vendredi 24 septembre 2021

 


L’avantage de visiter un petit pays c’est que tu peux faire des tours et des détours sans pour autant enchainer des centaines de kilomètres. C’est un peu le cas ici, après les Mala Fatra nous sommes partis explorer les montagnes des Hautes Tatras, enfin quand je dis explorer tout est relatif car l’homme est toujours en convalescence et impossible de forcer trop longtemps. Ce sera donc balade autour des lacs plutôt que randonnée dans les hauts sommets ( ce qui n’est de toute manière pas notre spécialité). Encore que lorsque l’on dit Haut sommet tout est relatif, le plus haut sommet des Hautes Tatras est le Mont Gerlachovky qui culmine à un peu plus de 2650m mais sinon on est plutôt aux alentours des 2000m. 

Profitons des beaux jours... l'homme au travail !

Lac de Strbske Pleso





Pour nous ce sera le Lomnicky Stit à 2600m en télécabine (pour lesquelles il nous faut alors montrer patte blanche : pass sanitaire et masque FFP2). Malheureusement nous serons dans les nuages et donc impossible d’avoir la vue « époustouflante » tant attendue. Et pour attendre on a attendu mais les nuages avaient décidé de s’accrocher et pour nous 6° n’est pas une température suffisante pour flâner trop longtemps. On redescend donc… vers la station. 



Encore des nuages...

Toujours des nuages !

En fait il n’y a pas vraiment de stations de ski ni village de montagne comme on peut les imaginer seulement quelques hôtels et « penzions » et 2 ou 3 remontées mécaniques qui desservent des pistes bordées de canons à neige. Ce qui laisse à penser que le niveau d’enneigement n’est pas top. Par contre la région est hyper touristique et même à la mi-septembre il y a foule sur les parkings et sur les sentiers. Je n’imagine même pas ce que ça doit être en pleine saison estivale…Bon il faut dire aussi que l’on y est le 15 septembre jour férié en Slovaquie pour célébrer Notre Dame des 7 Douleurs, la Sainte Patronne du pays. Et cette année le Pape lui-même, en personne était en tournée officielle en Slovaquie. Et puis c’est la saison des champignons… alors sur les bords de route il y a plein d’hommes (souvent des Roms nous semble-t-il) qui vendent des cèpes à la volée dans des seaux. Perso on trouve ça un peu curieux que ce soient uniquement des Roms et sur le bord de la route… c’est à se demander d’où viennent réellement les champignons. On préfère passer notre chemin à la recherche de coins de bivouacs natures (si possible avec brames de cerf la nuit, c’est trop génial quand ils s’en donnent à cœur joie). 



C’est d’ailleurs sur un petit bivouac dans les Tatras que l’on rencontre Dora et Jangert, un jeune couple de belges fans de rando, en voyage pour 7 mois dans leur van. Et comme je vous le disais la Slovaquie est petite, on les retrouvera donc 5 jours plus tard au bord d’un lac dans le Parc National du Paradis Slovaque. L’occasion de se faire une petite bouffe avant que nos routes se séparent car ils tracent direct vers le Sud quand nous dirigeons nos roues vers la Hongrie et Roumanie. 

Soirée rizotto et crèpes avec Dora et Jangert !


Xtian a trouvé un copain pas sauvage et gourmand

Bon les Tatras c’est sans doute le must du tourisme slovaque mais ça fait 70 km de long tout au plus, donc on arrive vite au bout… on décide alors de suivre la frontière polonaise pour visiter Bardejov. Le lion à repérer une sorte de musée en plein air de l’architecture traditionnelle… (ok ok on visite ce que l’on peut) qui se situe en fait à Bardejovske Kupele, la station thermale à quelques kilomètres de là. La station est un doux mélange de luxe début XXème comme en témoigne l’Hôtel Astoria qui a dû connaitre des jours meilleurs et de bâtiments typiques de l’ère soviétique comme l’Hôtel Alexander ou le Hall à colonnes où les curistes vont prendre les eaux. A l’intérieur un long comptoir avec des robinets différents selon les sources et des affichettes qui expliquent les teneurs minérales de chacune d’entre elle. Chaque curiste vient prendre sa dose dans une tasse à bec long. La préposée aux eaux derrière son comptoir (qui a dû être recrutée et formée durant l’ère soviétique) finit par nous donner 2 gobelets en carton pour que nous testions. Alors comment dire… on en a testé une première : la source Napoléon (ben oui on ne se refait pas) assez neutre et légèrement pétillante mais on a vite arrêté nos velléités car toutes les autres dégagent une odeur de soufre franchement peu ragoutante (une odeur d’œuf pourri quoi !) et, Christian en témoigne le goût est à la hauteur de l’odeur. Beurk !!! Finalement on préfère se rabattre sur l’autre spécialité locale les « kupelne oblatky » sorte de gaufrettes ultrafine grandes comme des pains azymes (ou des tortillas) et fourrées de différentes saveurs de la vanille au caramel en passant par les fruits rouges ou d’autres saveurs improbables. Chaque galette ne fait pas plus d’un millimètre d’épaisseur, une vraie gourmandise ! 

L'hotel Astoria

Tout le charme et la déco de l'ère soviétique








place principale de la ville médiévale de Bardejov

impossible de ne pas le faire...



oui c'est l'automne, donc frais !
Bon c’est pas tout mais il est temps de faire un tour dans le parc national du Paradis Slovaque et de visiter le château de Spis. C’est à coup sûr le plus connu et réputé des châteaux slovaques qui comme il se doit culmine au sommet d’un éperon rocheux. Le chemin d’accès n’est pas vraiment du goût de l’homme ni même les allées pierreuses qu’il faut prendre pour le visiter… à priori ils n’avaient pas pensé à goudronner au Moyen Age. L’occasion pour nous de suivre un couple venu faire les photos de mariages sur fond de château médiéval. Elle a une robe tout en décolletée et dentelle mais dessous sous la meringue c’est bas de jogging et baskets. Trop drôle de la voir crapahuter avec la meringue relevée sur les basques… 


le cadre idyllique pour des photos de mariages !

vue du bivouac en dessous du chateau

les escaliers pour monter à la tour!



On continue notre périple dans les moyennes montagnes où les villages ne sont en fait qu’une unique route bordée de maisons individuelles sans aucune particularités architecturales mais aux couleurs totalement improbables : jaune, vert, bleu, orange. Cette Slovaquie rurale ne respire pas vraiment la richesse et on voit se multiplier les communautés roms dans des habitations pour le moins délabrées. Genre petit bâtiment de l’époque soviétique qui n’a pas vu de rénovation depuis, voir vieux container... C’est étrange de voir que ces familles vivent ici en communauté de manière sédentaire dans des conditions tout aussi misérables et marginales que chez nous. C’est aussi surprenant de les voir concentrées uniquement dans cette partie sud est du pays mais nous resterons avec nos interrogations car une fois de plus les contacts avec les locaux sont plus que limités.

Notre dernière étape slovaque sera Kosice, 2ème ville du pays à une vingtaine de kilomètres de la frontière. Nous allons là encore expérimenter le bivouac urbain sur le parking de la fac et à nouveau nous serons bercés par le doux bruit de la circulation et des trams. C’est là que tu te rends compte que les transports en commun circulent longtemps : le dernier passe vers minuit et à 4h30 c’est reparti. Tout ça pour une balade citadine et un resto. Ce qui nous fait réaliser qu’après 3 semaines on n’a toujours pas compris à quelle heure les slovaques sortent. Les restos ferment vers 21 ou 22h et il n’y a personnes dans les bars vers 19h (à l’heure de l’apéro quoi). Parfois on a l’impression qu’on est totalement décalé ou que c’est jour férié (non on a vérifié ce n’est pas le cas) mais on n’a pas encore trouvé dans quel sens.








Voilà notre séjour slovaque touche à sa fin. 3 semaines c’est juste assez pour retenir comment on dit bonjour, merci et au revoir, pour profiter des superbes paysages de montagne au son du brame nocturne des cerfs (à condition d’avoir 2 pattes qui fonctionnent et pas trop de nuages), pour apprécier la gastronomie slovaque sans en abuser (et réussir à trouver le cépage de rouge qui va bien avec).

Notre trace en Slovaquie 


On va donc franchir la frontière avec la Hongrie pour se diriger vers Tokaj la fameuse région des vins de Tokay si réputée dans le monde entier. Je vois d’ici le sourire de certains (ou certaines) qui doivent se dire que nous passons notre temps à chercher ce qu’il y a boire ou à manger. Mais franchement venir en Hongrie et ne pas gouter les vins de Tokay ce serait impardonnable. Et puis notre devise est bien de vivre autours du monde, donc prenons le temps…

Bisous à tous !


mardi 14 septembre 2021

Ahotje a vitajte na Slovensku !


Voilà presque 10 jours déjà que nous sommes arrivés dans ce petit pays franchement peu connu. Si je fais un sondage je suis sûre que la seule évocation qui vous vient en tête est celle de Mickael Young et ses Bratislaboys des années 80. Pas très flatteur… je laisse le soin à ceux à qui ne connaissent pas d’aller découvrir sur Youtube cette merveille de la création musicale française. Pour ce qui nous concerne nos avons passé la frontière sans que l’on nous demande quoi que ce soit sauf de payer la vignette pour les autoroutes (14€ pour un mois ça va on est encore loin du coût des péages français). Pour ce qui est du pass sanitaire je vais finir par croire que c’est une légende. 

La Slovaquie c’est un peu plus de 5 millions d’habitants, un pays qui est devenu indépendant après la révolution de velours en 1993 qui marque la dissolution de la Tchécoslovaquie et qui est devenu membre de l’Union Européenne dès 2004. Contrairement à la République Tchèque, la Slovaquie adopte l’Euro en 2009 ce qui fait qu’ici les prix sont très proches de ceux que l’on connait en France sauf peut être la bouffe et la bière. Par contre question patrimoine culinaire on est toujours très proche de ce que l’on a connu en Tchéquie : des pirohis (raviolis) et des sortes de gnocchis à base de farine de pomme de terre farcis au fromage de brebis ou à la viande fumée et servis avec de la crème fraîche, du chou fermenté et des lardons. 2 jours de ce régime là à Bratislava et nous rêvons de salade de tomate ou de pizza. 




En passant la frontière nous arrivons direct à Bratislava, la capitale… une ville qui nous séduit par sa dimension réduite et finalement le peu de présence étrangère. En comparaison de Prague ou de Vienne, Bratislava ne recèle que très peu d’attrait touristique. En été beaucoup de touristes étrangers arrivent de Vienne pour la journée avec un hydroglisseur sur le Danube. Ici, pas de musée incontournable, pas de monuments emblématiques, même le château ne présente pas grand intérêt. 








Pourtant plein de beaux bâtiments baroques ou Art Nouveaux, des dizaines de cours intérieures comme autant de petites merveilles cachées derrière des portiques, un centre-ville piéton chargé d’histoire et le Danube (toujours pas bleu). Il est particulièrement agréable de se balader en poussant les portes des « palaces », de faire un tour au marché central, chercher les statues insolites qui se cachent dans le centre-ville et de boire un Kofola (sorte de Coca Cola local mais en bien plus dégueulasse selon moi) sur la « plage » aménagée de chaises longues. 




Quand tu as la voiture assortie à l'hôtel...



Incontournable : le test des glaces Koun

Cerise sur le gâteau, pour ce qui me concerne, Bratislava accueille un festival de Street Art et donc une belle occasion de partir à la recherche de ces fresques en arpentant les rues le nez au vent. Le soir venu on peut se poser sous les arbres dans un Biergarten et déguster un repas slovaque. Enfin ça c’est le 1er soir parce que quand tu as passé la nuit à tenter de digérer les pirohis au chou, tu te dis que tu vas mettre la découverte de la gastronomie locale en pause. 










3 jours à Bratislava c’est bien et maintenant cap à l’Est et au Nord. Car le véritable attrait de la Slovaquie c’est les Tatras. Cette chaîne de montagne qui sert de frontière avec la Pologne et qui regorge de beaux paysages, de villages pittoresques et de promesses de belles balades. En préparant un tant soit peu notre périple j’ai noté des noms de lieu, quelques « incontournables » mais finalement comme d’habitude on se laisse porter par ce qui se présente à nous. Et pour tout dire nos n’avançons pas vite… on stoppe pour la visite d’un moulin hydraulique pour moudre le maïs, mais comme le champ contigüe est accueillant et la gardienne du moulin sympa on va y passer la nuit. Puis 30km plus loin C’est la petite ville de Banska Stiavnica, avec ses châteaux (le vieux et le nouveau) et son fameux calvaire. Si jamais vous ne savez pas ce qu’est un chemin de croix au sens propre et bien là c’est l’occasion de le découvrir. Un vrai calvaire grandeur nature… un peu moins d’un kilomètre mais un crapahutage de folie, tout ça pour un joli point de vue sur la nature environnante depuis la chapelle du haut. Alors au retour c’est stop à la pizzéria du village : un bon choix pour moi mais j’ai failli perdre mon homme qui n’a pas résisté à la version hot chili Peppers. Première fois que je le vois cracher des flammes et ne pas finir son assiette. 5 jours après ses intestins s’en souviennent encore (il en est presque à regretter les gnocchis au fromage de brebis, hi hi hi). Tout près de là nous trouvons un étang qui nous tend les bras… et au bord duquel nous allons passer 2 jours avec les pêcheurs et le brame des cerfs tout au long de la nuit. On comprend mieux pourquoi quand nous croisons un troupeau de biches au détour d’une balade. Ca drague dur la nuit…




Vue de loin c'est tentant !

Quel calvaire !

Ouf ! En haut !

Source d'eau pétillante... trouvée par hasard

Ici c'est le pays des pommiers sauvages

Le plus difficile dans ce pays c’est le manque d’échange. Les slovaques que nous rencontrons ne parlent pas un mot d’anglais et rien n’est prévu pour le tourisme étranger. Donc au final tu passes à coté de rencontres et de compréhension. Nous avons par exemple fait un stop à Cicmani un petit village de montagne avec de superbes maisons aux façades décorées de motifs graphiques qui semblent codifiés. De plus c’est le seul village avec cette particularité… mais impossible d’en savoir plus. On profite mais je trouve quand même ça un peu frustrant. 







Il y a 2 jours nous sommes arrivés dans le Parc National de Mala Fatra. Il s’agit de la partie ouest des la chaîne des Tatras au programme balade au Mont Chleb avec montée en télécabine puis belle balade pour redescendre. Forts de notre déconvenue en Tchéquie nous arrivons la veille dans l’après-midi, le parking est plein mais no souci on se pose plus bas et on reviendra en soirée. Bonne idée car le lendemain le parking est plein archi plein à 8h du mat (heure à laquelle mon réveil sonne péniblement). A 10h on est dans les starting blocks, pique-nique dans le sac et mon homme rassemble tout son courage pour prendre les cabines (oui oui il déteste ça au plus haut point) Petit café à l’arrivée et c’est parti pour la balade et ses 800m de dénivelé négatif. On n’a pas fait 1 km que le mollet droit de mon homme décide de lâcher la partie (il avait déjà donné des signes de faiblesses en Tchéquie et on avait acheté une jambière de compression à Bratislava) : claquage musculaire. Comme sa tête est plus dure que son mollet il décide de continuer et entame donc 3 heures de calvaires. Le sentier est une horreur : très pentu, en dévers et avec des monceaux de pierre à franchir. On a bien dégoté un bâton (un vrai bout de bois pas un bâton de marche nordique sinon c’est pas drôle) pour qu’il s’appuie dessus mais chaque pas est douloureux. D’abord la jambe dont le muscle est HS mais peu à peu comme tout l’effort porte sur l’autre jambe c’est le mollet et la cuisse gauches qui s’y mettent. Peu importe le nombre de stops : il a serré les dents et il l’a fait ! On est finalement arrivé au bout pour retrouver le camion (en même temps pas le choix) mais en conséquence c’est plus du tout de marche pour une durée indéterminée ( 6 semaines pour les meilleurs pronostics). Le point positif c’est qu’il a découverts des muscles qu’il ne soupçonnait pas et que finalement il a plus mal à cause des courbatures que du claquage. Je me retrouve donc seule à marcher… c’est moins drôle mais je sais que je peux le retrouver facilement : il suffit que je cherche la terrasse du pivovar (bar à bière) !



Heureusement on arrive à la fin...



Bivouac tout tranquille

Bon après 3 jours full repos le lion ne tient plus… du coup il a décidé de m’accompagner dans la visite du château d’Orava (Oravsky Hrad) et ce n’est pas une mince affaire car ce château citadelle dont la plus ancienne partie date du XIII ème siècle se trouve sur un éperon rocheux et les 154 pièces se visitent au prix de plus de 754 marches d’escalier. On y va molo...C’est ici qu’a été tourné les film « Nosferatu : a symphony of horor » dans sa première version celle de 1922…et de nombreux autres films slovaques en costume dont je vous épargnerai les noms (désolé pour les puristes du cinéma slovaque s’il y en a) Bon entre temps ils ont installé des rampes : le Lion a ainsi pu faire la visite sans trop galérer ni abuser des efforts sur sa jambe dument corsetée dans une jambière de compression… dés demain on se met en quête de bâtons de marche. On a croisé un Intersport et c’est jour de laverie automatique, donc on a du temps ! Hi hi hi !


Allez plus que 250...



C'était juste avant que le mollet ne rende l'âme.