Après Dracula et les vampires de Transylvanie c’est au tour
des ours d’attirer notre curiosité. En effet il y a tout à côté de Brasov le
plus grand sanctuaire d’ours bruns au monde. Il héberge plus de 130 ours
rescapés d’une vie de misère en cage ou en tutu pour faire leur numéro dans les
cirques voire complètement drogués pour permettre de vendre des selfies aux
touristes. Cette ONG fait un travail formidable pour permettre à ces ours de revivre
quasi normalement. Il faut savoir qu’au-delà de 3 mois un ours en captivité n’est
plus capable de retourner à une vie normale dans son habitat naturel. Il est
donc condamné à vivre en sanctuaire nourri, paisible mais en semi-liberté. Le
sanctuaire n’est ouvert que le matin avec seulement 2 visites de 40 personnes
max car il est important de préserver leur tranquillité. Depuis peu le sanctuaire
a aussi été appelé pour récupérer des ours « sauvages » qui
s’habituent un peu trop à la présence humaine (qui l’envahit) et du coup
s’aventurent dans des zones de loisir ou d’habitation. Avant que la police ne
les « neutralise », l’ONG essaie de les capturer. Mais acclimater un
ours « sauvage » à une semi-liberté n’est pas la même histoire que
redonner de l’autonomie à un ours transformé en peluche. Un nouveau challenge
qui n’est pas près de s’arrêter. En effet lorsque nous avons bivouaquer à Brasov
(au pied du Mont Tampa mais en ville) nous avons été réveillés à 1h20 du mat en
sursaut par nos téléphones qui braillaient en mode alerte rouge. Passé les
quelques secondes à percuter ce qui arrivait et 10 mn sur google trad pour
comprendre le message qui s’affichait sur nos portables, le mystère s’est
dissipé : un ours avait été repéré en ville dans notre quartier et on nous
demandait d’éviter de sortir, de chercher à entrer en contact avec la bête ou
de le nourrir. Renseignement pris le lendemain, ce genre d’alerte est assez
courantes car les ours viennent faire les poubelles… quelle misère ! En
résumé, on ne visite pas le sanctuaire pour « voir » les ours mais
plutôt pour donner une contribution et aider le sanctuaire à continuer son
travail.
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A part ça Brasov est une très jolie ville qui fut le
longtemps le carrefour commercial de la région. Les marchands saxons venaient y
vendre leurs produits sur les marchés principaux aux détaillants locaux qui les
revendaient dans leurs autres villages. A l’époque la ville était fortifiée et
alors que les « saxons » vivaient richement à l’intérieur des
remparts, les « roumains » eux étaient relégués à l’extérieur.
Aujourd’hui c’est une ville touristique avec sa grand place cernée de beaux
bâtiments et de restaurant à touristes, entourée de montagnes (d’où les ours)
et de petites stations de ski. L’occasion d’une belle promenade urbaine dès
lors que l’on a réussi à trouver une place pour garer la Citrouille,
c’est-à-dire loin du centre… |
Brasov sous le soleil ! |
Comme prévu nous quittons alors la Transylvanie pour
rejoindre le Delta du Danube avec un stop dans les collines de Buzau pour voir
les « mud volcano ». Au milieu de ces collines, il y a une forte
activité sismique et de petits volcans crachotent en permanence une fine boue
grise réputée comme il se doit pour toutes sortes de bienfaits (la peau, les
articulations et j’en passe). C’est pour nous l’occasion de faire une belle
traversée de ce massif uniquement pas les pistes sur 2 jours. Car ce massif fut
aussi une zone d’exploitation pétrolière. Aujourd’hui seuls 2 ou 3 vieux
derricks continuent de témoigner de cette activité mais les pistes sont là et
nous en profitons pour sillonner des magnifiques paysages seuls au monde…ou
presque !
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Les collines de Buzau |
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Sur les pistes...seuls au monde ! |
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Et il marche encore ! |
L’occasion aussi de faire le plein de « carnati de Plescoï »
que nous avions découverts chez Liliana. Il s’agit de fines saucisses de mouton
épicées. Ok je vous entends d’ici… non ce ne sont pas des merguez !
D’abord c’est du 100% mouton (je vous promets que l’odeur à la cuisson en
témoigne) et puis les épices qui les aromatisent ne sont pas les mêmes. Mais
quoiqu’il en soit elles bénéficient d’un IGP, sont fameuses et nous invitent
forcément à préparer un couscous. C’est là que tout devient drôle car
impossible de trouver de la graine de coucous… seulement de la semoule de blé
ultra fine (plus proche de la farine que de la semoule) que l’Homme a passé un
temps infini à rouler à la main pour tenter lui donner une consistance
approchante. Et puis quand tu achètes des panais au lieu de navets (oui bon les
étiquettes en roumain c’est pas très parlant) et bien là, tu te dis que le
finalement tu inventes le couscous roumain.
Nous quittons donc la région du mouton pour
traverser le Danube et rejoindre le Delta. Evidemment on musarde un peu en
route un monastère par ci, un lac par-là, un petit village avec des ruelles si
étroites que la Citrouille refuse de traverser (marche arrière, demi-tour et re-détours)
et nous finissons par arriver à Tulcea. Passage rituel chez Lidl histoire de
ravitailler le frigo et nous partons nous renseigner sur les horaires de
bateaux pour s’enfoncer dans le Delta. En fait au niveau de Tulcea le Danube se
sépare en 3 branches. La première et la plus au nord (dite de Chilia) sert de
frontière avec l’Ukraine, celle du milieu permet de rejoindre la petite ville
de Sulina au bord de la Mer Noire et la plus au sud dessert le petit village de
pêcheurs de Sfantu Gheorghe (Saint Georges). |
Bivouac au bord d'un lac ! |
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Le Danube !
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Monastère de Cocos
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Monastère de Cocos
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Lac de Somova |
En été les liaisons sont
nombreuses et il y a un grand nombre de chambres d’hôtes et petits hôtels. Mais
mi-novembre, il ne faut pas rêver… Au bureau de la compagnie on nous dit que le
bateau pour Sulina part dans 45mn (il y en a 1 par jour) et que pour le retour
c’est dans 48h départ à 7h du mat. La liaison dure 5 heures. Soit, un peu pris
au dépourvu, il faut décider vite et nous retournons au camion au pas de course
pour venir nous garer au port, préparer un sac, et embarquer dans la foulée.
Trop contents que tout se passe avec autant de fluidité, ce n’est qu’en
arrivant à Sulina de nuit dans un bled désert et avec aucune idée de l’endroit
où nous allons bien pouvoir dormir qu’on réalise que nous sommes en novembre et
que les bords de mer en novembre (qui plus est de nuit) c’est juste paumé et sinistre.
Tous les hôtels que nous croisons sont fermés (ou en ruines), et mis à part les
épiceries éclairées par un néon blafard et 2 chiens des rues qui errent sur le
bord du Danube à la recherche de leur pitance, c’est ville morte. Aucun signe
de vie. Blurps ! On a repéré sur gogol map une « casa oana » qui
semble proposer des chambres, on tente notre chance. On commence par se tromper
de porte et un monsieur nous indique la bonne maison. Pas de sonnerie, tu
pousses le portail et un (autre) vieux monsieur qui ne parle pas un traitre mot
d’anglais finit par comprendre notre requête. Il appelle le propriétaire qui heureusement
arrive dans les 5 minutes (ah oui parce qu’il faut dire aussi qu’il y a du
vent, que ça caille grave et que nous sommes toujours dans la cour). Quand il
nous demande si on a réservé j’ai cru qu’il allait nous dire qu’il était fermé.
Mais non, notre sauveur est en face de nous. Il nous montre une grande chambre
dans la maison au fond de la cour, avec une belle salle de bain partagée (avec
personnes puisque nous sommes seuls) et Christian finit par comprendre comment
fonctionne le chauffage. Tout va bien ! Nous n’aurons pas à dormir sur un
banc ou dans une des nombreuses Eglises (la grecque orthodoxe, la russe
orthodoxe, la catholique, le temple lepoviste…). Vassili (oui on devient
presque potes dans ces cas-là) nous indique même où nous pouvons manger dans le
seul restaurant ouvert. Heureusement le lendemain sous un soleil resplendissant
la ville nous semble beaucoup moins hostile. On va donc se balader jusqu’à la
plage dont les équipements, les restaus et le nombre de parasols laissent à
penser qu’en été c’est noir de monde. Petit détour par le cimetière cosmopolite
avec son carré juif, son carré musulman, son carré catholique, son carré grec
orthodoxe et son carré russe orthodoxe. Tout ce petit monde cohabite mais bien
calé derrière ses rambardes quand même on ne sait jamais. Il y a même la
fameuse tombe du pirate que les roumains ont surnommé le Robin des Bois (la
seule tombe enregistrée en Europe comme étant celle d’un vrai pirate). Il a
pillé plusieurs dizaines de galions chargés de marchandises à l’entrée du
Danube pour les redistribuer. Bon en fait vu son nom Giorgios Kontoguris, il
devait être grec. Mais on ne va pas chipoter. Les quais regorgent de
propositions de promenade sur les canaux du Danube, sur les lacs qui bordent la
Mer Noire et les canaux qui les relient. C’est le paradis des oiseaux mais tout
comme les tenanciers d’hôtels et les agences qui proposent les balades en cette
saison ils volent sous des cieux plus chauds… (les pélicans partent pour
l’Ethiopie et eux sont sans doute à Ibiza) Il faut tout le flair et la
perspicacité du Lion pour repérer un homme sur son bateau qui lui semble être
capable de nous emmener en balade pour une heure ou 2. Le gars s’appelle Luciano ( Captain Nemo pour
les intimes que nous sommes devenus rapidement) et accepte de nous embarquer.
Avec lui nous verrons des cormorans, nous frôlerons la frontière ukrainienne et
il nous parlera du Sulina d’avant. Celui du temps où c’était un port franc avec
des ateliers de chantier naval, des conserveries de poisson, un cinéma, un
theatre, un grand hôtel… De la vie quoi. Aujourd’hui bien que le bras de Sulina
soit le seul navigable pour les gros bateaux depuis la mer Noire jusqu’à Vienne
et au-delà, tout est tombé en ruine. On sent dans sa voix comme un échos à ce
que nous disait les vieux géorgiens, qui quelque part regrettaient le régime
communiste. Selon Captain Némo c’est triste mais la Roumanie n’est même pas
capable de maintenir en état l’Eglise qui, elle aussi, tombe peu à peu en
décrépitude. Ce fut une chouette rencontre avant d’aller retrouver Vassili qui
nous propose de manger à la Casa Oana le soir. Il nous fait de la friture de
carpe (oui oui les roumains raffolent de ce poisson) et comme sa maison d’hôte
est prévue pour l’été et bien on mange dehors…sur la terrasse avec le bonnet et
la doudoune. Heureusement il y a Tuica et Palinca qui accompagnent le repas. Ce
sont des gnoles qui se boivent en apéritif pour ouvrir l’appétit et le cas
échéant comme ici accompagnent tout le repas. Il faut dire qu’une fois de plus
l’eau du robinet n’est pas potable, donc tant qu’à mettre des bouteilles sur la
table… Noroc ! (Santé en roumain dans le texte). Au final ce séjour à
Sulina fut non seulement l’occasion de dire au revoir au Danube, de saluer la
Mer Noire mais aussi de rencontrer de belles personnes et de découvrir une autre
Roumanie que celles des montagnes et de la campagne. Le retour en bateau à 7
heure du mat est bien entendu moins drôle mais il fait toujours beau et nous
profitons de cette dernière balade sur le Danube. |
Beau coucher de soleil en "route" pour Sulina |
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Eglise Russe orthodoxe |
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La tombe de notre pirate ! |
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On n'est pas gêné par le monde, mais il n'y a pas les transats ! |
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Le lion et des copains du jour ! |
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Balade sur les quais, là non plus pas gênés par le monde ! |
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Les canaux du Danube |
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Dans 1 minute on est clandestins |
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Une barge au travail |
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La carpe de Vassili ! |
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Il y a du gros qui circule à Sulina! |
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Récompense d'un lever aux aurores... |
La suite de notre parcours nous fait longer la Mer Noire qui
est en fait bordée par de nombreux étangs et une longue zone de marécage qui
rend les accès au bord de l’eau impossibles. Et quand cela devient possible
c’est que vous êtes à Navodari et Constanta sur la Costa Brava roumaine. Une forêt
d’immeubles et de béton qui se transforment en fiesta géante H24 l’été venu. En
cette saison c’est aussi réjouissant que Benidorm ou Palavas les Flots au moi
de janvier. Mais voyons le bon coté des choses on trouve des plages désertes
pour se poser et passer la nuit avec seulement le bruit des vagues (et aussi
celui des chiens qui ont décidé de monter la garde pour toi au pied du camion) et
la circulation en ville, bien que chaotique, est tout à fait gérable. Si tant
est que l’on accepte les règles de conduite locale : une voie d’arrêt
d’urgence fait une parfaite 2eme voie de circulation, dans les rond points tu
peux te faire passer à droite comme à gauche, si tu as besoin de t’arrêter,
inutile de chercher une place tu t’arrêtes et tu mets les warnings. Personnes n’y
trouvera à redire et nous avons ainsi fait le plein des réservoirs d’eau à un
robinet de bord de route à 2 voies, tout simplement posés sur la 1ere file. Pas
un seul coup de klaxon, pas une injure… |
Au bord du Lacul Razim |
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Cetatea Enisala |
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Le Lion a encore des copains à nourrir ! |
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La Mer Noire ! |
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Pas chaud! |
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Bivouac les pieds dans l'eau... froide !
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Quelques clichés de Constanta... en Novembre on se demande où sont les habitants !
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Un piste... agricole, merci mapsme ! |
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Monastère Saint André |
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Le soleil se couche aussi sur le Lac Bugeacului |
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une dernière traversée du Danube, à Silistra |
Nous venons donc de quitter la Mer Noire pour nous diriger
vers Bucarest qui sera notre dernière étape roumaine avant la Bulgarie… Cela
fait un mois que nous traversons ce pays qui nous a réservés de biens jolies
surprises et de chouettes rencontres. Et pourtant quand je regarde notre tracé,
nous n’avons fait que traverser, il nous en restera donc encore à voir pour une
prochaine fois…
Bisous à tous !