Que vous dire sur l’Estonie… car on ne va pas se mentir je
peux vous faire l’article, vous lister ce qu’il y a à voir mais n’importe quel
Lonely Planet ou Trip Advisor le fera mieux que moi… d’autant que cela fait
longtemps que l’on ne hante plus les musées ni les châteaux… et bon sang il y
en a un paquet ici ! Bon je reconnais que j’ai quand même une inclinaison
particulière pour les musées d’Art Contemporain ou d’Architecture, on ne se
refait pas, à chacun son péché mignon. J’ai toujours un peu de mal à convaincre
le Lion mais au final c’est lui qui s’attarde le plus et en sort enchanté...ou
pas.
Mais en quittant Tallin pour les îles Hiiumaa et Saaremaa je
me doutais bien que côté design et art contemporain j’allais rester sur ma
faim. Cependant quand il n’y a pas Culture
il y a Nature et de ce côté-là, pas de doute on est servi, enfin quand les
chuttes de neige nous laissent un peu de répit. Car question météo, nous ne
sommes pas au bout de nos surprises et après quelques jours dans températures
positives, on se fait à nouveau rattraper par la neige et le vent. Si nous
sommes maintenant habitués au froid sec, il n’en est pas de même du froid
humide des rives de la mer Baltiques ni du vent. Les sensations sont plus
« pénétrantes » et l’humidité s’infiltre partout. Mais cela ne nous
décourage pas bien au contraire, il est des météos un peu contrariantes mais
qui au fond sont très revigorantes.
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La colline des croix en homage au paysans suédois chassés de l'île au XVIII |
Alors en avant camarade ! Sur les îles
Il y a d’abord les Phares, vous me direz sur une île rien de plus normal, mais
si je vous dis que les 3 principaux sur Hiiumaa ont été construits à Paris par
les ateliers Eiffel et transportés jusqu’ici en pièces détachées, vous
comprendrez que cela a attisé ma curiosité. 3 belles tours métalliques qui
veillent encore sur les bateaux qui croisent dans la Mer Baltique et même si
nous avons l’impression que le trafic maritime n’est pas très dense, il
semblerait que les bateaux de pêche soient encore nombreux. Les quais sont
répartis tout autour de l’île et c’est par hasard que nous tombons sur 3 d’entres
eux en train de débarquer leur cargaison de petits harengs un dimanche matin.
Chaque bateau en pêche environ 20t par jour. Aussitôt aspirés du fond de la
cale ces caisses pleines de vif argent sont chargées dans des camions
frigorifiques à destination de la Russie ou de l’Ukraine sous l’œil vigilent de
la douane. Finalement même si Hiiumaa et Saaremaa ne sont plus organisées en
kolkhoze de pêche et de conserverie comme c’était le cas jusqu’en 1991 (si si
vous avez bien lu 1991), la destination des poissons reste la même… et à l’industrie
de la pêche on a maintenant rajouté la Thalassothérapie (pour un autre type de
poisson, j’ai pas dit de thon…). Enfin disons que ce qui était le privilège de
l’intelligentsia russe, depuis le temps des Tsars, est désormais à disposition
des touristes suédois et estoniens qui, parait-ils envahissent l’île dès le
printemps. Mais côté foule touristique… je ne peux que répéter ce que l’on nous
a dit car au mois de mars ça ressemble plutôt à la population de l’Ile de Sein.
On ne se marche pas dessus et même si nous avions des envies de restaurant et
de poissons grillés, les tentations sont rares pour ne pas dire inexistantes.
Pas d’inquiétude budgétaires… et je me mare quand je lis sur les guides ou les
blogs que l’Estonie a su révéler de véritables pépites culinaires avec des
chefs top tendances et des restaurants maintenant étoilés par Michelin et dans
la pure lignée du Noma à Copenhague (elu meilleur restaurant du monde).
Wouarf !!!
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Avant... |
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Toujours avant.. |
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Et après ! |
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Les maisons ont une jolie couleur... |
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Les moulins de Saaremaa |
A ce propos une de nos activités préférées dans nos périples
c’est de faire les courses. En fait c’est un merveilleux moyen de vraiment
sentir le quotidien du pays. Notre première surprise dans les pays nordiques a
été de constater que depuis le Danemark le seul moyen de faire ses courses c’est
le supermarché. Hormis dans les capitales avec quelques marchés plus bobo que biobio
(et très surfaits), pas un commerce indépendant, pas une épicerie, une
boucherie : uniquement des enseignes de grandes conso dans leur version
superette, super ou hyper. Pour des pays qui se disent lutter pour un monde
plus respectueux de la nature on se marre :
tous les fruits et légumes viennent de l’autre bout de la planète et
quand il existe une version locale, il faut avoir gagné au loto. Un
exemple ? Le concombre espagnol 1,52 €/kg, la version locale estonienne ou finlandaise
3,50€/kg, les Pommes ? Espagne 0,39€/kg estoniennes ou finlandaises 4€/kg
mini. Et tout est à l’avenant… même les patates. Quand nous étions en Laponie
on se disait que c’était lié au fait que l’on était loin de tout mais ici c’est
pareil. Malgré les propos élogieux des blogueurs culinaires, au quotidien le
répertoire diététique estonien se décline autour du porc, du chou et des
patates (je passe les kebabs et pizza). Sans oublier les œufs (un grand classique c’est la version estonienne
de nos œufs mimosa avec la même déco façon petite souris que dans les années
70) et les betteraves. Côté poisson : hareng, anguille et saumon se
trouvent sous toutes les formes mais le plus souvent séchés et fumés. Ils
semblent aussi apprécier les œufs de saumon et d’anguille mais nous n’avons
toujours pas compris pourquoi les prix varient de 11€ à 150€ le kg.
Mystère ! Côté viande c’est la même histoire des saucisses et boudins à
n’en plus finir, du fromage de tête, des rouelles, filets et côtes et autres
morceaux à rôtir mais inutile de chercher du bœuf, du veau ou autre chose. Si,
du poulet… mais jamais entier uniquement des filets, des pilons et en viande
haché. Les yaourts sont vendus à l’unité en pot de 200g (de quoi s’en lever
l’envie) et le lait en sachet plastique mais à 0,50€/l alors que la bière se
vend en canette format pinte soit 0,65l. Tout ceci est à priori un peu
déroutant la première fois que l’on fait ses courses d’autant que
l’organisation du supermarché n’a rien avoir avec chez nous. Ici on arrive
direct sur le rayon fruit et légumes avec les produits d’hygiène et les promos…
les confitures sont avec les moutardes et mayo, les céréales avec les chips, et
les cacahuètes avec les bonbons, quand au yaourt nature , il partage le
rayon du lait et du keffir qui n’est pas celui des yaourts parfumés. Ah oui
j’oubliais, il y a les crèmes fraîches liquides ou pas avec ou sans ou un peu
de matière grasse, dans leur version nature, aigre ou parfumé (bacon, paprika,
poivron, saumon, chorizo, herbe, vanille et j’en passe) Un vrai jeu de
piste qui nécessite pas mal de patience, un peu de concentration et un bon
traducteur en ligne sur son smartphone. Le bon côté des choses c’est que mon
vocabulaire estonien est maintenant riche de mots vachement utiles comme
viande, poisson, fromage, lait, beurre, pomme ou carotte. Super facile à
replacer dans la conversation et top glamour.
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Un chêne centenaire au milieu du terrain de foot les joueurs le contournent... |
Voilà, voilà, après les îles nous avons rejoint Parnu avec
ses plages de sables fins et ses sõõrikud. Qu’est-ce ? Et bien c’est la
version locale du chichi freggi en forme de donut. Mais croyez-en une
marseillaise et un toulonnais : une vraie tuerie ! Seule une vieille
boulangerie de la ville les fait et il y a du monde! Le Lion a bien du passer un quart d’heure à
expliquer à la boulangère derrière son comptoir que chez nous il y avait la
même chose et que nous appelions ça les chichis freggis. Je crois qu’elle a du
répéter le nom 20 fois et elle s’entraine encore à prononcer ce mot barbare
avec un sourire jusqu’aux oreilles. Autre fait marquant à Parnu… j’ai décidé
d’aller chez le coiffeur, ce qui est toujours un challenge pour une femme,
n’est-ce pas les copines ? On commence par chercher comment ça se dit,
puis on cherche sur le GPS, on passe devant, on repasse, on évalue la prise
de risque… on cherche la photo de référence sur son téléphone et finalement on
se lance ! Bon résultat pas trop mal, enfin je crois et le Lion valide.
Ouf !!!
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Sont trop bons les chichis ...euh les sõõrikud |
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La maison du chichi... |
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un pêcheur sur la rivière à Parnu |
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Pêche sur rivière gélee à Parnu un dimanche...une activité familiale |
Grande traversée pour aller à Tartu, la 2ème
ville du pays, une cité étudiante, mais qui, hormis quelques sculptures au
travers de la ville, ne nous laissera pas un souvenir impérissable. Il y a là
la plus grande brasserie du pays et le musée de la bière mais impossible de le
visiter « hors saison » seulement sur rvd le jeudi ou le samedi. Grrrr…
on ne va pas rester 2 jours rien que pour le visiter, dans ces conditions ce
sera direction Otepää, que l’on nous a vantée comme étant la capitale hivernale
de l’Estonie. Certes le point culminant du pays est à 312m, on ne s’attend donc
pas à se retrouver à Courchevel ni a Gstaadt mais bon j’imaginais quand même
une petite station de ski nordique avec ces boutiques et un peu d’animation.
Alors que vous dire… un hôtel qui ressemble à un sanatorium, un lac qui fut
bénit par le Dalaï Lama en 91 (si si on a fini par trouver le
« monument » commémoratif : une roue sur un mat), quelques
maisons qui se transforment en guesthouse durant les week ends mais en hiver ! Or
si pour les stations balnéaires on est encore en hiver et bien à Otepää on est
déjà au printemps, donc fermé et tout est désert. Et bien dans ce cas
inutile de lutter on va aller voir plus au Sud en Lettonie comment ça se
passe !
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Un délire d'architecte...années 80' |
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Musée des illusions... comme quand on est petit ! |
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Vue du bivouac à Otepaa |
Ah un dernier mot pour vous dire que la Citrouille se porte
bien après une petite frayeur comme le Lion les aime bien le matin au
reveil : pas d’eau chaude alors que le boiler était resté branché toute la
nuit. Le lion a donc du plonger son museau dans le coffre, à 4 pattes sous la
table alors que je suis missionnée pour trouver le mode d’emploi du bouzin, et
rechercher ce qu’il peut se passer. Quelques bordées d’injures plus tard (Le
Capitaine Hadock n’a qu’à bien se tenir), et après avoir galérer pour démonter
les capots et vérifier les circuits (vu le nombre de vannes et de tuyaux ça
ressemble à un casse-tête), bingo ! En fait il y a une mise en sécurité
thermique de la résistance qui s’est ouverte. Sans doute durant l’hivernage en
Laponie alors que la Citrouille était sur 220V et que nous n’avions pas
débranché le boiler… sans eau ! Bon
la chance est encore avec nous, rien n’est endommagé et à un réenclenchement
près tout est maintenant OK.
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Quand je dis qu'il peut faire froid DANS la Citrouille le matin... |
Allez un gros bisou à tous !