samedi 24 février 2024

Malawi c’est fini…Karibu in Tanzania !

 


Un peu plus de 2 semaines pour remonter le lac Malawi (ou lac Nyasa si on est sur la berge Tanzanienne) en direction de la Tanzanie, c’est peu mais c’est comme une parenthèse, une sorte de cabotage de plage en plage. La pluie s’éternisant sur les montagnes on oublie notre détour vers le Parc National de Nyika. Une dernière étape au Beach Chamber vers Koronga avant d’affronter le passage de frontière. L’occasion de camper sur la plage juste à côté du marché aux poissons. C’est cool mais un peu rude quand le bruit commence dès 4h30 du matin. Ce n’est pas vraiment notre heure mais on fait avec surtout que l’on a pu acheter de la petite friture fraîche et s’en délecter. Ici on a l’impression d’être au zoo mais c’est nous qui sommes sous haute surveillance. Des dizaines de gamins ne nous quittent pas des yeux sans rien demander en particulier juste de la curiosité devant ces blancs qui habitent dans un camion ou il y a même la lumière…De temps en temps le gardien du Beach Chamber vient les faire dégager mais ça ne dure pas très longtemps. Ils remontent au créneau très vite, la curiosité est trop forte. Pendant ce temps les femmes avec leur dernière progéniture accrochée dans le dos lavent des montagnes de linge dans le lac. Ca dure des heures, debout, pliées en deux et les pieds dans l’eau. Je comprends mieux comment la machine à laver le linge a libéré la femme. Et à coté de ça les hommes sont assis plus ou moins à l’ombre pour réparer les filets. Je crois que si j’étais femme j’échangerais volontiers ma place de mère de famille nombreuse contre celle de pêcheur en canoé. Mais bon moi je dis ça je dis rien…





Miam !


Il y a du monde le matin à 6h !


A la frontière côté Malawi, on commence à maitriser le process. D’abord l’immigration puis la douane avec le carnet de passage que l’on prend bien soin de vérifier avant de poursuivre côté Tanzanie à kasumulu. Là on est pris en charge par un « fixer », un type qui t’aide à faire les démarches. Ils sont habilités par les douanes et cherchent à tirer profit de ton ignorance. Dans notre cas le gars est plutôt sympa et finalement nous sera utile à la douane. D’abord parce qu’il faut transmettre un certain nombre de doc « numérisés » comme le permis de conduire, la carte grise et le passeport. Dans notre cas il les prend en photo et les expédie par Whatsapp à la douanière qui visiblement n’est pas très à l’aise avec l’anglais. Ensuite il y a discussion sur le montant de la carbon taxe et de la road taxe. Pour la 1ère on saura un peu tard que l’on s’est fait avoir. Aucun barème affiché, on nous fera payer 80USD alors qu’en fait d’autres voyageurs en camion ont payé 20USD. Pour la seconde tu dois dire d’où tu viens et où tu vas. Mais le plus drôle c’est que pour payer l’équivalent de ces 80 USD en Shilling il faut retirer des sous … direction le village à pied. C’est pas loin juste 800m mais encore faut-il que l’ATM fonctionne. Et quand tu as enfin la monnaie direction l’agent Airtel le plus proche pour payer. C’est un mec dans un kioske qui envoie ton argent à la douane et te donne un reçu en échange. A la douane tu donnes ton reçu et ils te rendent ton carnet de passage durement tamponné. Quand on demande pourquoi on ne paye pas à la banque directement, la réponse est claire : trop de papiers et process trop long pour récupérer l’argent. Ok, c’est clair.  En tout il nous a fallu un peu moins de 2 heures pour passer les douanes et on se prend une heure de décalage horaire en plus. 

L'école est finie !


Direction Kiwira où nous avons rendez-vous avec Ophélie, Bruce et les enfants. Notre dernière rencontre … eux ont entamé la redescente (ils doivent partir fin mai) et il faut qu’on leur donne les filtres à eau que l’on avait récupéré pour eux à DHL Livingtsone. On se retrouve dans un motel pour le 1
er soir puis on partira faire la rando du Ngosi Crater. Un lac d’altitude (2600m d’altitude) dans un cratère éteint. On hésite un moment pour savoir si on va au point de vue nord ou sud mais les infos que l’on trouve ne nous incitent pas à tenter l’accès nord qui semble assez périlleux surtout en saison des pluies. Bon par le sud on aura aussi des belles flaques d’eau et de boue à traverser mais les chauffeurs assurent un max et on va se poser pour 2 jours dans une belle prairie à l’entrée de la forêt. On va aussi expérimenter la vision locale du tourisme : tout est payant. Donc pour grimper au lac il faut s’acquitter d’un droit de 10 USD par tête et si tu veux camper au départ du sentier (et économiser les 2,5 km de marche d’approche par la piste) c’est 15 USD par véhicule. On fera la marche d’approche… d’autant qu’en haut ce qui est appelé camping n’est rien d’autre que le chantier d’une future centrale géothermique.



Xtian a décidé que pour la balade dans la jungle ce serait sans lui… on part donc avec Ophélie, Bruce et les enfants… Mais quelle galère ! Le sentier est une sacrée grimpette dans la forêt équatoriale c’est-à-dire la jungle. Des arbres avec des feuilles plus grandes que nous, des troncs pourrissants en travers du passage et surtout des nuées de mouches qui nous bouffent et de fourmis qui mordent. Tout est mouillé et ça glisse méchamment. A ce rythme là les enfants commencent à en avoir marre et la panique s’empare de Guilhem qui, en short, se fait dévorer par les fourmis. Il s’accroche au dos de son père et ne veut plus mettre pied à terre. Quand à Elyone, elle s’est enveloppée dans son K-Way (dans lequel elle doit suer sang et eau) mais panique à l’idée de tous les insectes qu’elle ne voit pas. Franchement au bout d’une heure dans ces conditions ça n’est plus jouable et on décide de rebrousser chemin. Les conditions sont trop dures pour les enfants, mais comme on ne s’avoue pas vaincus, Brice et moi referont une tentative le lendemain sans les enfants et sans repayer le droit d’entrée vu que le gardien n’a pas remontré le bout de son nez les 48h suivantes. 




Tentative fructueuse dans les mêmes conditions que la veille… ça grimpe, ça glisse, il fait chaud et pour certains passages c’est de l’escalade en s’accrochant aux racines. Il se mérite ce p….. de lac ! Un peu avant l’arrivée on est rejoint par un groupe de jeunes étudiants en uniforme d’école mais chaussés de claquettes, ou de chaussures de ville voir pour certains pieds nus. Ils nous doublent avec la musique du portable à fond en se marrant. On les retrouve au point de vue où ils se préparent à faire la descente vers la berge du lac. Quand je vois le départ du sentier (un trou où il faut s’accrocher aux racines) et qu’ils se changent pour se mettre en short et T-shirt je laisse tomber l’affaire mais Bruce ne résiste pas à les accompagner. Moi j’attendrai sagement sans souci, même avec leur encouragement et la promesse qu’ils vont aider « mama », j’ai passé l’âge de ces conneries. Et franchement quand je vois la tête de Bruce au retour je ne regrette pas ma décision.




Quand on se sépare notre plan est donc de tirer plein ouest vers le Lac Tanganyka, puis Kigoma et enfin la frontière avec le Rwanda. Après quelques courses à Mbeya on fait donc une 50aine de kilomètres pour un bivouac de bord de route qui nous laisse le temps de discuter…et de convenir que notre plan est finalement ‘’foireux’’, car nous risquons de passer mars et avril entre Rwanda et Ouganda au pire moment de la saison des pluies. Or, il faut savoir que ce sont 2 pays très verts, montagneux et très équatoriaux. Bref pas bon du tout la pluie et la gadoue. Nous revoyons donc la boucle dans l’autre sens et on part vers Dar Es Salam par la Highway to Hell ( la route de l’enfer pour les non-initiés). 1025 km sur la TanZam, c’est-à-dire l’axe principal entre Tanzanie et Zambie. On roule dans un flot continue de camions citernes, semi-remorques chargées de containers ou de rouleaux d’aciers. Tous sont loin d’être de première jeunesse et la route est loin d’être une autoroute. Dans les côtes certains ne dépassent pas le 10 km/h, et crachent une fumée noire qui nous asphyxie. Pour couronner l’ambiance et prévenir les improbables excès de vitesse on trouve des dos d’âne partout, des ralentisseurs tellement destroy qu’on y laisse les amortisseurs et des barrages de flics plus ou moins corrompus. En 48h le Lion s’est fait arrêter 4 fois, et a pris 2 prunes pour excès de vitesse. Le flic nous arrête, nous montre une photo du véhicule (reçue par Whatsapp de son collègue avec la caméra 2 km avant) relookée avec un masque qui imprime 57 ou 61 km/h. Il faut savoir que sur cette route la vitesse est limitée à 50km/h les trois-quarts du temps. Tu peux certes discuter, contester les 30000 shillings (11€) et patienter, le flic va surement se lasser mais sinon tu exiges un reçu ce qui déjà le fait c…. car obligé de déclarer l’amende et tu vas payer au kioske Airtel à côté. Tu as ton reçu et ils te donnent ton papier. C’est bien rodé leur plan.


Bus vs camion le bus gagne toujours !

In Allah we trust: il y a intérêt vu l'état du camion



Petit arrêt repas !

Pas mal le resto de bord de route...


On a donc mis 4 jours pour parcourir la distance avec des bivouacs plutôt sympas même si certains se sont révélés piégeux. Quand tu trouves une superbe prairie avec des traces et que tu décides de sortir des traces pour te mettre hors de vue, tout d’un coup tu sens le train arrière du camion qui s’enfonce. Trop tard ! Il nous faudra 2 heures pour creuser, mettre les plaques et pousser pour sortir. Heureusement les hommes du coin sont sympas et sont près à tous les efforts quand ils savent qu’il y a moyen de se faire un peu d’argent. Ils sont allés récupérer pelles et picoles (à première vue nos pelles font trop amateurs) et n’ont pas hésité à creuser y compris à plat ventre sous le camion vu qu’on avait aussi posé le pont arrière. Sans eux la Citrouille aurait sans doute dormi les roues dans la boue…



On a laissé quelques cicatrices...


Le long de cette (trop) loooooongue route on découvre un pays vert avec plantations de thé, de cannes à sucre, de riz, d’ananas, de bananes. Toute la vie des villages se concentre sur cet axe qui regorge d’activités. Au-delà des camions c’est une armée de motos Kinglion avec des chargements impossibles qui envahissent la chaussée. Il y en a partout et avec un prix d’entrée de moins de 700€ je pense que c’est le véhicule idéal. Je suis même sûre qu’en Europe elles feraient un carton. Au moindre ralentissement des dizaines de marchands viennent sous ta fenêtre pour te proposer leurs produits. Tous les légumes se vendent au seau. Ce qui ne nous facilite pas la vie vu que l’on est 2. On a acheté un seau de petits pois (pas moins de 2 kg), un seau de carottes le plus petit que j’ai trouvé pèse dans les 3kg et un seau de pommes de terre (moins de 10kg je n’ai pas trouvé). Je n’ai pas pu acheter de tomates parce que je n’ai ni l’envie ni le temps de me lancer dans les conserves ou les coulis. Autant vous dire qu’on a de quoi se lever l’envie de jardinière de légumes, de carottes rapées, de purée de patates ou de carottes, de riz cantonais ( comme ça tu as un mix)…on manque d’idées mais on ne se plaint pas des prix ( 1,80€ les 10kg de patates, 1€ les 2 kg de petits pois) ni du choix. Coté fruit c’est une ventrée de bananes et d’ananas. Pour le reste c’est moins facile car ici il n’y a plus de superette ou supermarché tu dois faire plusieurs petites échoppes pour trouver ton bonheur et heureusement que l’on a fait provision de beurre et yaourts avant de partir car ici c’est denrée rare, seulement de la margarine longue conservation qui ne nécessite pas de réfrigérateur. Je ne veux même pas savoir ce qu’il y a dedans…





Avant...

Pendant...

Après !


Mais même si la route est dense on fait de belles rencontres en traversant le parc de Mikumi





Notre dernier plan fut de faire le marché et le plein de diesel à Morongoro chez Total car ils prennent la carte visa, ce qui est loin d'être le cas partout, pour la "modique" somme de 193 400 shillings ( environ 70€) puis on va se balader en ville pour trouver du pain, du yaourt et manger un morceau. C'est en payant le resto que le lion s'aperçoit que le ticket de carte de Total n'affiche pas 193 400 mais 1 934 400 shillings, soit l'équivalent de 650l de diesel. Blurps ! Retour au point de départ ou le lion tout en délicatesse explique qu'ils ont dû se tromper, a force de manipuler les 10 000 et les 100 000 on commence à se mélanger les pinceaux mais rarement dans le bon sens. Aucun souci sur le fond ils reconnaissent leur erreur mais ne savent pas rembourser sur la carte de crédit, il faut donc qu'ils rassemblent un belle liasse de billets pour nous rembourser en liquide. Et nous de nous retrouver avec un pile de billets de 10 000 qui va nous dispenser de rechercher des ATM pendant un bon bout de temps.





poissons séchés

Vin bio organique tanzanien... no comment !

Enfin arrivés à Dar Es Salam on prend nos marques au camping Mikadi au bord de l’Océan Indien mais le 1er jour est consacré à réparer le compresseur qui ne fait plus assez de pression. Xtian démonte, casse une connexion, recolle la pièce, la recasse encore... une histoire sans fin mais va falloir se débrouiller car on n'est plus en Afrique du Sud et Castorama n'a pas encore prit ses marques en Tanzanie. On visitera donc la ville demain avant une escapade de 3 jours à Zanzibar… mais ça il vous faudra patienter pour en savoir plus…



Le lion au travail !

Bisous a tous et à très bientôt !