Un peu plus de 2 semaines pour remonter le lac Malawi (ou
lac Nyasa si on est sur la berge Tanzanienne) en direction de la Tanzanie,
c’est peu mais c’est comme une parenthèse, une sorte de cabotage de plage en
plage. La pluie s’éternisant sur les montagnes on oublie notre détour vers le
Parc National de Nyika. Une dernière étape au Beach Chamber vers Koronga avant
d’affronter le passage de frontière. L’occasion de camper sur la plage juste à
côté du marché aux poissons. C’est cool mais un peu rude quand le bruit
commence dès 4h30 du matin. Ce n’est pas vraiment notre heure mais on fait avec
surtout que l’on a pu acheter de la petite friture fraîche et s’en délecter.
Ici on a l’impression d’être au zoo mais c’est nous qui sommes sous haute
surveillance. Des dizaines de gamins ne nous quittent pas des yeux sans rien
demander en particulier juste de la curiosité devant ces blancs qui habitent
dans un camion ou il y a même la lumière…De temps en temps le gardien du Beach
Chamber vient les faire dégager mais ça ne dure pas très longtemps. Ils
remontent au créneau très vite, la curiosité est trop forte. Pendant ce temps
les femmes avec leur dernière progéniture accrochée dans le dos lavent des
montagnes de linge dans le lac. Ca dure des heures, debout, pliées en deux et
les pieds dans l’eau. Je comprends mieux comment la machine à laver le linge a
libéré la femme. Et à coté de ça les hommes sont assis plus ou moins à l’ombre
pour réparer les filets. Je crois que si j’étais femme j’échangerais volontiers
ma place de mère de famille nombreuse contre celle de pêcheur en canoé. Mais
bon moi je dis ça je dis rien… |
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Miam ! |
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Il y a du monde le matin à 6h ! |
A la frontière côté Malawi, on commence à maitriser le
process. D’abord l’immigration puis la douane avec le carnet de passage que
l’on prend bien soin de vérifier avant de poursuivre côté Tanzanie à kasumulu.
Là on est pris en charge par un « fixer », un type qui t’aide à faire
les démarches. Ils sont habilités par les douanes et cherchent à tirer profit
de ton ignorance. Dans notre cas le gars est plutôt sympa et finalement nous
sera utile à la douane. D’abord parce qu’il faut transmettre un certain nombre
de doc « numérisés » comme le permis de conduire, la carte grise et
le passeport. Dans notre cas il les prend en photo et les expédie par Whatsapp
à la douanière qui visiblement n’est pas très à l’aise avec l’anglais. Ensuite
il y a discussion sur le montant de la carbon taxe et de la road taxe. Pour la 1ère on saura un peu tard que l’on
s’est fait avoir. Aucun barème affiché, on nous fera payer 80USD alors qu’en
fait d’autres voyageurs en camion ont payé 20USD. Pour la seconde tu dois dire
d’où tu viens et où tu vas. Mais le plus drôle c’est que pour payer
l’équivalent de ces 80 USD en Shilling il faut retirer des sous … direction le
village à pied. C’est pas loin juste 800m mais encore faut-il que l’ATM
fonctionne. Et quand tu as enfin la monnaie direction l’agent Airtel le plus
proche pour payer. C’est un mec dans un kioske qui envoie ton argent à la
douane et te donne un reçu en échange. A la douane tu donnes ton reçu et ils te
rendent ton carnet de passage durement tamponné. Quand on demande pourquoi on
ne paye pas à la banque directement, la réponse est claire : trop de
papiers et process trop long pour récupérer l’argent. Ok, c’est clair. En tout il nous a fallu un peu moins de 2
heures pour passer les douanes et on se prend une heure de décalage horaire en
plus. |
L'école est finie ! |
Direction Kiwira où nous avons rendez-vous avec Ophélie, Bruce et les
enfants. Notre dernière rencontre … eux ont entamé la redescente (ils doivent
partir fin mai) et il faut qu’on leur donne les filtres à eau que l’on avait
récupéré pour eux à DHL Livingtsone. On se retrouve dans un motel pour le 1er
soir puis on partira faire la rando du Ngosi Crater. Un lac d’altitude (2600m
d’altitude) dans un cratère éteint. On hésite un moment pour savoir si on va au
point de vue nord ou sud mais les infos que l’on trouve ne nous incitent pas à
tenter l’accès nord qui semble assez périlleux surtout en saison des pluies.
Bon par le sud on aura aussi des belles flaques d’eau et de boue à traverser
mais les chauffeurs assurent un max et on va se poser pour 2 jours dans une
belle prairie à l’entrée de la forêt. On va aussi expérimenter la vision locale
du tourisme : tout est payant. Donc pour grimper au lac il faut
s’acquitter d’un droit de 10 USD par tête et si tu veux camper au départ du
sentier (et économiser les 2,5 km de marche d’approche par la piste) c’est 15
USD par véhicule. On fera la marche d’approche… d’autant qu’en haut ce qui est
appelé camping n’est rien d’autre que le chantier d’une future centrale
géothermique.
Xtian a décidé que pour la balade dans la jungle ce serait
sans lui… on part donc avec Ophélie, Bruce et les enfants… Mais quelle
galère ! Le sentier est une sacrée grimpette dans la forêt équatoriale
c’est-à-dire la jungle. Des arbres avec des feuilles plus grandes que nous, des
troncs pourrissants en travers du passage et surtout des nuées de mouches qui
nous bouffent et de fourmis qui mordent. Tout est mouillé et ça glisse
méchamment. A ce rythme là les enfants commencent à en avoir marre et la
panique s’empare de Guilhem qui, en short, se fait dévorer par les fourmis. Il
s’accroche au dos de son père et ne veut plus mettre pied à terre. Quand à
Elyone, elle s’est enveloppée dans son K-Way (dans lequel elle doit suer sang
et eau) mais panique à l’idée de tous les insectes qu’elle ne voit pas.
Franchement au bout d’une heure dans ces conditions ça n’est plus jouable et on
décide de rebrousser chemin. Les conditions sont trop dures pour les enfants,
mais comme on ne s’avoue pas vaincus, Brice et moi referont une tentative le
lendemain sans les enfants et sans repayer le droit d’entrée vu que le gardien
n’a pas remontré le bout de son nez les 48h suivantes.
Tentative fructueuse
dans les mêmes conditions que la veille… ça grimpe, ça glisse, il fait chaud et
pour certains passages c’est de l’escalade en s’accrochant aux racines. Il se
mérite ce p….. de lac ! Un peu avant l’arrivée on est rejoint par un
groupe de jeunes étudiants en uniforme d’école mais chaussés de claquettes, ou
de chaussures de ville voir pour certains pieds nus. Ils nous doublent avec la
musique du portable à fond en se marrant. On les retrouve au point de vue où
ils se préparent à faire la descente vers la berge du lac. Quand je vois le
départ du sentier (un trou où il faut s’accrocher aux racines) et qu’ils se
changent pour se mettre en short et T-shirt je laisse tomber l’affaire mais
Bruce ne résiste pas à les accompagner. Moi j’attendrai sagement sans souci,
même avec leur encouragement et la promesse qu’ils vont aider
« mama », j’ai passé l’âge de ces conneries. Et franchement quand je
vois la tête de Bruce au retour je ne regrette pas ma décision.
Quand on se sépare notre plan est donc de tirer plein ouest
vers le Lac Tanganyka, puis Kigoma et enfin la frontière avec le Rwanda. Après
quelques courses à Mbeya on fait donc une 50aine de kilomètres pour un bivouac
de bord de route qui nous laisse le temps de discuter…et de convenir que notre
plan est finalement ‘’foireux’’, car nous risquons de passer mars et avril
entre Rwanda et Ouganda au pire moment de la saison des pluies. Or, il faut
savoir que ce sont 2 pays très verts, montagneux et très équatoriaux. Bref pas
bon du tout la pluie et la gadoue. Nous revoyons donc la boucle dans l’autre
sens et on part vers Dar Es Salam par la Highway to Hell ( la route de l’enfer
pour les non-initiés). 1025 km sur la TanZam, c’est-à-dire l’axe principal
entre Tanzanie et Zambie. On roule dans un flot continue de camions citernes,
semi-remorques chargées de containers ou de rouleaux d’aciers. Tous sont loin
d’être de première jeunesse et la route est loin d’être une autoroute. Dans les
côtes certains ne dépassent pas le 10 km/h, et crachent une fumée noire qui
nous asphyxie. Pour couronner l’ambiance et prévenir les improbables excès de
vitesse on trouve des dos d’âne partout, des ralentisseurs tellement destroy
qu’on y laisse les amortisseurs et des barrages de flics plus ou moins
corrompus. En 48h le Lion s’est fait arrêter 4 fois, et a pris 2 prunes pour
excès de vitesse. Le flic nous arrête, nous montre une photo du véhicule (reçue
par Whatsapp de son collègue avec la caméra 2 km avant) relookée avec un masque
qui imprime 57 ou 61 km/h. Il faut savoir que sur cette route la vitesse est limitée à
50km/h les trois-quarts du temps. Tu peux certes discuter, contester les 30000
shillings (11€) et patienter, le flic va surement se lasser mais sinon tu exiges
un reçu ce qui déjà le fait c…. car obligé de déclarer l’amende et tu vas payer
au kioske Airtel à côté. Tu as ton reçu et ils te donnent ton papier. C’est
bien rodé leur plan.
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Bus vs camion le bus gagne toujours ! |
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In Allah we trust: il y a intérêt vu l'état du camion |
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Petit arrêt repas ! |
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Pas mal le resto de bord de route... |
On a donc mis 4 jours pour parcourir la distance avec des
bivouacs plutôt sympas même si certains se sont révélés piégeux. Quand tu
trouves une superbe prairie avec des traces et que tu décides de sortir des
traces pour te mettre hors de vue, tout d’un coup tu sens le train arrière du
camion qui s’enfonce. Trop tard ! Il nous faudra 2 heures pour creuser,
mettre les plaques et pousser pour sortir. Heureusement les hommes du coin sont
sympas et sont près à tous les efforts quand ils savent qu’il y a moyen de se
faire un peu d’argent. Ils sont allés récupérer pelles et picoles (à première
vue nos pelles font trop amateurs) et n’ont pas hésité à creuser y compris à
plat ventre sous le camion vu qu’on avait aussi posé le pont arrière. Sans eux la
Citrouille aurait sans doute dormi les roues dans la boue…
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On a laissé quelques cicatrices... |
Le long de cette (trop) loooooongue route on découvre un
pays vert avec plantations de thé, de cannes à sucre, de riz, d’ananas, de
bananes. Toute la vie des villages se concentre sur cet axe qui regorge d’activités.
Au-delà des camions c’est une armée de motos Kinglion avec des chargements
impossibles qui envahissent la chaussée. Il y en a partout et avec un prix
d’entrée de moins de 700€ je pense que c’est le véhicule idéal. Je suis même sûre
qu’en Europe elles feraient un carton. Au moindre ralentissement des dizaines
de marchands viennent sous ta fenêtre pour te proposer leurs produits. Tous les
légumes se vendent au seau. Ce qui ne nous facilite pas la vie vu que l’on est
2. On a acheté un seau de petits pois (pas moins de 2 kg), un seau de carottes
le plus petit que j’ai trouvé pèse dans les 3kg et un seau de pommes de terre
(moins de 10kg je n’ai pas trouvé). Je n’ai pas pu acheter de tomates parce que
je n’ai ni l’envie ni le temps de me lancer dans les conserves ou les coulis. Autant
vous dire qu’on a de quoi se lever l’envie de jardinière de légumes, de carottes
rapées, de purée de patates ou de carottes, de riz cantonais ( comme ça tu as
un mix)…on manque d’idées mais on ne se plaint pas des prix ( 1,80€ les 10kg de
patates, 1€ les 2 kg de petits pois) ni du choix. Coté fruit c’est une ventrée
de bananes et d’ananas. Pour le reste c’est moins facile car ici il n’y a plus
de superette ou supermarché tu dois faire plusieurs petites échoppes pour
trouver ton bonheur et heureusement que l’on a fait provision de beurre et
yaourts avant de partir car ici c’est denrée rare, seulement de la margarine
longue conservation qui ne nécessite pas de réfrigérateur. Je ne veux même pas
savoir ce qu’il y a dedans… |
Avant... |
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Pendant... |
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Après ! |
Mais même si la route est dense on fait de belles rencontres en traversant le parc de Mikumi
Notre dernier plan fut de faire le marché et le plein de diesel à Morongoro chez Total car ils prennent la carte visa, ce qui est loin d'être le cas partout, pour la "modique" somme de 193 400 shillings ( environ 70€) puis on va se balader en ville pour trouver du pain, du yaourt et manger un morceau. C'est en payant le resto que le lion s'aperçoit que le ticket de carte de Total n'affiche pas 193 400 mais 1 934 400 shillings, soit l'équivalent de 650l de diesel. Blurps ! Retour au point de départ ou le lion tout en délicatesse explique qu'ils ont dû se tromper, a force de manipuler les 10 000 et les 100 000 on commence à se mélanger les pinceaux mais rarement dans le bon sens. Aucun souci sur le fond ils reconnaissent leur erreur mais ne savent pas rembourser sur la carte de crédit, il faut donc qu'ils rassemblent un belle liasse de billets pour nous rembourser en liquide. Et nous de nous retrouver avec un pile de billets de 10 000 qui va nous dispenser de rechercher des ATM pendant un bon bout de temps.
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poissons séchés |
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Vin bio organique tanzanien... no comment ! |
Enfin arrivés à Dar Es Salam on prend nos marques au camping
Mikadi au bord de l’Océan Indien mais le 1er jour est consacré à réparer le
compresseur qui ne fait plus assez de pression. Xtian démonte, casse une connexion, recolle la pièce, la recasse encore... une histoire sans fin mais va falloir se débrouiller car on n'est plus en Afrique du Sud et Castorama n'a pas encore prit ses marques en Tanzanie. On visitera donc la ville demain avant
une escapade de 3 jours à Zanzibar… mais ça il vous faudra patienter pour en savoir
plus…
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Le lion au travail ! |
Bisous a tous et à très bientôt !