vendredi 22 avril 2022

Bienvenue en Republika e Shqipërisë


Nous voilà aux « pays des Aigles » depuis presque 3 semaines et nous avons repris un rythme de déplacement un peu plus soutenu. De prime abord quand on pense tourisme ce n’est pas vraiment l’Albanie qui vient à l’esprit mais détrompez-vous, quand on découvre les immenses complexes touristiques le long de la Riviera albanaise on devine aisément que la saison estivale doit être haute en couleur. Après un passage de frontière on ne peut plus fluide, 10 minutes max montre en main et un douaner avec un sourire jusqu’au képi, nous arrivons sur la route qui longe la Riviera et notre objectif est de la remonter jusqu’à Fier avant d’aller faire un tour à l’intérieur des terres. La Riviera Albanaise c’est un peu plus d’une centaine de kilomètres de côtes au bord de la Mer Ionienne entre Sarandë et Vlorë. Quelques longues plages, des falaises, des criques, des villes balnéaires encore endormies au mois de d’avril mais toujours une eau bleu turquoise impressionnante. Cependant on sent que l’activité s’apprête à reprendre : on repeint les façades ici, on nettoie là les chambres d’hôtels, on replante les jardins et on ressort les tables des restaurants. D’ici un mois tout devrait être prêt pour accueillir les estivants de tout bord : locaux, allemands et italiens principalement. 

Premier stop à Ksamil




Réparation du treuil avant l'orage...

2eme stop a Sarandë




La vertigineuse Llogara Pass

Mais en haut... une mer de nuages



En attendant, nous, on peut encore se poser n’importe où et les albanais nous réservent un accueil super chaleureux. A notre grande surprise les personnes que nous rencontrons en nous baladant où en faisant nos courses parlent toutes plus ou moins anglais (au moins les plus jeunes), sont particulièrement serviables et sont très curieuses de savoir qui nous sommes et d’où nous venons. Elles cherchent le contact ce qui est fort sympa même si la langue albanaise ne facilite pas les choses. Le moindre mot est long, compliqué et imprononçable : Bonjour = përshëndetje, Au revoir = mirupafshimfe et merci = faleminderit. Franchement, retenir trois mots demande un bel effort et je crois que le Lion y a très tôt renoncé. Du coup il marmonne à chaque fois un truc en yaourt qui donne l’illusion phonétique et me fait beaucoup rire. Heureusement certains mots sont plus simples : on trouve des garazh, des stations de lavazh pour voitures et camions, des gomerista avec des montagnes de pneus neufs et usagés. 

La Citrouille passe au lavazh !

Et puis il y a aussi les mots liés à la nourriture. Une carte de restaurant vous proposera toujours des sallatat, des omëletë ou des piceri… Si vous avez un doute sur le 3ème mot il s’agit de la pizza. En fait la cuisine albanaise est aussi bien influencée par la Grèce ( beaucoup de tzatziki, de salades avec feta, tomates et concombre, feuilles de vignes ou des Gyros) que par la Turquie (les boulettes Kofte sont légions, comme les kebabs ou les böreks ) avec quelques spécialités locales comme les intestins et la panse de moutons ou le fameux Fërgesë Bishqemi un sorte de crème de poivrons rouges, tomates mixée avec un cottage cheese albanais le tout servi dans une cassolette en argile avec du pain au maïs. Bien sûr au bord de mer les poissons grillés sont légion mais aussi les pâtes au fruit de mer car l’Italie est très présente. Je n’ose penser que ce soit un reste de l’occupation fasciste de la 2nde guerre mondiale, mais plutôt la proximité géographique car quand vous êtes à Vlorë vous pouvez presque apercevoir Brindisi. Bref vous l’aurez compris après avoir été un peu frustré en Grèce où tout était fermé et où nous n’avons même pas pu manger une moussaka en 3 mois, ici on en profite d’autant que les prix sont bas et qu’il y aussi plein d’épiceries partout qui vendent de magnifiques fruits et légumes locaux… on a attaqué la saison des fraises à mon plus grand bonheur.

Une soupe locale... mais on ne sait tjs pas a base de quoi


Et voila les intestins de mouton... pas mauvais du tout !


On découvre également qu’il n’y a pas qu’au travers de la cuisine que l’Italie est présente mais aussi parce que les vieux albanais parlent italiens et que les plages sont littéralement couvertes de parasols soigneusement alignés les uns à côté des autres sur 4 ou 5 rangs façon Rimini. Une fois de plus je ne suis pas sûre d’avoir envie de voir ce que ça donne en Juillet. Mais la mer est d’un bleu turquoise superbe et les abords ne sont pas trop sales. Bon attention tout est relatif, on arrive de Grèce qui est une décharge à ciel ouvert donc si les poubelles ne débordent pas et que l’on ne bivouaque pas dans un océan de lingettes et de bouteilles en plastique, finalement on trouve que c’est propre. 

Ils nous prêtent un bout de terrain !



Beaucoup d'oliviers en Albanie


Monastère Shën Mërisë sur une petite île


On ne se plaint pas de la vue depuis notre fenêtre...

Une des premières choses qui surprend en arrivant en Albanie ce sont ces « champignons » de bétons qui sont partout présents le long des routes, dans les champs et même dans les rues en ville. Il s’agit de bunkers… et oui Enver Hoxha (le tristement fameux dictateur communiste qui a réduit l’Albanie en esclavage de 1945 à 1985) en avait fait un symbole et a fait construire 170 000 casemates pour la grandeur de la République Populaire Socialiste d’Albanie. Cela représente quand même 6 bunkers au kilomètre carré… qui n’ont servi à rien si ce n’est à épuiser les ressources du pays. Evidemment à la chute du communisme en 1990 les bunkers furent abandonnés et seuls certains sont réutilisés à ce jour en café, entrepôts ou cabanes de jardin. A Tirana, 2 d’entre eux ont été réhabilité en musés pour dénoncer les horreurs de ce régime. Autre particularité de l’Albanie : son parc automobile composé à 45% de Mercedes. Officiellement c’est parce que les routes sont mauvaises et la Mercedes est très résistante. Dans les faits si toutes ne sont pas de première jeunesse, on n’a jamais croisé un aussi grand nombre de Mercedes G, V8, et même des Maybach. Et je ne parle pas des Cayennes ou Range Rover sport. Comme quoi, même si le pays n’est pas riche il n’y a pas que des pauvres…et comme dirait le Lion s’il faut 10 000 pauvres pour faire un riche, ici il y a tellement de pauvres que c’est plus facile de devenir riche. 

Le bunker urbain...


Parmi les impasses du développement albanais il y a les routes. Tant que vous restez sur les « nationales » tout va bien mais si l’envie vous prend de suivre quelques routes secondaires alors tout est possible : trous (version nids d’autruche), étroitesse des files (il faut croiser les doigts pour ne croiser personne) voir arrêt brutal du goudron au profit d’une piste de terre totalement défoncée. Nous en avons fait les frais en voulant suivre le canyon d’Osumi. On a dû renoncer à la boucle initialement prévue sur google maps car après 50km d’un goudron plus ou moins correct on a débouché sur 25 km de pistes au travers des montagnes sans aucune garantie que l’on puisse passer. Avec un 4x4 généralement pas de problème mais sans indication et avec un camion de 6t et 3m5 de haut même 4x4… rien ne garantit que l’on ne reste pas coincé. Comme dit le Lion tout va bien mais il suffit de 10m pour être dans la panade (et je suis polie). Bref, demi-tour et retour sur Berat. La ville, classée au patrimoine de l’UNESCO, est juste superbe et vaut vraiment que l’on s’y arrête. Dominée par une citadelle escarpée elle est surnommée la ville aux 1000 fenêtres ou plus exactement la ville « des fenêtres sur fenêtres » en albanais. C’est en regardant les vieux quartiers de Gorica et de Mangalem que l’on comprend pourquoi. Nous posons la Citrouille au bord de la rivière et commençons notre exploration. Une atmosphère paisible en cette fin de matinée les terrasses des bars sont pleines d’hommes qui boivent du café et qui s’attroupent dans le parc pour jouer aux dominos ou aux échecs. Assis sur des bancs, les tables en pierre sont couvertes d’un morceau de carton sur lesquels ils font bruyamment claquer les pièces. Vers midi, le Muezin lance son appel du haut du minaret qui fait face à l’Eglise orthodoxe. Ici l’Islam est très modéré, pas de femmes voilées et on n’a pas l’impression d’être en plein Ramadan. Lentement on se dirige vers la citadelle, mais pour y accéder c’est la montée de la mort qui tue ! Une ruelle qui n’en finit pas de monter et dont les panneaux 10% de côte nous font bien rigoler (jaune). Mais lentement et surement on rejoint le château qui est en fait une citadelle, un vrai quartier de vie à l’intérieur des fortifications avec d’étroites ruelles pavées bordées de maisons en pierre d’un autre âge. Franchement la vue du haut de la citadelle vaut la grimpette. On domine la ville basse traversée par l’Osumi, entourées de collines verdoyantes parsemées de maisons blanches et cernée par les montagnes encore enneigées. Et puis la descente est plus simple et en bas c’est le moment de déjeuner ou de boire un verre le long de Bulevardi Republika, grande avenue piétonne qui le soir venu se remplie d’une foule fort sympathique ou familles et groupes d’adolescents déambulent. C’est à Berat que nous rencontrons Elodie, Jake et Maloa, une famille de français qui voyage en poids lourd. Elodie fait aussi partie du groupe FB Les filles du Bitumes et nous nous suivons plus ou moins depuis la Roumanie. On a souvent échangé des bons plans de spots pour se poser mais jusqu’ici nous nous étions ratés. Retard rattrapé puisque l’on va aussi se retrouver à la réserve de Divjake à la recherche des Pélicans frisés (ils sont supposés être là mais impossible des apercevoir) et à Tirana où nous passerons un chouette soirée autour d’un cocktail (voir 2). 

Berat quartier ottoman de Gorica

Et là, en face, le quartier chrétien de Mangalem

Les parties de dominos sont très disputées et le public présent !

Ca grimpe !


dans la citadelle...


En route pour le Canyon d'Osumi




il fait beau on en profite !

Le lion a une nouvelle copine !


Et maintenant la Lagune de Divjakë: mais où sont les pélicans ?




Pas pratique comme méthode de pêche...


Ils sont par là mais où?


Tirana… comme à chaque fois, la question de la Capitale c’est où se poser avec la Citrouille. Cette fois ci nous tentons de trouver un hôtel avec parking. On envoie une batterie de mails en règle aux hôtels supposés avoir un parking en précisant bien les dimensions de la bête. Sur les 6 envois, 2 me répondent que ça ne va pas être possible. Un 3eme me dit que c’est ok mais qu’il faudra passer par derrière l’hôtel. En arrivant sur place on comprend pourquoi : l’accès au parking se fait au travers d’un portique à moins de 3m. Bon on commence à faire le tour du quartier mais plus on avance plus on découvre que sorti des grandes avenues on arrive aussitôt sur un dédale de ruelles bordées de voitures posées en vrac de partout. Xtian fait tout son possible pour ne pas toucher, rentre les rétroviseurs, serre les fesses. Malheureusement impossible de tourner dans la dernière impasse pour accéder au parking de l’hôtel. Trop étroit et avec un morceau de balcon que l’on manque de démonter en frottant le pare branche (qui lui va s’en souvenir). Maintenant il nous faut faire marche arrière sans emboutir les voitures. On se dirait dans un souk c’est juste l’enfer et par 2 fois on va se retrouver tout simplement coincés sans pourvoir avancer ni reculer. Par chance à chaque fois un mec a pu bouger une voiture pour nous sortir de là et le Lion ne perd pas son sang-froid. Direction le deuxième hôtel…qui nous a dit avoir de « big places de parking » : rebelote, on se retrouve dans les ruelles mais on décide de s’arrêter sur une place et de partir voir le parking à pied. Moyennant une savante marche arrière ça devrait passer mais le dernier virage est quasiment impossible à négocier, on va arracher le pare-choc d’un voiture « garée » dans le virage. Là encore pour s’en sortir il nous faut éviter les fils électriques qui pendent en travers de la rue et monter sur le trottoir enfin libéré. Tout ça pour accéder à un couloir derrière l’hôtel où peuvent s’enfiler 3 voitures les unes derrière les autres. Problème il y en a déjà une et du coup on déborde sur le trottoir. Ça n’a pas l’air de déranger le gars de l’hôtel donc nous non plus. Quant à celui qui est garé devant… il devra patienter s’il veut sortir. Ouf ! On gagne notre chambre et on commence à décompresser. Xtian active la télécommande de la TV car son plaisir est de mater les chaines locales sans sous-titre. Raté, rien ne marche. Je redescends à la réception (ben oui il n’y a pas de téléphone dans la chambre) pour demander de l’aide quand le jeune homme à la réception me dit que c’est normal c’est 6€ par nuit de supplément pour avoir la TV. Vous y croyez vous ? C’est la première fois de ma vie que je dois payer un supplément TV à l’hôtel. Bon au final après avoir bien râler, c’est pas grave on s’en passera d’autant qu’on a un forfait internet avec data illimitées. Nous voilà prêts à découvrir la capitale. Pour être honnête il n’y a pas grand-chose à voir à Tirana en terme de monuments, mis à part le Musée de l’espionnage qui montre comment toute la population était surveillée durant la Dictature ou les 2 bunkers réhabilités pour dénoncer les exactions de ce régime communiste particulièrement rude. C’est assez impressionnant d’imaginer que la chute de la dictature n’a eu lieu qu’en 1990 et qu’à ce moment-là le pays n’avait pas vraiment évolué depuis la 2nde Guerre Mondiale. Aujourd’hui Tirana est en pleine mutation, les anciens bâtiments communistes sont en rénovation pour les valoriser comme patrimoine touristique, il y a des chantiers de gratte-ciel à tous les coins de rue et un nombre de bars et restaurants branchés à faire pâlir d’envie les parisiens. Notre hôtel est à 2 pas du quartier de Blloku, ce quartier autrefois fermé était réservé à l’élite du parti et Enver Hoxha y avait sa résidence. Aujourd’hui on y trouve des dizaines de restaurants tendance, des bars à cocktails, et des boutiques chics et branchées. J’ai même pu y trouver une boutique de thé digne du Palais des Thé ou de La Companie Coloniale, le patron y parlait un français parfait et l’ambiance sonore c’était France Culture. Alors on ne va pas cracher sur un ou deux mojitos accompagnés d’une plancha charcuterie fromage tout à fait succulente. Et même si les prix y sont élevés pour le pays, on est loin de rivaliser avec le moindre bar à vin français. En même temps à 2 pas de là, autour de la Mosquée Et’hem Bey on se croirait dans le souk d’Istanbul. Une myriade d’échoppes collées les unes aux autres vendent des valises Louis Vuitton, des T-Shirts Gucci, des survêtements Lacoste et même des foulards Hermes (si si avec une vraie étiquette). Moi, j’y ai trouvé une paire de Converse (avec le vrai logo ) pour 11€. Que du bonheur ! Sinon une petite visite au marché nous a permis d’acheter une bouteille de Raki artisanal à la prune. Le Raki c’est l’alcool national qui est bu en toute occasion. Il s’agit d’une eau de vie distillée avec tous les fruits disponibles, le plus souvent du raisin et on a une bonne grappa, nous on a choisi du Raki Kumbelle c’est-à-dire une eau de vie de prune très parfumée et absolument succulente. Indispensable pour digérer la tripe de moutons… En résumé, 2 jours et demi à Tirana c’est amplement suffisant pour voir une autre facette du pays. 



Mère Theresa, l'îcone albanaise


Le monument de l'Amitié

La place Skanderbeg, le symbole de Tirana avec l'Opera

La villa de Even Hoaxha très années 70 au coaur de Blloku

Rien de tel qu'un mojito au Radio bar avec des potes.

Cathédrale Orthodoxe "Résurrection du Christ"

                                               



Au marche, du tabac au poids comme les tomates


Et pour finir un peu de street art albanais.











Départ ce matin pour un retour sur la côte au bord de la Lagune de Patok. On a pu quitter le parking de l’hôtel sans problème (ouf !) et l’automobiliste à qui nous avions arraché le pare-choc n’est pas venu se manifester, comme quoi ce genre de désagrément ne doit pas être si rare. Mais il nous a fallu plus d’une heure pour se sortir des embouteillages sans se faire accrocher par automobilistes albanais qui n’ont peur de rien, s’arrêtent n’importe où sans prévenir, changent de file à tout bout de champs et forcent le passage à chaque carrefour. Une épreuve nerveuse pour le Lion qui retrouve ses esprits, posé au bord de l’eau… mais avec un vent à décorner les bœufs. Pour la suite on va continuer vers le Nord… et on vous racontera dans un prochain post !


Bisous à tous !