dimanche 17 mars 2019

Estonnie la suite, les îles mais pas que...



Que vous dire sur l’Estonie… car on ne va pas se mentir je peux vous faire l’article, vous lister ce qu’il y a à voir mais n’importe quel Lonely Planet ou Trip Advisor le fera mieux que moi… d’autant que cela fait longtemps que l’on ne hante plus les musées ni les châteaux… et bon sang il y en a un paquet ici ! Bon je reconnais que j’ai quand même une inclinaison particulière pour les musées d’Art Contemporain ou d’Architecture, on ne se refait pas, à chacun son péché mignon. J’ai toujours un peu de mal à convaincre le Lion mais au final c’est lui qui s’attarde le plus et en sort enchanté...ou pas. 

Mais en quittant Tallin pour les îles Hiiumaa et Saaremaa je me doutais bien que côté design et art contemporain j’allais rester sur ma faim.  Cependant quand il n’y a pas Culture il y a Nature et de ce côté-là, pas de doute on est servi, enfin quand les chuttes de neige nous laissent un peu de répit. Car question météo, nous ne sommes pas au bout de nos surprises et après quelques jours dans températures positives, on se fait à nouveau rattraper par la neige et le vent. Si nous sommes maintenant habitués au froid sec, il n’en est pas de même du froid humide des rives de la mer Baltiques ni du vent. Les sensations sont plus « pénétrantes » et l’humidité s’infiltre partout. Mais cela ne nous décourage pas bien au contraire, il est des météos un peu contrariantes mais qui au fond sont très revigorantes. 



La colline des croix en homage au paysans suédois chassés de l'île au XVIII


Alors en avant camarade ! Sur les îles Il y a d’abord les Phares, vous me direz sur une île rien de plus normal, mais si je vous dis que les 3 principaux sur Hiiumaa ont été construits à Paris par les ateliers Eiffel et transportés jusqu’ici en pièces détachées, vous comprendrez que cela a attisé ma curiosité. 3 belles tours métalliques qui veillent encore sur les bateaux qui croisent dans la Mer Baltique et même si nous avons l’impression que le trafic maritime n’est pas très dense, il semblerait que les bateaux de pêche soient encore nombreux. Les quais sont répartis tout autour de l’île et c’est par hasard que nous tombons sur 3 d’entres eux en train de débarquer leur cargaison de petits harengs un dimanche matin. Chaque bateau en pêche environ 20t par jour. Aussitôt aspirés du fond de la cale ces caisses pleines de vif argent sont chargées dans des camions frigorifiques à destination de la Russie ou de l’Ukraine sous l’œil vigilent de la douane. Finalement même si Hiiumaa et Saaremaa ne sont plus organisées en kolkhoze de pêche et de conserverie comme c’était le cas jusqu’en 1991 (si si vous avez bien lu 1991), la destination des poissons reste la même… et à l’industrie de la pêche on a maintenant rajouté la Thalassothérapie (pour un autre type de poisson, j’ai pas dit de thon…). Enfin disons que ce qui était le privilège de l’intelligentsia russe, depuis le temps des Tsars, est désormais à disposition des touristes suédois et estoniens qui, parait-ils envahissent l’île dès le printemps. Mais côté foule touristique… je ne peux que répéter ce que l’on nous a dit car au mois de mars ça ressemble plutôt à la population de l’Ile de Sein. On ne se marche pas dessus et même si nous avions des envies de restaurant et de poissons grillés, les tentations sont rares pour ne pas dire inexistantes. Pas d’inquiétude budgétaires… et je me mare quand je lis sur les guides ou les blogs que l’Estonie a su révéler de véritables pépites culinaires avec des chefs top tendances et des restaurants maintenant étoilés par Michelin et dans la pure lignée du Noma à Copenhague (elu meilleur restaurant du monde). Wouarf !!!

 

 

 

Avant...
Toujours avant..

Et après !

Les maisons ont une jolie couleur...

Les moulins de Saaremaa





A ce propos une de nos activités préférées dans nos périples c’est de faire les courses. En fait c’est un merveilleux moyen de vraiment sentir le quotidien du pays. Notre première surprise dans les pays nordiques a été de constater que depuis le Danemark le seul moyen de faire ses courses c’est le supermarché. Hormis dans les capitales avec quelques marchés plus bobo que biobio (et très surfaits), pas un commerce indépendant, pas une épicerie, une boucherie : uniquement des enseignes de grandes conso dans leur version superette, super ou hyper. Pour des pays qui se disent lutter pour un monde plus respectueux de la nature on se marre :  tous les fruits et légumes viennent de l’autre bout de la planète et quand il existe une version locale, il faut avoir gagné au loto. Un exemple ? Le concombre espagnol 1,52 €/kg, la version locale estonienne ou finlandaise 3,50€/kg, les Pommes ? Espagne 0,39€/kg estoniennes ou finlandaises 4€/kg mini. Et tout est à l’avenant… même les patates. Quand nous étions en Laponie on se disait que c’était lié au fait que l’on était loin de tout mais ici c’est pareil. Malgré les propos élogieux des blogueurs culinaires, au quotidien le répertoire diététique estonien se décline autour du porc, du chou et des patates (je passe les kebabs et pizza). Sans oublier les œufs (un grand classique c’est la version estonienne de nos œufs mimosa avec la même déco façon petite souris que dans les années 70) et les betteraves. Côté poisson : hareng, anguille et saumon se trouvent sous toutes les formes mais le plus souvent séchés et fumés. Ils semblent aussi apprécier les œufs de saumon et d’anguille mais nous n’avons toujours pas compris pourquoi les prix varient de 11€ à 150€ le kg. Mystère ! Côté viande c’est la même histoire des saucisses et boudins à n’en plus finir, du fromage de tête, des rouelles, filets et côtes et autres morceaux à rôtir mais inutile de chercher du bœuf, du veau ou autre chose. Si, du poulet… mais jamais entier uniquement des filets, des pilons et en viande haché. Les yaourts sont vendus à l’unité en pot de 200g (de quoi s’en lever l’envie) et le lait en sachet plastique mais à 0,50€/l alors que la bière se vend en canette format pinte soit 0,65l. Tout ceci est à priori un peu déroutant la première fois que l’on fait ses courses d’autant que l’organisation du supermarché n’a rien avoir avec chez nous. Ici on arrive direct sur le rayon fruit et légumes avec les produits d’hygiène et les promos… les confitures sont avec les moutardes et mayo, les céréales avec les chips, et les cacahuètes avec les bonbons, quand au yaourt nature , il partage le rayon du lait et du keffir qui n’est pas celui des yaourts parfumés. Ah oui j’oubliais, il y a les crèmes fraîches liquides ou pas avec ou sans ou un peu de matière grasse, dans leur version nature, aigre ou parfumé (bacon, paprika, poivron, saumon, chorizo, herbe, vanille et j’en passe) Un vrai jeu de piste qui nécessite pas mal de patience, un peu de concentration et un bon traducteur en ligne sur son smartphone. Le bon côté des choses c’est que mon vocabulaire estonien est maintenant riche de mots vachement utiles comme viande, poisson, fromage, lait, beurre, pomme ou carotte. Super facile à replacer dans la conversation et top glamour.



Un chêne centenaire au milieu du terrain de foot les joueurs le contournent...


Voilà, voilà, après les îles nous avons rejoint Parnu avec ses plages de sables fins et ses sõõrikud. Qu’est-ce ? Et bien c’est la version locale du chichi freggi en forme de donut. Mais croyez-en une marseillaise et un toulonnais : une vraie tuerie ! Seule une vieille boulangerie de la ville les fait et il y a du monde!  Le Lion a bien du passer un quart d’heure à expliquer à la boulangère derrière son comptoir que chez nous il y avait la même chose et que nous appelions ça les chichis freggis. Je crois qu’elle a du répéter le nom 20 fois et elle s’entraine encore à prononcer ce mot barbare avec un sourire jusqu’aux oreilles. Autre fait marquant à Parnu… j’ai décidé d’aller chez le coiffeur, ce qui est toujours un challenge pour une femme, n’est-ce pas les copines ? On commence par chercher comment ça se dit, puis on cherche sur le GPS, on passe devant, on repasse, on évalue la prise de risque… on cherche la photo de référence sur son téléphone et finalement on se lance ! Bon résultat pas trop mal, enfin je crois et le Lion valide. Ouf !!!

Sont trop bons les chichis ...euh les sõõrikud

La maison du chichi...



un pêcheur sur la rivière à Parnu

Pêche sur rivière gélee à Parnu un dimanche...une activité familiale


Grande traversée pour aller à Tartu, la 2ème ville du pays, une cité étudiante, mais qui, hormis quelques sculptures au travers de la ville, ne nous laissera pas un souvenir impérissable. Il y a là la plus grande brasserie du pays et le musée de la bière mais impossible de le visiter « hors saison » seulement sur rvd le jeudi ou le samedi. Grrrr… on ne va pas rester 2 jours rien que pour le visiter, dans ces conditions ce sera direction Otepää, que l’on nous a vantée comme étant la capitale hivernale de l’Estonie. Certes le point culminant du pays est à 312m, on ne s’attend donc pas à se retrouver à Courchevel ni a Gstaadt mais bon j’imaginais quand même une petite station de ski nordique avec ces boutiques et un peu d’animation. Alors que vous dire… un hôtel qui ressemble à un sanatorium, un lac qui fut bénit par le Dalaï Lama en 91 (si si on a fini par trouver le « monument » commémoratif : une roue sur un mat), quelques maisons qui se transforment en guesthouse durant les week ends mais en hiver ! Or si pour les stations balnéaires on est encore en hiver et bien à Otepää on est déjà au printemps, donc fermé et tout est désert. Et bien dans ce cas inutile de lutter on va aller voir plus au Sud en Lettonie comment ça se passe !



Un délire d'architecte...années 80'
Musée des illusions... comme quand on est petit !


Vue du bivouac à Otepaa



Ah un dernier mot pour vous dire que la Citrouille se porte bien après une petite frayeur comme le Lion les aime bien le matin au reveil : pas d’eau chaude alors que le boiler était resté branché toute la nuit. Le lion a donc du plonger son museau dans le coffre, à 4 pattes sous la table alors que je suis missionnée pour trouver le mode d’emploi du bouzin, et rechercher ce qu’il peut se passer. Quelques bordées d’injures plus tard (Le Capitaine Hadock n’a qu’à bien se tenir), et après avoir galérer pour démonter les capots et vérifier les circuits (vu le nombre de vannes et de tuyaux ça ressemble à un casse-tête), bingo ! En fait il y a une mise en sécurité thermique de la résistance qui s’est ouverte. Sans doute durant l’hivernage en Laponie alors que la Citrouille était sur 220V et que nous n’avions pas débranché le boiler… sans eau !  Bon la chance est encore avec nous, rien n’est endommagé et à un réenclenchement près tout est maintenant OK.

Quand je dis qu'il peut faire froid DANS la Citrouille le matin...


Allez un gros bisou à tous !



samedi 2 mars 2019

Tallinn



Choisir la compagnie estonienne pour rallier Tallinn depuis Helsinki c’est commencer son voyage façon « La croisière s’amuse ». Discours de bienvenue du Capitaine, chanteuse de bar avec son pianiste et spectacle de magie, tout y est même la bande sonore… pour les ignares de moins de 40 ans, "La croisière s’amuse" est une série culte qui a bercé notre enfance et les après midi de nos grand-mères et qui se passait à bord d’un paquebot de croisière. Intrigues à l’eau de rose, amours contrariées et happy end le cocktail parfait des années 70.

Vue des remparts
Nous n’avions pas vraiment d’idée de ce qui nous attendait en Estonie si ce n’est que ce pays au passé tourmenté n’est sorti de l’emprise soviétique que depuis 1991 (Hitler avait donné l’Estonie à Staline en 1940). Autant dire hier…mais en un peu moins de 30 ans Tallinn est devenue une capitale particulièrement séduisante. Si j’animais un blog de voyage je dirais que c’est la capitale parfaite pour un city break alliant le charme médiéval de la vieille ville fortifiée à une modernité ultra dynamique. 



Ici on passe en quelques minutes des rues pavées et façades colorées au quartier hypster avec micro-brasseries branchées dans entrepôts reconvertis. Du magasin de souvenir rempli de matriochka et autres mugs « I love Tallinn », au barber shop top tendance et son magasin de produits de beauté « organic » vendu dans des emballages design recyclés. Tout y est : les remparts, les Eglises, les galeries et un musée d’art absolument top, les restaurants gastro et les cafés historiques et même quelques ruines de béton de l’ère soviétique dont la municipalité ne sait vraisemblablement pas quoi faire… Bon il ne faut pas croire pour autant que les barres HLM de l’époque stalinienne ont disparues, elles sont toujours là de même que les marchés russes où vous pouvez acheter des chaussettes tricotées main, des cornichons à l’ail et des culottes façon gaines comme on en fait plus (ah messieurs de quoi vous faire rêver ! ).

On trouve de tout... dans les brocantes
Notez le rapprochement des personnages...



 


Plus de 3 heures à decouvrir l'art contemporain estonnien



Nous avons pu aussi visiter, les restes du siège du KGB dont les cellules et les enregistrements des survivants sont là pour témoigner du lourd tribu du peuple estonien. Des milliers de familles déportées en Sibérie, une oppression sans limite et ceci bien au-delà de la fin de la 2nd guerre mondiale. Un magnifique et terriblement impressionnant monument en mémoire des victimes du communisme a été construit le long de la corniche. Y sont gravés les 22 000 noms des victimes de la déportation qui ont été identifiés mais des milliers de noms manquent encore car en quittant le pays en 1991 les soviétiques ont aussi détruit ou emporté toutes leurs archives.

En mémoire aux victimes du communisme...

Plus de 22000 noms gravés sur ces murs..

Pas mal comme vue depuis le bivouac, non ?
Nous sommes restés 4 jours à Tallinn et le Lion n’a pas pu tenir le compte du nombre du Porsche, Tesla, BMW et autres voitures de luxe…un indice qui montre bien que dans la capitale du moins, la croissance économique fait des heureux. Mais la citrouille ne fait aucun complexe et nous avons pu nous poser en centre-ville sans problème. Il y a encore à côté du port quelques terrains vagues et de multiples parkings à 3€ les 24h. Seul souci trouver la machine où payer. L’Estonie est à la pointe de la modernité en matière de nouvelles technos : lls ont inventé la e-résidence, le créateur de Skype est estonien et les parkings se payent par SMS…à condition d’avoir une carte SIM estonienne. Il existe même une app avec géolocalisation où le paiement se déclenche automatiquement. Mais quand tu es touriste… et bien il te faut trouver la machine qui va bien et placer le bon vieux ticket derrière ton pare-brise. Finalement la tradition, il n’y a que ça de vrai !

 

Derrière ces murs, les dernières tendances hipster vous attendent !

Et bien sur du street art...partout !



En conclusion si vous recherchez une destination pour un long week-end :  allez à Tallinn, plus vivante et plus dynamique qu’Helsinki. Mais évitez les mois de juillet et Aout… au risque d’être pris au piège dans une foule compacte de touristes. Tallinn en plein été c’est un peu comme Saint Malo ou le Mont Saint Michel : de la folie pure !


Bon c’est pas tout mais après Tallinn, il est temps de voir le reste du pays et comme d’habitude notre regard s’est naturellement tourné vers la côte Ouest et les îles… on ne se refait pas la mer nous attire toujours comme un aimant. Alors avant de partir on fait le plein de GPL (ouf ! on va pouvoir se lâcher car depuis Alta en Norvège on surveillait le niveau de près: pas de GPL dans le nord de la Norvège ni en Finlande) et le plein d’eau ! Et oui depuis le temps que nous fonctionnons avec 2 jerricans Le Lion a scruté la météo et pas de grand froid en perspective.  On va retrouver un peu de confort, fini de faire chauffer l’eau à la casserole et de rincer la vaisselle à la bouteille. Bon par prudence on ne remplit qu’un seul réservoir, et on tente la remise en marche des pompes… suspens...taa dam !!!! Ca ne marche pas ! Et pire que ça le robinet qui est dans la soute et qui doit nous servir pour les douches extérieures (ça c’est encore un rêve) n’a pas aimé le froid. Il a cassé et pendant que Le Lion tente de vidanger l’air du circuit dans la cellule et tente de comprendre pourquoi ça ne marche pas (je ne vous fais pas un dessin sur l’humeur du Lion et le florilège d’expressions imagées qui sort pas la fenêtre) l’eau s’écoule tranquillement dans la soute ! Arghh !!!! On arête tout, on vide la soute on éponge et…on s’interroge sur la suite. Mais ce jour-là, la chance est avec nous car la station-service est en face d’un magasin de bricolage où nous trouvons des bouchons pour fermer les arrivées d’eau du robinet une fois démonté mais pas de robinet de rechange qui corresponde, ni de mécanisme de rechange ( et oui Xtian a démonté le robinet lui-même pour sortir la pièce cassée : Mc Gyver a encore frappé) mais les vendeuse du magasin de bricolage nous indique un magasin de plomberie un km plus loin. Piece de rechange trouvée ! Bilan de la réparation 2 heures de temps et 5€ de pièces. Comme quoi on peut avoir du bol parfois !

Alors on reprend la route direction l’île de Hiiumaa, le temps de vérifier les horaires du ferry et de prendre les e-billets. Là encore pas de guichet, personne au port mais un panneau qui indique la procédure et le QR code pour télécharger l’app qui va bien. 10 mn et 20€ plus tard on a les billets sur le smart phone. Plus qu’à trouver un coin de biv pour passer la nuit, ce qui en mars et dans la campagne estonienne n’est pas vraiment un souci… vous vous en doutez !

Sur les murs de la prison...