la boîte de transfert… où comment joindre l’utile à l’agréable.

Silent block de la boite de transfert... fatigués !

Départ pour le safari à 6h du mat, un chauffeur vient nous chercher à l’auberge : ça pique ! 2 heures de routes puis arrêt petit déjeuner et on récupère tous les autres membres d’équipage : à savoir un couple mexicain (Maria et Riquel) en vacances marathon pour 6 jours, Augustino un italien psychotique qui ne parle pas un mot d’anglais, et Carmen une jeune trentenaire espagnole qui vit à Londres et qui, elle, ne cesse de parler. Avec Frank le chauffeur/guide et Youssouf le Chef Cuisto (alias Rasta Man) la troupe est complète. S’en suit plus de 4 heures de route un peu chaotique jusqu’à l’entrée du parc. Là c’est pause déjeuner… où Rasta Man commence à nous montrer ses talents : salade, légumes, poulet, riz, fruits… on ne mourra pas de faim. C’est sans doute à cause du double effet digestion que Xtian repartira … sans son téléphone portable oublié sur le muret. Il s’en rend compte un quart d’heure après mais trop tard. Le guide lance un appel CB à tous les autres guides, puis il lance un signalement aux gardes à l’entrée mais non, Xtian a fait un heureux. Seul souci … nous sommes hors réseau et sans ordinateur donc impossible de faire opposition à quoi que ce soit. On croisera les doigts pendant 72 heures. En fait le voleur, sans doute local, était surtout intéressé par l’appareil et pas par la carte sim. Ouf ! Il nous faudra quand même plus de 10 jours et des échanges sans fin avec la banque pour tout remettre à niveau car chaque paiement en ligne avec la carte de Xtian doit être validé par un code envoyé par sms… sur le numéro volé. Trop fun ! Et quand tu trouves enfin comment changer ce p….. de numéro de téléphone de sécurité, on te demande de le valider avec un code envoyé par courrier en France. Heureusement Jean Pierre tu nous sauves. Même galère avec Free pour suspendre la ligne… code envoyé sur sms… Grrr ! Des heures sur Whatsapp avec le service technique qui enfin va suspendre la ligne et nous renvoyer une carte SIM… en France ! On rachètera un téléphone plus tard… pour finir de se remettre sur pied parce que sans ordinateur (cassé en Zambie) et sans téléphone portable le Lion commence sérieusement à ressembler à un SDF.

Un boma maasaï

Bon, quoi qu’il en soit on est dans la savane à la recherche des Big 5. C’est le nom que l’on donne aux 5 animaux mythiques de l’Afrique : le Lion d’Afrique, l’éléphant d’Afrique, le rhinocéros noir, le léopard d’Afrique et le buffle. C’est Ernest Hemingway qui le 1er a utilisé ce terme et s’ils sont « Bigs » c’est par leur difficulté à les chasser plus que par leur taille. Aujourd’hui ils sont surtout le top 5 des espèces menacées. Mais nous c’est avec un appareil photo que l’on part à leur trousse. Et croyez-moi, même si nous sommes en basse saison touristique on n’est pas seuls. Je n’ose imaginer ce que soit d’être en juin ou juillet. Entre l’étroitesse des pistes, leur état défoncé et le nombre de véhicule qu’il faut croiser nous sommes finalement très contents d’avoir laissé la Citrouille à Arusha. Cela aurait été un enfer et au moins comme il ne conduit pas le Lion profite du paysage et des animaux. 1ère demi-journée c’est carton presque plein et en plus un sublime coucher de soleil. Nous dormirons sous tente avec tout l’équipement fourni et même une douche chaude pour chasser les kilos de poussières avalée qui nous recouvre de la tête au pied. Au menu du soir Rasta Man vous fera des spaghettis bolognaises. Un véritable luxe, vous le reconnaitrez.

Allez je vous laisse regarder ces merveilles de la nature !


Gros dodo !


Quand tu tombes sur un troupeau de buffles :





Comme dans le roi Lion !


Moniseur le Léopard d'Afrique

Un beau guépard


On continue le lendemain matin avec un départ à 7h (correct) et c’est encore de magnifiques rencontres que l’on n’aurait sans doute pas faites seuls. Les guides communiquent par CB et quand ils repèrent une « pièce rare » ils s’informent de la position. Résultat tout le monde en profite mais parfois il y a embouteillage de Land Cruisers autour. Le plus surprenant étant que cela ne dérange absolument pas les animaux qui continuent leur train-train comme s’il n’y avait personne : les lions dorment (20 heures /jour) les léopards aussi mais sur les arbres, les éléphants mangent et les gigantesques troupeaux de buffles traversent la piste devant nous. Résultat tu peux attendre plus d’une demi-heure avant de continuer.





Ca s'appelle une hippo pool !











Meme les mouches ne l'empèchent pas de dormir !



On partira ensuite pour le camping de Ngorongoro. C’est une réserve dans le cratère d’un volcan vieux de plus de 3 millions d’années. Interdit d’y résider même pour les maasaïs (ce qui n’est pas le cas à Serengeti) et interdit d’y circuler sauf en safari organisé. L’espace est assez réduit et le nombre de véhicules autorisé n’est pas limité donc pour éviter de se retrouver coincé dans les « embouteillages » départ le matin à 6h (petit dej à 5h30 : c’est dur les œufs, les beignets et même les crêpes si tôt quand il fait encore nuit).

Les paysages sont somptueux et on finira par compléter la collecte des Big 5 avec le rhinocéros. Mais bien au-delà de ces stars nous rencontrerons aussi des hippopotames, des flamands rose, des singes, des guépards, des zèbres, des hyènes et des girafes. Un vrai bonheur et, si on exclue les caractère totalement psychotique de l’italien (oui il pètera les plombs sur le voyage du retour parce que le guide fait un stop à un magasin de souvenir) la vie de groupe se passe sans souci.







Lui c'est un wild beast !



Et lui un Kori Bustard...




Trop dur la vie !

Comme on ne représente aucun danger : rien a faire de vous !


Rhinocéros noirs... au loin 


Retour en fin de journée sur Arusha pour que le lendemain on retrouve une citrouille en pleine forme. Puis ce sera la routine habituelle, shopping au supermarché (super bien achalandé puis qu’il y a plein de touristes et aussi super cher), dégivrage du frigo ( Grrr pas le plus fun) et préparation au départ en direction de la frontière kenyane. On a reçu nos e-visa donc après presque un mois et demi en Tanzanie, on continue notre boucle. 

Dernier bivouac tanzanien

Bisous de nous !

Ps : comme j'ai du retard cela fait maintenant presque 10 jours que nous sommes au Kénya... prochain post pour bientot !